Le Journal de Montreal - Weekend
L’INCROYABLE PARCOURS DES PAPILLONS MONARQUES
La
En préparant la production de
légende du papillon, film d’animation familial relatant les aventures d’une nuée de monarques migrant vers le Mexique, la réalisatrice Sophie Roy est tombée en bas de sa chaise en découvrant que le monde des papillons n’avait encore jamais été exploré dans un long métrage du genre, pas même à Hollywood.
« Je n’en revenais pas de voir que ça n’avait jamais été fait avant, lance la réalisatrice en entrevue au Journal.
« Pourtant, des papillons, il y en a partout dans le monde. En faisant mes recherches, j’ai vu des films [d’animation] avec des papillons comme personnages secondaires ou tertiaires, mais jamais comme personnages principaux. Je suis donc choyée d’être la première à réaliser un film d’animation avec des papillons ! »
La légende du papillon raconte l’histoire de Patrick, un courageux papillon qui rêve de faire le grand voyage de la migration des papillons monarques,
même s’il ne peut pas voler à cause d’une aile plus petite. N’écoutant pas les consignes de sa mère, il décidera de faire quand même le périple avec l’aide de son ami Martin, une chenille qui brûle d’impatience de devenir papillon, et de Geneviève, un papillon qui a peur des hauteurs.
DES AILES « ICONIQUES »
Pour concevoir l’univers de La légende du papillon, la productrice Marie-Claude Beauchamp, la réalisatrice Sophie Roy et les scénaristes Heidi Foss et Lienne Sawatsky ont passé beaucoup de temps à étudier les papillons monarques. Elles se sont vite rendu compte qu’elles devaient se permettre quelques libertés dans la représentation des papillons, notamment au niveau des couleurs.
« On a décidé de ne pas représenter le corps des monarques en noir et blanc comme il l’est dans la vraie vie parce que ça aurait été très difficile à faire techniquement, mais aussi parce qu’on voulait créer un monde plus diversifié, explique Sophie Roy.
« On voulait jouer dans les palettes de couleurs, avec du mauve et du rose. Ça nous permettait aussi de différencier les personnages les uns des autres. Par contre, c’était très important pour moi qu’on ne modifie pas l’apparence des ailes. Parce que les ailes des monarques, c’est ça qu’on reconnaît en premier. Elles sont iconiques ! »
Recréer à l’écran les ailes des monarques a d’ailleurs représenté un immense défi pour l’équipe d’animateurs (environ 150 personnes) qui ont travaillé sur le film pendant trois ans, dans des studios montréalais.
« Il y a une raison pour laquelle il n’y avait pas encore eu de film d’animation sur l’univers des papillons, lance en riant la productrice Marie-Claude Beauchamp (La guerre des tuques 3D).
« C’est parce que c’est très exigeant au niveau de l’animation. Quand on crée un personnage d’animal en animation, on a généralement quatre pattes et un corps. Mais là, pour nos papillons, c’était plus complexe parce qu’on devait ajouter deux ailes et deux antennes. Il y avait toutes sortes de défis à relever sur le plan technologique, et ce, sans avoir les budgets des grands studios hollywoodiens. »
UN VOYAGE DE 5000 KM
Il est parfaitement logique que le premier film d’animation se déroulant dans l’univers des papillons soit une production 100 % québécoise. Parce que ce sont les monarques qui voyagent chaque automne du Québec au Mexique qui effectuent le plus long parcours migratoire.
« Ce qui est fascinant, c’est que ça prend quatre générations de papillons pour faire le voyage du Mexique au Québec. Mais le papillon qui part du Québec pour parcourir les 5000 km jusqu’au Mexique, lui, il fait tout le voyage. C’est donc notre papillon qui est le super monarque », s’amuse à dire Sophie Roy.
La réalisatrice a aussi étudié avec soin le parcours effectué par les monarques : « Au début de la production, j’ai fait une recherche Google Map pour voir à quoi ressemblait le parcours entre le Québec et le Mexique. Tous les décors qu’on voit dans le film sont donc basés sur de vrais lieux. Quand on entre par exemple dans le Grand Canyon, c’est inspiré d’un canyon qui s’appelle Palo Duro. Et quand on arrive au Mexique c’est évidemment Michoacán [l’habitat hivernal du papillon monarque] ».
■ La légende du papillon prend l’affiche le 13 octobre. Antoine Desrochers, Catherine Brunet, Sophie Cadieux et Julie Le Breton prêtent notamment leur voix aux personnages du film.