Le Journal de Montreal - Weekend
Traquer un tueur en série
Prédateur. profilers La constance du
Considéré à juste titre comme un des maîtres du thriller français, l’écrivain Maxime Chattam plonge dans le département des sciences du comportement de la Gendarmerie, dans l’univers des et décrypte peu à peu l’âme d’un véritable monstre dans son roman
Campé dans un univers de mines abandonnées, ce suspense extrêmement sombre, anxiogène, réglé au quart de tour, examine la sinistre trajectoire d’un tueur en série qui sévit depuis très, très longtemps.
L’assassin a été surnommé Charon, le passeur de morts. Il a fait plusieurs victimes pendant 15 ans sans jamais se faire prendre. Les autorités n’en savent pas grand-chose, à part sa signature : une tête d’oiseau.
Ludivine Vancker, une policière aux nerfs d’acier, se lance sur les traces d’un psychopathe. Mais elle découvrira qu’il a encore une histoire à raconter…
Maxime Chattam, écrivain chevronné, méticuleux, intègre dans son roman la psychologie criminelle et les procédures policières qu’il connaît, puisqu’il a fait des études en criminologie. Depuis plusieurs années, il passe du temps avec des enquêteurs. Mais dans ce roman, il y avait beaucoup d’autres sujets à travailler et à préparer. « Il fallait me documenter sur le monde de la mine. Et le côté profiling, cette unité des sciences du comportement dont je parle dans le livre, existe vraiment. C’est une unité qui existe auprès de la gendarmerie, en France. Et qui s’est inspirée de ce qui existe au Québec et aux États-Unis. »
LE BON ÉQUILIBRE
Maxime Chattam a donc passé du temps avec eux, pour essayer de comprendre leurs méthodes et leur fonctionnement.
« C’est bien de vouloir créer des personnages de tueurs en série, mais après, il faut vraiment pouvoir se plonger dans leur tête. Et aussi dans la tête des enquêteurs pour savoir comment eux, ils font leur travail. C’est pas un travailleur d’enquêteur normal. Il fallait connaître tout ça et ç’a été un long travail de préparation. Une fois que j’avais le sentiment que je maîtrisais mon sujet, je me suis lancé dans l’écriture. »
Il cherchait un bon équilibre entre les faits et son histoire.
« Il faut trouver le bon compromis entre ce qui est nécessaire pour une bonne histoire, tout en restant réaliste dans l’écriture. »
« C’est important d’être réaliste dans le récit. C’est comme quand on écrit un roman fantastique. Ce roman-là, il n’est pas fantastique, il est même très réaliste, mais c’est le même principe. Il faut que les personnages soient très réalistes. Il faut que le décor soit plausible, parce que c’est comme ça qu’on va s’attacher aux personnages, qu’on va croire à l’histoire. Et parce qu’on y croit, on a peur, et on vit le livre avec eux. »
TRANSMETTRE LE MAL ?
Maxime Chattam, dans le roman, dépeint un prédateur qui sévit depuis longtemps. Peut-être même depuis des décennies. « Est-ce que le mal peut se transmettre, et si oui, de quelle manière ? Est-ce que le mal est contagieux par la pensée, par le sang, par le crime, par la violence ? » s’interroge-t-il.
« À force de me poser ces questions, je me suis dit, tiens, ça serait intéressant, un roman policier dans lequel le même tueur, en apparence, semble tuer depuis presque un siècle. Comment on va l’expliquer ? Qu’est-ce que ça raconte sur la notion du crime, du mal ? Finalement, est-ce que le crime peut être une sorte de doctrine ? »
Maxime Chattam montre les agissements du monstre en action.
« Il fallait, dans un premier temps, qu’il soit désincarné pour qu’on ne sache pas qui c’est, dans le roman. Que ce soit un passeur de morts. Ce qui m’intéressait, c’était de montrer, à travers un long passage, sa trajectoire. Comment il s’est construit, qui il est, d’où il vient. »
■ Maxime Chattam est auteur de nombreux best-sellers traduits dans le monde entier.
■ Il est considéré comme un des maîtres du thriller français.
■ On lui doit plusieurs cycles à succès, dont Autre-monde ,et des best-sellers remarquables comme La promesse des ténèbres et Le Signal.