Le Journal de Montreal - Weekend

LES 10 FILMS MARQUANTS DE SA CARRIÈRE

- MAXIME DEMERS

Plus d’une soixantain­e d’années se sont déjà écoulées depuis que Denys Arcand a commencé à écrire son importante oeuvre cinématogr­aphique en 1962 en coréalisan­t, avec Denis Héroux et Stéphane Venne, le film étudiant Seul ou avec d’autres. Pour souligner la sortie de son nouveau long métrage, Testament, le réalisateu­r oscarisé en 2004 avec Les Invasions barbares a accepté de revenir sur une dizaine de films qui ont marqué sa carrière.

ON EST AU COTON (1970)

« Ce documentai­re m’a permis de découvrir ce que c’est que la vie en usine. Si on n’est jamais entré dans une usine, on ne sait pas ce que c’est. Je viens d’une famille de marins donc je n’avais aucune idée de ce qu’était la condition ouvrière. Je me suis dit qu’il fallait que je découvre cela pour savoir quoi en penser et c’est ce que j’ai fait. Je suis allé filmer dans les usines [de textile] et c’est quelque chose que je garde encore en moi. »

RÉJEANNE PADOVANI (1973)

« Ce qui est fascinant dans ma carrière, c’est que tout est un enchaîneme­nt de choses. Après avoir fait On est au coton, j’ai couvert une campagne électorale pour le tournage du documentai­re Québec : Duplessis et après… C’est là que je me suis rendu compte qu’il y avait des liens très étroits entre la pègre et certains partis politiques. C’est quelque chose que je n’aurais pas pu filmer dans un documentai­re alors je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse un film de fiction à partir de ce que j’ai observé à ce moment-là. Ç’a donné Réjeanne Padovani .»

GINA (1975)

« Gina, c’est en quelque sorte la suite de On est au coton. Quand on a tourné On est au coton, on a passé deux années à habiter dans des motels et à cette époque-là, il y avait des danseuses itinérante­s qui restaient juste une semaine à une place parce qu’après quelques jours, tous les clients l’avaient vue ! On s’était liés d’amitié avec une danseuse qui était là. C’était une beauté mystérieus­e avec ses costumes. Elle a été l’inspiratio­n pour Gina .»

LE DÉCLIN DE L’EMPIRE AMÉRICAIN (1986)

« Le déclin, c’est très particulie­r parce que ça faisait 12 ans que je n’avais pas tourné de film de fiction. Entre Gina et Le déclin, j’ai fait la série télé Duplessis qui a bien marché et des documentai­res comme Le confort et l’indifféren­ce. Le déclin, je le dois à Roger [Frappier, son producteur à l’époque]. C’est lui qui m’a dit : il faut que tu refasses un film de fiction. »

JÉSUS DE MONTRÉAL (1989)

« Jésus de Montréal, c’est le seul moment de ma carrière où j’ai écrit un rôle spécifique­ment pour un acteur. Parce que personne n’aurait pu jouer le personnage principal de ce film-là, une espèce d’être éthéré, asexué et en même temps sympathiqu­e, comme Lothaire Bluteau. Je lui avais proposé le rôle avant de commencer à écrire le scénario parce que je ne pouvais pas imaginer de faire le film avec un autre acteur. »

STARDOM (2000)

« C’est une offre que j’ai reçue de Toronto, du producteur Robert Lantos, qui m’a proposé de faire un film en anglais pour le Canada anglais. C’est un film dont le propos est encore très actuel aujourd’hui. »

LES INVASIONS BARBARES (2003)

« J’avais déjà eu l’idée de faire un film sur un homme qui allait mourir du cancer, mais le sujet n’avait pas convaincu Roger [Frappier], qui était mon producteur à l’époque. Il trouvait ça trop déprimant. Mais là, quelques années plus tard, j’ai eu un flash en me disant : si c’était les personnage­s du Déclin de l’empire américain, là, ça marcherait ! Parce que, eux, ils n’étaient pas déprimants. Leur idée de la mort, c’est qu’on boit du champagne et qu’on demande à Marie-Josée Croze de nous faire une dernière piqûre ! [rires]. C’est la combinaiso­n des deux sujets qui a fait que ç’a marché. On a même gagné un Oscar, un moment qui reste pour moi un souvenir très heureux. »

L’ÂGE DES TÉNÈBRES (2007)

« Les films ont toutes sortes de destins différents. Il y a des films qui deviennent tout de suite immensémen­t populaires. Et il y en a d’autres qui sortent un peu plus dans l’indifféren­ce jusqu’à ce que, tout d’un coup, des gens se rappellent certaines choses. C’est ce qui est arrivé avec L’âge des ténèbres. Plusieurs années après sa sortie, quelqu’un s’est souvenu d’une séquence du film dans laquelle on découvrait qu’on pouvait plus prononcer certains mots au Québec, dont le mot en “n”. Ce débat est arrivé dans l’actualité 10 ans après que j’ai écrit ce film. Je ne sais pas comment j’ai eu cette idée-là. C’était vraiment génial [rires]. »

LE RÈGNE DE LA BEAUTÉ (2014)

« C’est un film qui a été moins aimé, et moins bien reçu, mais que certains adorent. C’est un film qui parle de la beauté de l’architectu­re et des maisons de Pierre Thibault. J’ai adoré faire un film là-dessus, mais aussi travailler avec une autre génération d’acteurs. Mais parfois, on est victime de ses propres succès. C’est un film qui est un peu plus muet que mes autres films et où les gens ne parlent pas. Au moment de la sortie du film, j’ai lu une critique dans un journal qui disait : mais où sont les dialogues brillants de Denys Arcand ? Ce à quoi j’ai envie de répondre : mais est-ce que je pourrais pour une fois ne pas en mettre ? »

LA CHUTE DE L’EMPIRE AMÉRICAIN (2018)

« C’est un retour au film policier, un genre que j’ai souvent abordé au début de ma carrière. C’est un film que j’ai eu beaucoup de plaisir à tourner. »

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ??
PHOTO MARTIN ALARIE

Newspapers in French

Newspapers from Canada