Le Journal de Montreal - Weekend

VOICI CINQ ROMANS TROUBLANTS QUI RACONTENT DES FÉMINICIDE­S

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale Tous les romans ici réunis parlent de féminicide. Et tous sont troublants, poignants.

Ceci n’est pas un fait divers

Philippe Besson, aux Éditions Julliard, 210 pages

De plus en plus souvent on entend parler de femmes qui ont été assassinée­s par l’homme avec lequel elles partageaie­nt leur vie. Un homme censé les aimer et les protéger, mais qui, pour toutes sortes de mauvaises raisons, finit par se retourner contre elles. S’inspirant de faits réels, l’écrivain français Philippe Besson relate avec maestria le calvaire d’une soeur et d’un frère dont la mère vient d’être massacrée à coups de couteau par nul autre que leur propre père. Un récit extrêmemen­t bien fait qui dévoile petit à petit comment et pourquoi une telle tragédie a pu se produire. Littéralem­ent bouleversa­nt.

L’épaisseur d’un cheveu

Claire Berest, aux Éditions Albin Michel, 240 pages

Ce roman fait partie des titres de la rentrée européenne qui étaient très attendus. Notamment parce que dès la première page, on saura qu’un certain Étienne Lechevalli­er va être amené à tuer son épouse Vive. Et ce, même s’il n’a pas du tout le profil du mari bourru qui a l’habitude de battre sa femme pour un oui ou pour non. Correcteur dans une maison d’édition, il est plutôt du genre discret. Mais en revenant trois jours avant la nuit du drame, on pourra le côtoyer de près et apprendre à le connaître, à découvrir ses angoisses et les pensées souvent étranges qui s’agitent dans sa tête. Là encore, une lecture qui ne peut laisser absolument personne indifféren­t.

Celles qu’on tue

Patrícia Melo, aux Éditions Buchet-Chastel, 336 pages

Originaire de São Paulo, la narratrice est avocate dans un cabinet dont la principale actionnair­e prépare un livre sur les féminicide­s. Car là-bas, au Brésil, ils sont si nombreux qu’on peut carrément parler de « massacre autorisé des femmes ». Qu’ils aient été commis par des maris, des ex-petits amis ou même des pères, ces meurtres sont en effet très rarement résolus ou punis. Et dans l’Acre, une région du nord à moitié couverte par la forêt amazonienn­e, c’est encore pire qu’ailleurs. Comme si faire souffrir les femmes et les tuer y était devenu une sorte de passe-temps. Envoyée sur place pour suivre le procès des assassins d’une jeune indigène de 14 ans, la narratrice nous plonge dans cet enfer de façon si intense et brillante que ce roman coup de poing sera aussi un coup de coeur pour bien des lecteurs.

Memorial Drive

Natasha Trethewey, aux Éditions Points, 216 pages

Poétesse reconnue aux États-Unis, Natasha Trethewey a ici choisi de raconter l’histoire de sa mère Gwendolyn Turnbough, qui a été assassinée d’une balle dans la tête le 5 juin 1985, à l’âge de 40 ans. Le meurtrier ? Joel Grimmette dit « Big Joe », son second mari. En fait, second ex-mari serait plus exact parce que Gwendolyn venait enfin de quitter ce vétéran du Vietnam dans la tête duquel les choses ne tournaient pas toujours très rond. Remontant le fil de ses souvenirs, Natasha Trethewey revient sur son enfance dans le Mississipp­i, sur la présence du Ku Klux Klan, sur le départ de la famille à Atlanta, sur l’arrivée de Big Joe et sur tous les espoirs que sa mère avait placés en lui.

Un livre désarmant qui a remporté énormément de succès au tournant des années 2020.

Au nom de nos soeurs

Cristina Alger, aux Éditions Albin Michel, 272 pages

Chose sûre, ce ne sont pas les cadavres de femmes qui manquent dans les thrillers ! Alors si on a tenu à parler de celui-ci en particulie­r, ce n’est pas seulement parce qu’il s’inscrit dans la liste des nouveautés. C’est aussi parce que son héroïne, Nell Flynn, n’a pas eu la chance de connaître sa mère très longtemps, cette dernière ayant été assassinée l’année de ses 7 ans.

Au reste, on fera sa connaissan­ce une vingtaine d’années plus tard dans des circonstan­ces guère plus joyeuses : son père, qui était inspecteur de police à Long Island, vient de mourir. Et les obsèques à peine terminées, l’un de ses anciens collègues flics viendra trouver Nell pour réclamer son aide. Travaillan­t pour le FBI, peutêtre parviendra-t-elle à identifier l’auteur des meurtres de deux jeunes femmes qui ont eu lieu dans le coin ? Un roman qu’on a bien aimé, et que l’écrivain américain Harlan Coben a adoré.

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