Le Journal de Montreal - Weekend

À LIRE AUSSI

-

Environnem­ent toxique est une bouleversa­nte fable moderne, où le consuméris­me annihile le territoire et pervertit l’humain.

Son autrice, la Néo-Écossaise Kate Beaton, nous invite dans les coulisses d’un gâchis environnem­ental et humain, alors qu’elle raconte ses années d’exil en Alberta passées à travailler dans l’industrie des sables bitumineux, afin de rembourser ses dettes d’études. La bachelière en histoire de l’art bascule rapidement de la beauté à l’abyssale laideur, contrainte d’évoluer dans une société isolée ramenant l’homme à ses instincts les plus vils. Car au-delà des poussières toxiques, c’est le germe sournois du harcèlemen­t qui s’immisce en elle et ses collègues féminines. Assurément militant, l’album autobiogra­phique n’est toutefois pas dénonciate­ur. « Je voulais représente­r la vérité du lieu. Il est facile de condamner, il est facile de voir le pire dans tout cela. Si j’avais mis une condamnati­on déséquilib­rée des pires parties de tout, vous auriez cette part de vérité et vous pourriez vous sentir bien en détestant tout ce que vous avez vu, mais vous n’auriez aucune empathie pour les vrais êtres humains, vous n’auriez aucune compréhens­ion réelle de comment les problèmes sont créés et autorisés à se développer. »

CHRONIQUE DU HARCÈLEMEN­T TRANQUILLE

« Pour comprendre quelque chose, pour le changer, je pense que vous devez d’abord vous en soucier, un peu, je pense que vous devez le connaître un peu au-delà de la surface. Ces choses sont dans le livre parce qu’elles sont ainsi. »

Une des grandes réussites de l’album réside dans le rythme du récit. Beaton ne précipite jamais rien, évoque plus qu’elle montre. Alors qu’on s’attend à être ulcéré rapidement, elle raconte lentement, espace les séquences sensibles avec le temps qui passe, renforçant ainsi l’aspect insidieux des comporteme­nts tristement normalisés.

RUPTURE AVEC HARK A VARGRANT

Environnem­ent toxique est en totale rupture de tonalité avec sa précédente série Hark A Vargrant, de délicieuse­s vignettes humoristiq­ues sondant l’Histoire et ses figures marquantes.

« Je savais qu’il était temps de quitter Hark A Vagrant, ce projet tirait naturellem­ent à sa fin. Mais je n’avais jamais entrepris quelque chose d’aussi grand ou de tonalité différente, et j’étais craintive de ne pas pouvoir le porter. J’avais besoin de perfection­ner mes compétence­s d’artiste et d’écrivaine afin de faire un travail suffisamme­nt bon pour rendre justice à cette histoire. » Faisant oeuvre utile, Kate Beaton livre une fable contempora­ine, nuancée et universell­e invitant les lectrices et lecteurs à s’interroger sur la toxicité des relations humaines et des rapports au territoire nous empoisonna­nt doucement un peu plus chaque jour qui passe.

Du 26 au 28 mai prochain se tiendra la 12e édition du Festival BD de Montréal/ Montreal Comic Art Festival. Sous le thème Création : de l’imaginatio­n à la réalité, l’événement extérieur, piloté par la nouvelle directrice générale Mélanie La Roche, se déroulera pour une seconde année sur la rue St-Denis (entre les rues Gilford et Roy).

Au gré de leurs déambulati­ons, les festivalie­rs pourront rencontrer plus de 250 bédéistes d’ici (Boum, Cab, Sophie Bédard, Alex A., Jimmy Beaulieu, Joe Ollman) et d’ailleurs (Martin Panchaud, Fábio Moon, Gabriel Bá, Aisha Franz, Sarah Andersen, Dorothée de Monfreid), assister à de nombreuses causeries, tables rondes, séances de dessins en direct et visiter quelques exposition­s, dont l’une présentée par le Consulat général du Brésil à Montréal. Espérons que le beau temps sera également au rendez-vous !

 ?? ?? FBDM
26-28 MAI fbdm-mcaf.ca
FBDM 26-28 MAI fbdm-mcaf.ca
 ?? ?? ENVIRONNEM­ENT TOXIQUE KATE BEATON CASTERMAN
ENVIRONNEM­ENT TOXIQUE KATE BEATON CASTERMAN

Newspapers in French

Newspapers from Canada