Le Journal de Montreal - Weekend

MON DEUIL A PRIS PLUS DE PLACE – Helena Deland

Helena Deland n’arrête jamais vraiment d’écrire. Après la perte de sa mère à l’été 2021, c’est vers la musique que l’artiste s’est tournée pour exprimer son deuil dans les pièces folk en anglais de son deuxième album Goodnight Summerland.

- MÉLISSA PELLETIER

Née à Summerland en Colombie-Britanniqu­e, Helena Deland s’est depuis installée à Montréal. Auteure-compositri­ce-interprète de talent, Helena Deland s’est fait remarquer dès son premier EP Drawing Room en 2016.

En 2020, elle lançait son premier album Someone New, salué à l’internatio­nal, qui s’est retrouvé dans la longue liste du Prix de musique Polaris en 2021. Depuis ses débuts, elle a assuré les premières parties d’artistes de la trempe de Weyes Blood, Andy Shauf et Iggy Pop.

« Ce que j’ai trouvé le plus choquant dans l’expérience de deuil, c’est que la vie continue. Il faut continuer à être performant, à participer de la même manière. Je me sens chanceuse d’avoir pu, au moins dans ma pratique musicale, regarder cette tristesse et trouver une manière de la synthétise­r en mots. Mon espoir le plus ambitieux pour cet album serait d’offrir quelque chose à une autre personne en situation de deuil », confie Helena Deland.

« J’avais déjà quelques chansons que j’imaginais enregistre­r de manière différente. Quand j’ai perdu ma mère, il m’a semblé clair que mon expérience de deuil prendrait plus de place. C’est là que la décision de faire des chansons plus dépouillée­s a pris tout son sens », raconte l’artiste. Ça donne lieu à des chansons plus simples que celles qu’on retrouve sur son premier album Someone New.

LA NATURE À L’HONNEUR

À travers le deuil, Goodnight Summerland respire et prend racine dans un riche champ lexical de la nature.

« Ce n’était pas super intentionn­el. Mais c’est vrai, il y a beaucoup d’évocations à la nature ! Je pense qu’il y a un peu une esthétique de contes pour enfants… Les personnage­s des contes font partie des chansons. Spring Bug, Roadflower, The Animals… En termes d’écriture, je me demande si ce n’est pas parce que le décès d’un parent nous ramène à différents stades de notre vie. J’ai beaucoup pensé aux livres, aux histoires, que ma mère me racontait lorsque j’étais petite. »

Ce retour à l’enfance favorise aussi un retour à la pureté…

« Ou à la simplicité. Chaque chanson est une espèce de template simple, qui peut être complexifi­ée ou non par la mélodie. En travaillan­t sur la chanson Bright Green Vibrant Gray avec mon co-réalisateu­r Sam Evian, on voulait que ce soit très folk et organique. Je m’attendais à une chose, et elle en est devenue une autre. C’était excitant pour moi, parce que c’est là que la collaborat­ion devient magique et bénéfique… Quand littéralem­ent, deux têtes valent mieux qu’une. Ça m’a permis d’aller vers un album plus complet. »

Pour Helena Deland, cette collaborat­ion lui a aussi permis d’enregistre­r sur tapes. Une nouvelle approche après Someone New.

« C’est quand même rare de nos jours, c’est un médium en disparitio­n. C’est plus risqué et contraigna­nt… Ça donne un timbre particulie­r, et ça permet de laisser aller. On peut faire 3 à 5 takes, mais on ne peut pas continuer ad vitam eternam. Ça donne une certaine liberté. C’est une décision qui est dans le spirit dans l’album folk. »

En plus de Sam Evian, Helena Deland parle avec enthousias­me de ses collaborat­eurs, dont Alexandre Larin (Larynx), Francis Ledoux (Zouz), Cédric Martel (Apophis), Valentin Ignat et Lysandre Ménard. « Heba Kadry a aussi mastérisé l’album. Malgré cette décision de changer carrément l’esthétique, j’ai eu un désir de cohérence puisqu’il a aussi travaillé sur Someone New »

Une équipe qui lui a permis de bien mettre en valeur ses textes.

« Ce que j’ai essayé de mettre de l’avant, ce sont les paroles. J’ai essayé d’être le plus sincère possible dans mon écriture. Le souhait, c’est que dans le particulie­r, il y ait de l’universel. Le mot “simple” me revient souvent… Au terme de ce processus, il est très positiveme­nt connoté pour moi. C’est clair, lumineux. En plus du deuil, cet album se veut une affirmatio­n de vie. »

■ Goodnight Summerland est disponible le sous l’étiquette Chivi Chivi.

■ Helena Deland sera à La Tulipe de Montréal, le 24 novembre, et au Pantoum de Québec, le 25 novembre.

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GOODNIGHT SUMMERLAND

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