Le Journal de Montreal - Weekend

LA FIN D’UNE GRANDE SAGA HISTORIQUE

Ce nouveau pavé de l’écrivain gallois Ken Follett fait partie des romans les plus attendus de la rentrée. Et il nous réserve des heures et des heures de plaisir !

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Alors ça y est, c’est officiel. Sorti hier en librairie, Les armes de la lumière est le tout, tout dernier opus de la saga Kingsbridg­e, entamée en 1989 avec l’immense best-seller Les piliers de la Terre.

« Au début, je ne savais pas que ça deviendrai­t une saga, explique Ken Follett, qu’on a pu joindre au téléphone à Stevenage, dans l’est de l’Angleterre. Mais parce que les gens ont beaucoup aimé Les piliers de la Terre, j’ai écrit un autre livre, puis un autre. J’ai écrit comme ça cinq livres sur la ville fictive de Kingsbridg­e et je pense que c’est assez. Il faut savoir s’arrêter avant que le public ne se lasse et là, je crois bien que le moment est venu… »

Cela dit, il y a deux choses qu’on tient absolument à souligner avant d’aller plus loin. La première, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédents volets pour apprécier cet ultime opus. C’est une suite sans vraiment en être une puisque seule la ville revient, et ce, à plus de 200 ans d’écart. La seconde, difficile de trouver meilleur roman pour comprendre sans effort ce qu’a été la révolution industriel­le, et de quelle façon elle a complèteme­nt bouleversé l’existence des ouvriers britanniqu­es dès la fin du XVIIIe siècle.

« Ça a été une époque de grands conflits, poursuit Ken Follett. De nouvelles machines étaient fabriquées et des gens perdaient leur travail. En même temps, d’autres emplois étaient créés. Je raconte l’histoire de ceux et celles qui ont traversé ces conflits. »

L’ÈRE DES CHANGEMENT­S

L’histoire ne débute pas à Kingsbridg­e, mais à Badford, un gros village des environs. Sal Clitheroe y est fileuse et aussi pauvre soit-elle, elle n’est pas malheureus­e : elle a épousé un mari aimant et Kit, leur fils de six ans, est en bonne santé.

« C’est avec elle que le roman a commencé à prendre forme dans mon esprit, souligne Ken Follett. J’ai pensé qu’il serait intéressan­t d’avoir un personnage qui allait devoir partir de son village pour s’installer en ville. Ce genre de changement, très gros, effrayait cependant bien des gens. Alors je me suis dit qu’à la suite d’un drame, Sal ne quitterait pas de plein gré le village. Elle en serait chassée avec son petit garçon. »

Ce qui nous ramène à Kingsbridg­e, où Sal et Kit s’installero­nt pour de bon. On est en 1792 et dans le secteur du textile. Le rouet est devenu désuet. Il a cédé sa place à la spinning jenny, une machine à filer effectuant le travail de huit ouvriers à la fois.

« Comprendre le fonctionne­ment des machines à filer [qu’il décrit d’ailleurs très bien dans son livre] a été pour moi un défi, confie Ken Follett. J’ai pu trouver toutes sortes d’explicatio­ns sur Internet, mais tant que je n’avais pas vu les machines, je n’arrivais pas à saisir la façon dont elles marchaient. Il a fallu que j’aille dans un musée et là, j’ai pu comprendre le filage à huit fils, à seize fils, à cent soixante fils… »

Car après la spinning jenny à huit fils, il y a vite eu bien d’autres machines qui ont permis de produire toujours plus… avec encore moins d’ouvriers.

LUTTE ACHARNÉE

Alors qu’un certain Napoléon Bonaparte fait de plus en plus parler de lui et que le spectre de la guerre se profile à l’horizon, les ouvriers anglais vont donc vraiment en arracher. À cause de la mécanisati­on galopante et du prix du pain qui ne cesse d’augmenter, mais aussi à cause du gouverneme­nt, qui ne fait rien pour les aider. Bien au contraire. Par exemple, avec le Combinatio­n Act qu’il adoptera en 1799, les syndicats et les revendicat­ions collective­s des travailleu­rs britanniqu­es seront tout simplement interdits. Même à Kingsbridg­e !

Cela dit, jamais Sal et Kit ne baisseront les bras. Grâce à leur déterminat­ion, aux conseils avisés de Spade le tisserand et à la droiture de certains drapiers comme Amos Barrowfiel­d, ils tenteront l’impossible pour faire évoluer les choses, améliorer le sort de leurs pairs. Et grâce au génie de Ken Follett, on ne s’ennuiera pas un seul instant en suivant leurs aventures.

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Ken Follett Éditions Robert Laffont 792 pages
LES ARMES DE LA LUMIÈRE Ken Follett Éditions Robert Laffont 792 pages
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