Le Journal de Montreal - Weekend

« LES GENS ONT LA MÈCHE PLUS COURTE QU’AVANT

– Daniel Lemire

- ALEXANDRE CAPUTO

Depuis plus de 40 ans, Daniel Lemire renouvelle son matériel humoristiq­ue au gré de l’actualité ; il admet cependant qu’en 2023, « le deuxième degré ne semble plus toujours aussi évident à comprendre. »

En tournée à travers le Québec avec son plus récent spectacle Un p’tit dernier pour la route, Daniel Lemire remarque qu’il doit « travailler plus fort pour trouver des blagues qui font l’unanimité. »

« Les gens ont la mèche plus courte qu’avant ; c’est comme si tout le monde était rendu éditoriali­ste », lance-t-il en ricanant lorsque Le Journal s’est entretenu avec lui.

Entre les sujets plus anxiogènes, comme le réchauffem­ent climatique et la guerre en Ukraine, et les idéaux polarisés qui forgent de plus en plus notre société, le vétéran de la scène juge qu’il faut continuer de « trouver le moyen d’en rire […] même si parfois on peut rire jaune. »

« Les gens disent souvent qu’on est dans la pire période de l’humanité, mais quand on relativise, il y a eu d’autres périodes très creuses aussi », note-t-il.

ON NE PEUT PLUS RIRE DE CE QU’ON VEUT ?

Voici une déclaratio­n qui gagne en popularité, mais qui est encore fausse, selon le satirique de l’actualité, qui a fêté ses 68 ans le 10 octobre.

« Il y a encore des publics pour tous les genres de shows », soutient l’interprète d’Oncle Georges, qui se considère chanceux d’avoir de fidèles admirateur­s. « Il faut que tu trouves le moyen d’éduquer ton public à ton style, mais c’est plus difficile que ça l’était ; le deuxième sens ne semble plus toujours aussi évident à comprendre. »

Aux dires de l’homme qui porte divers déguisemen­ts pendant ses spectacles, l’offre en termes d’humour au Québec est bien vivante, et donc « s’il n’y a rien qui te plaît ces temps-ci [en humour], t’es pas mal difficile. »

NE PAS ENCOURAGER LA STUPIDITÉ

Sans faire de compromis sur les gags qu’il pousse à son public, Daniel Lemire concède qu’il y a certains thèmes abordés dans son spectacle qu’il a préféré « ne pas trop creuser », comme les trumpistes et les conspirati­onnistes, par exemple.

« J’en parle, mais je ne veux pas trop aller là ; ça ouvre des portes étranges et ça peut donner des idées aux gens qui ne comprennen­t pas que ce sont des blagues », explique l’humoriste, en comparant ces mouvements à des cultes.

« Ça se rapproche de la maladie mentale, rendu là. »

Daniel Lemire présentera son nouveau spectacle à travers la province au cours de la prochaine année, il sera notamment à la Salle André-Mathieu de Laval le 1er novembre et à la Salle Albert-Rousseau de Québec le 15 novembre.

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