Le Journal de Montreal - Weekend
L’ÎLE DE LA PROVIDENCE… OU L’ÎLE DE L’HORREUR !
Vincent habite dans un centre pour jeunes délinquants. Lorsque son groupe de scouts est invité sur une île privée pour une partie de chasse aux faisans, quelque chose ne tourne vraiment pas rond… L’excellent nouveau roman de Véronique Drouin est captivant, terrifiant et inspiré de faits réels !
Question inévitable : une chasse aux faisans sur une île avec des élus a fait les manchettes, à l’automne 2022. L’idée pour votre roman vous est venue avant ou après ?
En fait, j’étais à mi-chemin dans la rédaction quand ce scandale a éclaté ! L’idée de départ m’est venue en discutant avec des amis. La mère de deux garçons qui sont maintenant dans la vingtaine me racontait que c’était épouvantable quand ses fils revenaient de leur séjour de scouts sur une île pour aider à la chasse aux faisans, que leur imperméable était taché de sang ! Pour l’auteure d’horreur que je suis, ça a fait : « C’est quoi cette affaire-là ? » (rires)
Vous vous êtes donc inspirée de récits de scouts ?
Oui et c’était connu que de jeunes scouts aidaient sur cette île, puisque ça a déjà été documenté dans un article de 2014. Mon but n’était pas de partir en croisade contre personne. Les personnages milliardaires de mon récit sont tous fictifs !
Pourquoi avez-vous choisi des personnages de jeunes délinquants ?
Ça faisait des personnages très intéressants, avec une belle profondeur. Dans les scouts, il y a toutes sortes de jeunes et je me disais que ça ne devait pas être tous les jeunes qui aimaient faire ce qui leur était demandé ; ramasser des faisans morts ou leur casser le cou. Juste d’écrire ça, j’ai dû aller prendre l’air !
Justement, qu’est-ce qui continue de vous passionner de l’écriture d’horreur ?
Répondre à des anxiétés que j’ai. Quand j’étais jeune, je n’aurais jamais pu lire ce que j’écris, étrangement ! Les gens boudent souvent l’horreur, en disant que c’est de la littérature facile. Au contraire, je trouve que ça peut permettre d’amener une réflexion et d’une bonne façon, car les personnages sont continuellement alertes. Ça leur permet de réfléchir et de brasser un peu la cage.
Créer des personnages d’histoire d’horreur attachants, c’est un beau défi. Et pourrait-il y avoir une suite à cette histoire ?
Quand on écrit de l’horreur, on n’a pas les artifices du cinéma pour faire sursauter les spectateurs. Il faut vraiment utiliser les cinq sens du lecteur pour qu’il soit immergé complètement dans l’environnement. Créer des personnages attachants, c’est pire en horreur, parce qu’on les suit et on veut qu’ils survivent. C’est rare que je suis généreuse, mais parfois, quelques-uns de mes personnages survivent (rires) ! J’aime les fins ouvertes. Je sais que j’ai des jeunes lecteurs qui détestent ça, mais moi, j’adore les fins ouvertes ! J’aime aussi donner l’occasion au lecteur de faire le petit bout de chemin de plus. Je l’ai amené jusqu’à un certain endroit et après, il peut imaginer le reste…