Le Journal de Montreal - Weekend

VOICI LA TRISTE HISTOIRE de six enfants qui perdent leur mère

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Écrivain talentueux, Jean-François Beauchemin explore l’impact de la perte d’une mère sur le noyau familial dans son nouveau roman, Le vent léger. À l’automne de l’année 1971, une famille composée de six enfants énergiques et pleins d’imaginatio­n et de leurs parents vit une existence paisible et insouciant­e à la campagne. La maladie et le décès de la mère, emportée par le cancer, viennent tout bouleverse­r. La tragédie rappelle que la vie passe, jour après jour. Et que les événements du quotidien viennent s’enchevêtre­r avec d’autres, qui marquent finalement toute une époque. Et plusieurs vies.

D’emblée, Jean-François Beauchemin explique, en entrevue, que Le vent léger n’est pas une histoire autobiogra­phique. Il avait déjà parlé de la mort de sa mère dans un ouvrage précédent, Cette année s’envole ma jeunesse.

« Le vent léger, c’est pas quelque chose qui m’est arrivé personnell­ement. S’il y a un aspect autobiogra­phique à ce petit livre-là, c’est peut-être le fait qu’on assiste au parcours de six enfants. C’est vrai que chez nous, on était six enfants : il y avait une fille et cinq garçons. Mon père, c’est vrai, chantait dans la chorale. Il y a ces aspects autobiogra­phiques dans ce livre, mais ça s’arrête là. »

On sent, dans Le vent léger ,une intense connexion à la nature, des liens forts avec les autres.

« La présence de la nature, des animaux, de la campagne, c’est une constante dans mon oeuvre, depuis près de 25 ans. La nature est presque un personnage. Pour moi, la campagne, la vie naturelle, ça a toujours été un sujet très inspirant.

« C’est une matière qui est très riche à mes yeux et qui n’est pas encore épuisée. La preuve, c’est que je continue, au bout de 25 ans, à parler de ça dans mes livres. J’espère ne pas trop me répéter d’un livre à l’autre, mais ça revient très souvent. Comme si c’était un personnage qui était un petit peu en retrait, et qui observe les personnage­s de chair vivre. »

HISTOIRE ÉMOUVANTE

Dans Le vent léger, Jean-François Beauchemin voulait simplement raconter une histoire émouvante, avec « quelque chose qui élève un peu l’âme, sans avoir la prétention d’enseigner quoi que ce soit », partage-t-il.

En vieillissa­nt, il se dit porté à raconter des histoires qui parlent au coeur.

« Je ne sais pas pourquoi. En vieillissa­nt, c’est plus ça qui m’attire dans l’écriture, dans mon travail, dans mon métier. Et cette fois, je voulais raconter une histoire qui touche les gens.

« Je voulais que les gens retiennent que c’est une histoire où il y a des sentiments humains qui sont en jeu, qui sont en scène, et qui sont vécus, surtout. Profondéme­nt. Avec beaucoup d’authentici­té, de sincérité et de profondeur. »

CHOISIR LA BEAUTÉ

Fait étonnant, ce livre où il y a beaucoup de douceur, de compassion, où des personnage­s lumineux transcende­nt des épreuves, a été écrit dans une période où l’auteur a lui-même traversé des épreuves profession­nelles. Il a choisi de prendre les émotions négatives et d’en faire quelque chose de beau.

« J’essaie toujours de faire des livres transcenda­nts, cela dit sans aucune prétention. Dans ma vie de tous les jours, j’essaie de faire ça. J’essaie de m’élever au-dessus de la mêlée et de ne pas me laisser emporter par la médiocrité ambiante. C’est plein de gens médiocres et de situations poches. Mais je me concentre sur les gens qui ont de la valeur et sur les situations qui sont potentiell­ement belles.

« Je choisis de voir la beauté plutôt que la laideur. C’est un effort quotidien auquel je me soumets et forcément, ça transparaî­t dans mes livres. »

■ Jean-François Beauchemin est écrivain depuis près de 25 ans.

■ Il est l’auteur, notamment, du Jour des corneilles (prix France-Québec 2005) et de La Fabricatio­n de l’aube (Prix des libraires 2007).

■ Il a récemment publié Trois ans sur un banc, Le Roitelet et Sale temps pour les émotifs.

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