Le Journal de Montreal - Weekend
LA VRAIE LUMIÈRE
Faut-il affronter les nuits les plus noires et l’obscurité la plus profonde pour trouver sa vraie lumière? Valentin Musso, un écrivain brillant et généreux qui a franchi le cap du million de lecteurs récemment, explore cette grande question, de même que le thème de la paranoïa, dans son nouveau roman. Suspense psychologique intense, Dans mon obscurité explore la notion de harcèlement, l’impact des menaces qui planent et comment les menaces peuvent être perçues et vécues par une personne non voyante.
Dans ce nouveau roman complexe, aux nombreux rebondissements, trois femmes sont unies par un lien invisible. Ludivine a 17 ans. Elle fréquente le lycée et tombe amoureuse pour la première fois de sa vie… d’un garçon qui n’est peutêtre pas le bon.
Femme solitaire ayant affronté bien des épreuves, Emma a 24 ans. Elle est correctrice et mène une vie bien simple et bien réglée. Un jour, des événements terribles surviennent et la plongent dans la terreur. Elle a le sentiment que quelqu’un la surveille, l’épie, l’espionne… et pense devenir folle.
Zora, femme curieuse et intelligente de 34 ans, travaille à l’unité des affaires non résolues de la Brigade criminelle de Paris. Sans aviser ses supérieurs, elle décide d’ouvrir un vieux dossier de disparition. Ses recherches vont la conduire dans sa ville natale et ce qu’elle découvrira n’est pas de tout repos.
LA PARANOÏA
Valentin Musso explore différentes facettes de la solitude, de l’oppression et des peurs dans ce roman. « Mon précédent roman était né de la pandémie. Il y avait cette idée d’enfermement avec un homme qui se réveillait dans un hôtel de luxe et ne savait pas du tout où il était. Mais dans ce roman, c’est vraiment le thème de la paranoïa », explique-t-il en entrevue.
Il avait commencé l’écriture du roman il y a déjà plusieurs années. « J’avais déjà ce personnage d’Emma, aveugle, qui vit dans son appartement et se sent harcelée.
Les deux thèmes de la solitude et de la paranoïa se sont imposés en premier. J’avais laissé le roman un peu de côté et j’ai repris l’histoire l’an dernier quand j’ai eu l’idée des deux autres personnages, Ludivine et Zora. Ça m’a permis de reprendre l’histoire et arriver à trouver une construction originale. »
La solitude et la paranoïa sont deux thèmes qui l’intéressaient, à cause de leur potentiel narratif. « Je voulais partir sur un personnage dont on ne sait pas s’il est paranoïaque ou s’il est vraiment harcelé, épié par quelqu’un. Cette ambiguïté, cette zone un peu grise est toujours intéressante dans un roman policier et permet de travailler sur les failles et les faiblesses d’un personnage. »
PERSONNE NON VOYANTE
Il voulait, explique-t-il, raconter l’histoire de ce personnage à la première personne et réserver la troisième personne pour les deux autres personnages.
« Le fait qu’elle soit non-voyante ajoute aussi à ce sentiment de paranoïa puisqu’il faut se concentrer sur l’ouïe, l’odorat, le toucher. C’était une nouveauté pour moi : une façon d’adapter mon style à la manière dont elle perçoit les espaces autour d’elle et d’arriver à essayer de retranscrire au mieux cette idée de peur et de paranoïa. »
Pour décrire l’univers d’une personne non voyante, Valentin Musso s’est beaucoup documenté. « J’ai été longtemps enseignant et c’était dans un établissement qui accueillait des élèves en situation de handicap. J’ai été assez tôt dans ma vie sensibilisé à ce thème et j’avais envie de le développer parce qu’on l’aborde assez peu, dans le roman, et encore moins dans le roman policier. »
Avec trois femmes au coeur du roman, il a également exploré le thème du consentement, du harcèlement sous plusieurs formes, de l’emprise, des relations toxiques.
■ Valentin Musso est né en 1977.
■ Il est le frère de l’écrivain Guillaume Musso.
■ Il est agrégé de lettres et a enseigné 20 ans la littérature dans les Alpes-Maritimes.
■ Il se consacre à temps plein à l’écriture depuis trois ans.