Le Journal de Montreal - Weekend
À SHERBROOKE PENDANT LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
Àla
Toujours créative et imaginative, experte dans l’art de créer des ambiances et des dialogues réalistes où les émotions sont à fleur de peau, Louise TremblayD’Essiambre propose ce printemps une nouvelle série se déroulant en 1943 dans les Cantons-de-l’Est,
croisée des chemins. Connor Fitzgerald épouse Ophélie Vaillancourt. Tous deux souhaitent fonder une famille nombreuse. Sans surprise, c’est bien ce qui se produit. Mais la suite ne va pas nécessairement se dérouler comme un conte de fées, d’autant que les effets de la Seconde Guerre mondiale se font sentir.
Le couple s’est établi à Sherbrooke où Connor est mécanicien pour le CP. Ophélie, de son côté, ne chôme pas avec 13 enfants dans la maison, dont les deux plus jeunes sont encore des poupons.
Les jumeaux Marjolaine et Henry, qui, à 19 ans, sont les aînés de la famille, songent à la vie d’adulte qui les attend. Leurs frères et soeurs s’accommodent du mieux possible de leur vie quotidienne mouvementée.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale fait sentir ses effets au Québec, les trajectoires de certains d’entre eux vont bifurquer. En parallèle, la vie change à cause du contexte mondial : de plus en plus d’usines contribuent à l’effort de guerre. La vie quotidienne de chacun doit s’adapter à une nouvelle réalité et les obstacles à surmonter sont nombreux.
LES CANTONS-DE-L’EST
Louise Tremblay-d’Essiambre campe pour la première fois un roman dans les Cantons-de-l’Est, une région qu’elle connaît bien et qu’elle aime.
« C’est la première fois que j’en parle. J’ai peut-être fait des petits clins d’oeil à l’occasion… mais pas plus. Je voulais parler du milieu, je voulais parler des Irlandais, je voulais parler de ces années-là », dit-elle en entrevue.
Une confidence : son premier cavalier sérieux, avec qui elle a été pendant trois ans, venait de cette région.
« Je suis allée à Coaticook et Sherbrooke très régulièrement pendant une couple d’années. Le père de mon amoureux de l’époque était le fils d’une Irlandaise. »
Louise a adoré faire ses recherches sur le Québec pendant la guerre et a appris beaucoup de choses intéressantes.
« Le tome un se termine sur un événement particulier dont je n’avais jamais entendu parler. »
MÈRE AU BOUT DU ROULEAU
Écrivaine du monde des émotions et des aléas de la vie quotidienne, Louise Tremblay-D’Essiambre décrit la dynamique d’une famille de 13 enfants qui doit faire face au départ de la mère, qui n’en peut juste plus.
L’écrivaine est elle-même mère de neuf enfants.
« Moi, c’est neuf enfants voulus. C’est la différence entre Ophélie et moi. Les enfants lui ont été imposés. On verra que cette femme-là, qui était forte en gueule avec ses enfants, lançait finalement un appel au secours. »
« Connor l’aime, mais comme bien des hommes de l’époque, il ne sait pas comment le dire, il ne sait pas comment le montrer. Finalement, pour lui, sa grande fierté, c’est sa famille, ses enfants. Mais c’est un homme de son époque : “I’m the boss here !”. C’est lui qui décide. »
Ophélie a subi sa vie, ajoute l’autrice, a vécu un baby blues eta choisi de s’en aller.
« On sent, à un moment donné, qu’elle n’est plus capable de vivre ça. Elle a besoin de se dire à ellemême : je m’aime, moi. Avant d’être capable de dire qu’on aime les autres, il faut être bien avec soi-même. Treize enfants que tu ne veux pas tous, c’est pas évident. Elle voit son mari qui va à la taverne alors qu’elle est prise à la maison. » La famille va éclater.
« Ophélie vit dans un quatre et demi avec 13 enfants. C’est assez pour devenir fou. Et ce n’était pas nécessairement le grand amour entre les frères et soeurs. »