Le Journal de Montreal - Weekend
Un Dark Side of the Moon qui fait jaser
Ceux et celles qui écouteront l’album Dark Side of the Moon Redux de Roger Waters en espérant y retrouver une version fidèle à l’originale seront assurément déçus.
Malgré les critiques peu reluisantes formulées par les nostalgiques qui souhaitent voir ce projet culte reprendre vie sous sa forme d’origine pour fêter ses 50 ans, Dark Side of the Moon Redux, de Roger Waters, mérite tout de même une ouverture d’esprit et une écoute attentive.
Il faut attendre la quatrième piste de cet élan avant d’entendre des paroles chantées sortir de la bouche de Waters, qui ouvre l’album avec un style à la Grand Corps Malade. Ce manque intentionnel de mélodies permet toutefois à l’oreille de se concentrer davantage sur les paroles profondes que le Britannique propose.
« You shuffle in the gloom of the sick room and talk to yourself as you die, for life is a short warm moment and death is a long cold rest », exprime Waters sur le morceau Speak to Me, qui ne partage rien d’autre que le titre avec la version qui se trouve sur l’album original.
La saveur psychédélique qui a forgé la réputation de Pink Floyd est toujours présente sur ce nouvel opus, paru le 6 octobre, mais elle est beaucoup moins accaparante que ce à quoi la formation avait habitué son public.
Encore une fois, ce changement de cap est loin de plaire à tous, mais cette purification sonore permet à Waters d’envelopper la musique avec sa voix grave et mielleuse – qui fait drôlement penser à celle de Leonard Cohen.
MONEY
Si la nouvelle direction qu’a empruntée Roger Waters pour ce projet se marie bien aux idées originales de Pink Floyd, ce ne fut simplement pas le cas pour la chanson Money.
Cet indémodable classique qui fait rêver d’une vie de luxe et d’abondance ne se prête pas à la cadence sobre et monotone que lui a donnée Waters.
De plus, les entraînantes séquences de guitare électrique qui remplissaient près de 80 % de la chanson originale ont été écartées au profit de paroles presque chuchotées, ce qui nous éloigne encore plus du sentiment d’effervescence que la version de 1973 nous offrait.
LE BATTEUR DE PINK FLOYD APPROUVE
Même si aucun des membres de la formation de départ n’apparaît sur le projet de Roger Waters, le principal intéressé a quand même consulté ses anciens frères d’armes pour leur présenter des extraits de l’album en exclusivité.
Contacté par le magazine New Musical Express en mars dernier, l’ancien batteur de Pink Floyd, Nick Mason, a qualifié cette oeuvre « d’absolument brillante ».
« La rumeur circulait que ce projet allait gâcher l’album original, a mentionné Mason. Finalement, c’est tout le contraire ; ça ajoute plutôt quelque chose d’intéressant », s’est réjoui le batteur, qui interprète aujourd’hui des classiques de Pink Floyd avec son groupe Nick Mason’s Saucerful of Secrets.
Le musicien de 80 ans est allé plus loin en exprimant son soutien aux artistes qui auraient l’idée de revisiter des classiques, peu importe le style.
« Ce que j’aime des oeuvres musicales existantes, c’est de les développer pour leur trouver encore plus de qualités, a-t-il expliqué. J’aime cette idée de développement, plutôt que de s’obstiner à conserver le matériel exactement comme il était au début. »
Une note de 3,5/5 est appropriée pour cet opus de Roger Waters ; une cadence plus entraînante lui aurait fait atteindre le 4/5. L’originalité de cette reprise et la profondeur des textes en font un album qui est néanmoins très pertinent et intéressant à écouter.