Le Journal de Montreal - Weekend
PORTRAIT INTIME D’UN GÉANT
Avec plus de 120 films à son actif, le regretté acteur français Jean-Louis Trintignant demeure une légende du cinéma français, principalement pour son grand talent. Dans une nouvelle biographie, signé par le journaliste Laurent Del Bono, on y brosse le portrait intime d’un artiste timide, modeste et discret, qui entretient le mystère tout en étant un grand séducteur qui a aimé plusieurs femmes, dont Brigitte Bardot. Outre une vie couronnée de succès, on retient surtout l’image d’un homme meurtri par la mort de sa fille adorée, Marie Trintignant, assassinée par son conjoint.
Considéré comme l’un des acteurs français les plus prestigieux de son époque, Jean-Louis Trintignant, décédé l’année dernière des suites d’un cancer à l’âge de 91 ans, a connu une carrière phénoménale, principalement en tant qu’acteur de cinéma.
Né à Piolenc en France, Jean-Louis Trintignant n’a pas une enfance facile. Il grandit avec l’impression de n’être pas grand-chose. Il est timide, introverti et a dû mal à placer trois mots de suite.
C’est à l’âge de 19 ans, alors qu’il est étudiant à la faculté de droit d’Aix-en-Provence, que Jean-Louis Trintignant verra son destin se dessiner devant lui, alors qu’il assiste à une pièce de Molière, l’Avare. Pour lui, ce sera une révélation, souhaitant à tout prix devenir comédien. Il délaissera le droit pour se diriger vers les arts dramatiques. C’est après plusieurs formations qu’il vaincra sa timidité maladive.
Il décrochera des petits rôles sur les planches. Il aura notamment la chance de jouer dans la pièce Macbeth de Shakespeare.
Il deviendra un acteur célèbre internationalement lorsqu’il jouera aux côtés de Brigitte Bardot dans le film mythique Et Dieu… créa la femme, à l’âge de 26 ans. Il aura d’ailleurs une liaison avec BB.
Suivront une quantité importante de films qui confirmeront son talent d’acteur. Il connaît la gloire internationale notamment avec quelques films, dont Un homme et une femme, L’Homme qui ment, La femme de ma vie et Amour.
Sa carrière sera entrecoupée par son service militaire qui le marquera sur le plan psychologique.
Il deviendra finalement réalisateur plusieurs années plus tard, mais ses deux films seront des échecs sur le plan commercial.
UN PASSIONNÉ
On comprend à la lecture de sa biographie que derrière l’homme discret se trouve un homme passionné. Outre le théâtre et le cinéma, il y aura la course automobile. Trois de ses oncles lui ont transmis cette passion, mais celle-ci est accompagnée de son lot de malchance.
Son oncle, Louis Trintignant, se tue à l’âge de 30 ans lors des essais du Grand Prix de Picardie en 1933. Son oncle Henri, quant à lui, participera au Grand Prix automobile de France en 1936. Mais c’est son oncle Maurice qui aura la plus grande carrière, devenant le premier Français de l’histoire de la Formule 1 à gagner le Grand Prix de Monaco, en 1955, au volant d’une Ferrari. Jean-Louis se lancera à son tour sans connaître de grands succès. Il participera néanmoins à quelques reprises au rallye de Monte-Carlo, où il rencontrera Marianne Hoepfner, pilote de course, qui deviendra sa troisième épouse en 2000, après son divorce avec Nadine Trintignant.
LA MORT DE SA FILLE
Jean-Louis Trintignant a eu plusieurs partenaires amoureuses au cours de sa vie, dont trois mariages.
Sa première femme, l’actrice Stéphane Audran, a demandé le divorce après sa liaison avec Brigitte Bardot. Jean-Louis a également eu une grande histoire d’amour avec sa partenaire de jeu, Romy Schneider.
C’est toutefois avec sa deuxième épouse, Nadine, qu’il a eu trois enfants, Pauline, Marie et Vincent.
D’ailleurs, ce ne sont pas les ruptures amoureuses qui l’auront fait tant souffrir, mais bien la mort de Marie, sa fille, assassinée sauvagement par son conjoint, le chanteur Bertrand Cantat du groupe Noir Désir, en 2003. Il le dira lui-même : « c’est le grand drame qui a secoué ma vie ».
Déjà, l’acteur avait été bouleversé par la mort de sa fille, Pauline, décédée à l’âge de 10 mois en 1969.
Si au départ Jean-Louis Trintignant a réagi par le silence, il a par la suite exprimé de la culpabilité, estimant que s’il avait été là, la tragédie ne se serait pas produite. Il a même dit que l’idée d’aller tuer l’assassin de sa fille lui avait traversé l’esprit, lui qui a été libéré de prison après seulement quatre ans.
Jean-Louis annoncera en 2017 être atteint d’un cancer de la prostate. Il refusera systématiquement tous les traitements. De plus, atteint du diabète, il devient peu à peu aveugle et décédera chez lui en France en juin 2022.
■ Laurent Del Bono est journaliste indépendant en France et collabore au magazine Gala.
■ Il a déjà signé la biographie
Véronique Sanson, l’ultra sensible.