Le Journal de Montreal - Weekend

FAIRE ENQUÊTE UN TRAIT À LA FOIS

Cinq questions à André Gulluni, auteur de Portrait-Robot

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

André Gulluni a été concepteur, rédacteur, recherchis­te et script-éditeur. Puis, il s’est joint à des groupes d’auteurs écrivant pour des séries web, des fictions. Il a coscénaris­é les films Roche Papier Ciseaux, Origami et Sam. Pendant ces années, il cumulait dans sa tête les enquêtes. Un trait à la fois, il en prenait note, nourrissai­t ses personnage­s. Jusqu’à ce que Sophie Lorain et Alexis Durand-Brault lui fassent confiance, lui permettent de donner vie à Portrait-robot. Celui qui a coécrit le prochain projet de Yan England, Rematch (pour ARTE et HBO), replonge pour nous dans l’univers d’Eve, Maryse, Bernard et Anto qui l’a habité si longtemps et dont nous découvrons la 2e saison.

En créant la série, c’était plutôt audacieux de donner un côté mystique au personnage d’Eve Garance.

Je suis un geek, un fan de superhéros. Pour moi, c’était naturel. Je voyais mes personnage­s un peu comme les 4 Fantastiqu­es. C’est quelqu’un qui fait des portraits-robots, mais je me suis demandé ce qu’elle pouvait faire de plus. Les gens, elle les décode. Elle a un pouvoir de sorcière.

Quand on écrit du polar, est-ce qu’on lit les nouvelles autrement ou est-ce qu’on se met à analyser les gens ? As-tu des post-its un peu partout dans ton bureau ?

Pour Portrait-robot, je ne peux pas dire que j’ai lu plus assidûment les nouvelles. Ça fait 20 ans que je porte cette histoire. J’écoute beaucoup de balados, je regarde des séries, je m’abreuve d’idées. L’Intelligen­ce artificiel­le, tout le monde en parle en ce moment, mais en 2019, quand l’idée m’est venue, personne n’en parlait. Je dois porter quelque chose de sombre qui n’a rien à voir avec moi qui ai une vie tranquille avec trois enfants. J’ai commencé le 1er épisode d’instinct et tout le reste a déboulé. À chaque épisode, je me peinture un peu dans un coin et j’essaie de m’en sortir. Je connais la finale puis je construis à rebours.

Il est question d’éthique dans la série. D’équilibre et de santé mentale des personnage­s aussi.

Ces gens-là sont intelligen­ts. On joue sur la méfiance. Il n’y a pas que des méchants. Il y a des humains qui font des erreurs. Bernard commet des erreurs en faisant sa propre justice. On est tous gris. La seule vraie bonne personne, c’est Maryse. C’est la seule qui est complèteme­nt droite et juste. Quant à la santé mentale, c’est un sujet qui me touche beaucoup. Pour Ève, ça s’est présenté rapidement. Elle a des pouvoirs, mais il y a quelque chose dans sa tête qui est détraquée. Elle prend du mieux. Elle est plus assidue dans sa prise de médicament­s. Anto est pris de panique depuis qu’il a tiré quelqu’un. Dans les métiers policiers, il y a un stress immense. Le fait que Molosse va voir un psy n’est pas anodin. Il le dit : il n’a jamais dit « je t’aime » à personne.

Est-ce que les différente­s enquêtes demandent beaucoup de recherche ? Exigent de faire appel à de nombreux spécialist­es ?

Je fais l’essentiel de ma recherche seul. C’est assez facile d’appeler des spécialist­es pour leur demander conseil.

Il y a des détails à valider. Les gens sont ouverts à répondre aux questions. Par exemple, dans la première saison, quand on comprend que James est parti avec son fils, c’était important de justifier comment il avait pu prendre l’avion sans le consenteme­nt de sa mère. Il vient d’une famille riche.

En parlant avec quelqu’un d’une compagnie d’avion privée, j’ai su que c’était possible. Dans les scénarios, je joins toujours les liens de mes recherches. Tout le monde y a accès. Dans la saison 2, quand il est question de hacking, je tenais à ce que tout soit vrai même ce qui semble particulie­r. Y’a rien de pire que quand tu sens qu’on te bullshite.

On sait que la 3e saison vient d’être tournée. Qu’est-ce qui guette les personnage­s d’ici là ?

Anto a un chum. Ève va tenter de renouer avec son fils. La relation entre Bernard et Maryse va connaître beaucoup de remous. Et il y a Elektra qui s’ajoute comme membre à part entière dans l’équipe. Plusieurs intrigues seront liées à son personnage. Le hacking ,la médecine illégale, le vedettaria­t. Ça va mener à d’autres sortes d’enquêtes. On n’est pas juste dans les kidnapping­s d’ados. Je pense qu’on n’a jamais vu ce genre d’enquête là.

Portrait-robot Mardi 21 h à TVA

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Adrien Belugou, Rachel Graton, Sophie Lorain et Rémy Girard (de gauche à droite) dans une scène de Portrait-robot.
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