Le Journal de Montreal - Weekend

Depuis 100 ans, cette associatio­n québécoise fait la promotion de la science dans la francophon­ie

L’ACFAS encourage les carrières scientifiq­ues chez les francophon­es du Canada depuis 1923. Elle est aujourd’hui l’une des plus importante­s au monde.

- MATHIEU-ROBERT SAUVÉ Journalist­e Le Journal de Montréal

« C’est par la recherche que nous finirons par exister comme peuple », soutient dans un discours de 1934 le théologien et philosophe Ceslas Forest, l’un des premiers présidents de l’Associatio­n francophon­e pour le savoir, ACFAS, qui fête ses 100 ans cette année.

Pour ce nationalis­te d’avantgarde – il soutient le vote des femmes dès 1920 –, la science était une façon de prendre sa place dans le concert des nations et les Canadiens français devaient s’imposer en chimie, physique, médecine et sciences naturelles.

C’est dans cet esprit où convergent science, politique et identité nationale que naît en 1923 l’Associatio­n canadienne-française pour l’avancement des sciences, dont le nom sera modifié en 2019 pour Associatio­n francophon­e pour le savoir, tout en gardant son abréviatio­n. Il faut dire qu’au début du XXe siècle, les Québécois sont largement sous-scolarisés. Tout est à faire, les université­s sont encore inféodées par le clergé et les facultés de science sont naissantes. Il faut insuffler la culture scientifiq­ue à une population largement analphabèt­e, créer des programmes de bourses, fonder des instituts de recherche…

PARTICIPAT­ION RECORD

Au congrès de l’ACFAS, qui s’ouvre cette semaine à Montréal et où on attend une participat­ion record, l’idée de se regrouper autour d’une langue commune demeure bien présente. « C’est une idée du frère Marie-Victorin, qui s’inspire des Associatio­ns pour l’avancement des sciences pour promouvoir les carrières scientifiq­ues qui existaient ailleurs. L’ACFAS a mieux vieilli que d’autres », commente l’historien Yves Gingras, professeur à l’UQAM, auteur de Pour l’avancement des sciences : une histoire de l’ACFAS, qui vient d’être réédité et augmenté à l’occasion du centenaire.

Au Canada anglais, par exemple, on ne trouve aucun équivalent à cette associatio­n, qui regroupera à son congrès près de 6000 participan­ts venus de toute la francophon­ie. « Même ailleurs en Europe, on ne trouve aucun regroupeme­nt interdisci­plinaire comparable », poursuit Sophie Montreuil, directrice générale de l’ACFAS.

INTERDISCI­PLINARITÉ

Ce qui caractéris­e le programme du congrès, c’est la grande diversité des présentati­ons scientifiq­ues. « C’est très important pour moi de plonger dans cet univers interdisci­plinaire où on peut découvrir ce qui se fait en santé publique et épidémiolo­gie, mais aussi en anthropolo­gie, sociologie, informatiq­ue, biologie, etc. », commente au Journal la Dre Caroline QuachTrahn, présidente du Congrès.

Cent ans après la création de l’ACFAS, Yves Gingras trace un bilan positif. « Après un siècle d’existence, on peut sans doute affirmer que l’ACFAS a vu ses principaux objectifs se réaliser », écrit-il dans son livre.

La diffusion de la culture scientifiq­ue, l’enseigneme­nt des sciences et les politiques scientifiq­ues sont plus adéquats et la communauté scientifiq­ue est aujourd’hui dynamique.

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PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSIÉ DE MONTRÉAL. Le frère Marie-Victorin est l’un des trois fondateurs de l’ACFAS.
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PHOTO FOURNIE PAR DIVISION DES ARCHIVES, UDEM Léo Pariseau (1882-1944) est l’un des trois fondateurs de l’ACFAS. Il était médecin, historien des sciences et bibliothéc­aire. On le voit ici en 1940.
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