Le Journal de Montreal - Weekend
REFAIRE SA VIE À LAVAL DANS LES ANNÉES 1960
Inspirée par la vie de sa grand-mère, l’écrivaine France Lorrain décrit la vie quotidienne à Laval-des-Rapides dans les années 1960 dans sa nouvelle série, La Biscuiterie
Saint-Claude. Dans le premier tome, elle raconte la vie de Gabrielle, une femme dans la trentaine qui fuit un mari inadéquat et se réfugie temporairement chez sa mère avec ses trois filles. Tenant bon, elle espère trouver du travail et subvenir aux besoins de sa famille… et dénichera finalement son emploi dans une biscuiterie de la 7e Avenue.
La Biscuiterie Saint-Claude, qui offre une formidable sélection de biscuits, de bonbons et de crème glacée, fait le bonheur des enfants du quartier. Les paroissiens s’y rejoignent régulièrement pour jaser, comme au temps du magasin général. Les patrons de Gabrielle, Maria et Armando, font preuve de bienveillance.
Tout n’est pas rose pour Gabrielle. Son frère aîné, un « vieux garçon » qui habite toujours chez leur mère, n’est pas super enthousiaste de voir débarquer sa soeur et ses trois filles. Il préfère garder le nez dans ses livres de comptabilité et dans ses collections de timbres. Au fil des mois, il y a aura bien des remous dans la famille.
France Lorrain, en entrevue, confie s’être librement inspirée de la vie de sa grand-mère pour écrire cette nouvelle série qui se déroule dans le quartier de son enfance, à Laval.
SA GRAND-MAMAN GABI
« C’est vraiment mon livre le plus personnel », dit-elle en entrevue. « Ça a été assez touchant. Ma grand-mère est décédée. C’est dommage parce que j’aurais tellement aimé lui poser plein de questions. C’est après que ça a sorti. En jasant avec ma mère, j’ai appris plein de trucs. Ma grand-maman Gabi a quitté un mariage vraiment houleux, en pleine nuit, avec ses trois filles, en 1946. C’était son deuxième mari parce que le père de ma mère est mort quand il avait juste 28 ans. »
« Quand ma mère m’a raconté ça, elle me contait que grand-maman était toujours rêveuse et qu’avec sa propre mère, la relation était difficile. J’ai vraiment brodé autour de ça. Mon personnage, c’est Gabrielle, qui quitte un mariage difficile et s’en vient vivre chez sa mère… Mais plein de choses sont romancées. »
Le récit, ajoute-t-elle, est beaucoup axé sur les relations familiales, le trio formé de la mère et de ses deux enfants qui sont devenus adultes.
« Ma grand-mère était une rêveuse. Elle jouait du piano. Elle était avant-gardiste pour son temps. »
France Lorrain ajoute que son arrièregrand-mère est morte quand elle-même n’avait que cinq ou six ans.
« Je me rappelle clairement de sa froideur. Ma grand-mère était plus dans son imagination. Mon oncle était beaucoup plus terre-à-terre. »
SON QUARTIER D’ENFANCE
L’écrivaine a décidé d’aller explorer le territoire où elle a vécu.
« Je suis née à Laval-des-Rapides et j’ai vécu dans le quartier du parc SaintClaude – d’où le nom de la Biscuiterie Saint-Claude. J’habitais en avant de la piscine. En diagonale, il y avait la biscuiterie. J’ai décidé de tout reprendre ma vie de quartier : on avait beau être à Laval… ma vie tournait autour du parc Saint-Claude. »
Pour moi, ce fut un retour aux sources de faire revivre les rues de son enfance.
« J’ai mis le roman en
1965. Ma grand-mère a quitté son mari en
1946. J’ai fait un bond parce que je voulais aller un peu plus loin dans le temporel. J’ai vraiment jumelé mon quartier d’enfance.
J’ai fait de la compétition de natation longtemps et j’étais rêveuse. Toute mon adolescence, j’imaginais donc que j’aurais un chum parmi un des moniteurs ! »
■ France Lorrain a écrit les séries à succès La promesse des Gélinas
(plus de 80 000 exemplaires vendus), L’Anse-à-Lajoie et Sur la route du tabac.
■ Elle a été nommée « Choix des lecteurs – Mauricie/Centre-du-Québec », une initiative du Réseau des bibliothèques publiques de la région.
■ Elle habite à Terrebonne et son mari, illustrateur professionnel, crée les couvertures de ses romans.