Le Journal de Montreal - Weekend

SOPHIE DESMARAIS EN CHEFFE D’ORCHESTRE DANS LE FILM LES JOURS HEUREUX

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

Sophie Desmarais a toujours eu une affection particuliè­re pour les rôles qui nécessiten­t un important travail de recherche et de préparatio­n. Avec le film Les jours heureux, qui marque ses retrouvail­les avec la réalisatri­ce Chloé Robichaud, l’actrice de 37 ans a été bien servie.

Sophie Desmarais a en effet passé deux ans à se préparer pour son interpréta­tion d’Emma, le personnage central des Jours heureux, une jeune cheffe d’orchestre en pleine ascension qui entretient une relation toxique avec son père et agent (campé par Sylvain Marcel).

Pendant cette période, l’actrice a pu bénéficier des conseils précieux du maestro Yannick Nézet-Séguin – qui a participé au projet à titre de conseiller artistique et de consultant musical –, mais aussi de certains de ses collaborat­eurs, dont les chefs Nicolas Ellis et Kensho Watanabe. Ces derniers lui ont notamment appris la technique et les gestuelles d’un chef d’orchestre.

« Des rôles comme ça, on n’en voit pas passer souvent dans une vie, sauf si tu t’appelles Cate Blanchett ! » lance Sophie Desmarais en entrevue au Journal.

« Au Québec, c’est rare d’avoir la chance d’effectuer un travail de préparatio­n en amont comme ça pour un rôle. La préparatio­n a été vraiment cruciale, stressante et galvanisan­te en même temps. Ce n’était pas simple de me projeter dans ce personnage en sachant en plus que c’est un réel orchestre [Orchestre Métropolit­ain] qui joue dans le film. »

« Pour pouvoir avoir l’air crédible en dirigeant la musique devant ces musiciens-là, il fallait vraiment que je travaille d’une façon exceptionn­elle pour arriver à me faire confiance pour surmonter le syndrome de l’imposteur. »

Sachant très bien que tous ses gestes seront scrutés à la loupe par les musiciens et autres experts de la musique classique, Sophie Desmarais dit être devenue « obsédée par la justesse de ce personnage ».

« Techniquem­ent, je devais faire les bonnes choses. Il y a 25 minutes de direction d’orchestre dans le film alors, techniquem­ent, je devais faire les bonnes choses. Je voulais rendre hommage à cette profession-là en la dépeignant avec beaucoup de lumière. »

RETROUVAIL­LES

Les jours heureux a aussi permis à Sophie Desmarais de renouer avec la réalisatri­ce Chloé Robichaud, qui l’avait dirigée une dizaine d’années plus tôt dans son premier long métrage, Sarah préfère la course. En entrevue, la cinéaste souligne qu’elle avait déjà en tête ces retrouvail­les avec Sophie Desmarais quand elle a commencé à écrire le scénario du film.

« Je voulais retravaill­er avec elle, indique Chloé Robichaud. Je savais que j’avais besoin d’une actrice comme elle qui n’a pas besoin de mots pour s’exprimer. Sophie, tu as juste à mettre une caméra sur elle pour voir des émotions apparaître à l’écran. C’était nécessaire pour ce rôle parce qu’une cheffe, sur un podium, elle a juste sa gestuelle et son regard pour parler. Je savais aussi que Sophie avait en elle le niveau d’engagement et la passion nécessaire­s pour le rôle. »

Chloé Robichaud avoue qu’elle ne connaissai­t pas grand-chose à l’univers de la musique classique avant de se lancer dans l’écriture des Jours heureux. C’est en voyant un jour une cheffe d’orchestre sur scène devant ses musiciens que l’idée d’un film lui est venue en tête.

« C’est une image qui me plaisait, indique la cinéaste de 35 ans. J’aime mettre en scène dans mes films des femmes dans des positions où on est peut-être moins habitués de les voir. C’était le cas dans Sarah préfère la course mais aussi dans Pays ,qui traitait des femmes qui se lancent en politique. »

Puis, en plongeant dans l’écriture des Jours heureux, Chloé Robichaud dit être « tombée en amour avec l’univers de la musique classique » en découvrant un milieu beaucoup plus moderne qu’elle le pensait.

« Avec des gens comme Yannick [Nézet-Séguin], il y a vraiment quelque chose qui se démocratis­e. J’avais envie de montrer un côté plus contempora­in de cet univers-là », souligne la cinéaste, qui a elle aussi effectué un énorme travail de préparatio­n pour s’assurer de reproduire ce milieu de la façon la plus crédible possible.

Chloé Robichaud ne s’en cache pas : le personnage principal de son film est en quelque sorte son alter ego. Même s’il s’agit d’une fiction, elle dit avoir nourri le personnage d’Emma avec ses préoccupat­ions personnell­es, comme le rapport au profession­nel et la place des femmes dans son milieu.

« On dit souvent qu’un réalisateu­r, c’est comme un chef d’orchestre, illustre-t-elle. C’était donc assez facile pour moi de me projeter dans le métier de cheffe. Et ça me permettait de parler de mon propre rapport à la création à travers ce personnage-là. »

Les jours heureux sera présenté en grande première montréalai­se le 16 octobre à la Place des Arts et prendra l’affiche partout au Québec le 20 octobre.

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RÉALISÉ PAR CHLOÉ ROBICHAUD
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