Le Journal de Montreal - Weekend
Des Canadiens impliqués dans l’attentat d’Air India en 1985
Le 23 juin 1985, une bombe placée à bord d’un Boeing d’Air India qui a décollé de Montréal explose au large de l’Irlande. Les 329 personnes à bord – près de 100 enfants et 268 Canadiens – perdent la vie dans la pire attaque terroriste de l’histoire du Canada, la plus meurtrière au monde jusqu’aux attentats du 11 septembre 2001. Une seconde bombe placée à bord d’un autre vol d’Air India au départ du Canada saute au sol à l’aéroport de Tokyo, tuant deux bagagistes.
Les terroristes sikhs voulaient venger l’opération du Temple d’Or de 1984, alors que la première ministre indienne Indira Gandhi avait donné l’ordre à l’armée indienne d’y déloger des indépendantistes sikhs qui s’y étaient retranchés. Situé à Amritsar, au Pendjab, c’est l’édifice le plus sacré des sikhs. L’opération fait des centaines de morts parmi les pèlerins. Indira Gandhi sera assassinée quatre mois plus tard par deux de ses gardes du corps sikhs.
ACQUITTÉS APRÈS 18 ANS D’ENQUÊTE
Le sikh canadien Inderjit Singh Reyat, qui a assemblé les bombes, a plaidé coupable en 2003. Condamné à 15 ans de prison, il a été libéré en 2017.
Ses deux complices Ripudaman Singh Malik et Ajaib Singh Bagri ont tous deux été acquittés malgré l’enquête de près de 20 ans de la GRC, la plus coûteuse de l’histoire du Canada (près de 130 millions de dollars).
En 2006, le premier ministre Stephen Harper a nommé l’ancien juge de la Cour suprême John Major pour enquêter sur cette affaire.
Son rapport, publié en 2010, concluait qu’une « série d’erreurs en cascade » de la part du gouvernement du Canada, de la Gendarmerie royale du Canada et du Service canadien du renseignement de sécurité avait permis que l’attaque terroriste ait lieu ». Incroyablement, un témoin important dans le procès a même été assassiné, alors qu’il était sous la protection de la GRC !
Le juge affirmait dans son rapport de 2010 que rien n’avait changé dans la façon dont la GRC et le SCRS collaborent dans leurs enquêtes sur le terrorisme et que les mêmes erreurs pourraient se reproduire.
Serait-ce toujours le cas aujourd’hui, pour ce qui est de l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar, le militant sikh assassiné en juin en Colombie-Britannique ? Nijjar avait été averti à plusieurs reprises des menaces contre lui et avait été conseillé d’éviter le temple sikh en face duquel il a été tué.
Ça semble indiquer qu’il était sous surveillance. Si oui, comment se fait-il qu’on n’ait pas arrêté immédiatement les coupables ? Trudeau accuse l’Inde d’être responsable du meurtre sans dire sur quoi il se base pour ne pas nuire à l’enquête. Un autre sikh, Sukhdool Singh Gill, recherché en Inde pour meurtre, vient d’être assassiné à Winnipeg.
Des conflits internes divisent les indépendantistes sikhs.
Mais le cas de Ripudaman Singh Malik, tué par balle à Vancouver en 2022, est d’un intérêt particulier.
Malik a été acquitté en 2005 d’avoir participé à l’attentat contre le vol d’Air India. Deux hommes ont été accusés du meurtre quelques jours après l’assassinat. L’enquête préliminaire s’éternise et le dossier est frappé d’un interdit de publication.