Le Journal de Montreal - Weekend

UN DES MEILLEURS FILMS DE MARTIN SCORSESE

Il flotte assurément un parfum d’Oscars autour de La note américaine (Killers of the Flower Moon), la toute nouvelle oeuvre de Martin Scorsese mettant en vedette Lily Gladstone, Leonardo DiCaprio et Robert De Niro.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Ne nous y trompons pas, La note américaine est le meilleur

Scorsese depuis Les Gangs de

New York et l’un de ses longs métrages les plus réussis. On y retrouve le sens de l’épopée du long métrage avec Daniel DayLewis, l’examen de la cupidité cruelle du Loup de Wall Street et le portrait de la naissance d’un pays composé, au fond, de gangsters, un rappel des

Affranchis ou de Casino pour ne citer que ceux-là.

LE « RÊVE » AMÉRINDIEN

Scorsese et DiCaprio travaillen­t sur La note américaine depuis 2017 et le cinéaste a profité du confinemen­t pandémique pour réécrire le scénario de cette adaptation de l’ouvrage éponyme de David Grann, une décision inspirée. Car, si le livre se concentre sur la naissance du FBI, le film, lui, présente l’histoire du point de vue des Osages.

Les Osages, tribu amérindien­ne, sont « les gens les plus riches au monde per capita », apprend-on au début du long métrage. Leur argent leur vient de la découverte du pétrole sur leurs terres. Et, comme ils n’en ont pas été dépossédés, les Américains (donc les Blancs) ont trouvé d’autres moyens de s’approprier leurs avoirs, comme la mise sous tutelle des membres de la tribu, le versement d’arrhes au compte-gouttes, et, lorsque cela ne suffit pas, les épousaille­s de femmes Osages par des Blancs peu scrupuleux.

C’est là qu’entre en scène William King Hale (Robert De Niro, royal) qui touche un peu à tout, de l’élevage de bovins à l’exploitati­on des Osages. Et c’est pour cette raison qu’il demande à son neveu, Ernest Burkhart (un Leonardo DiCaprio parfait, l’acteur se bonifiant avec l’âge) de se trouver une femme osage et de l’épouser afin d’avoir accès à sa fortune. Ernest tombe réellement amoureux de Mollie (Lily Gladstone, magistrale), se marie avec elle et doit donc obéir aux ordres de son oncle tandis que les cadavres s’amoncellen­t autour des proches de Mollie.

L’histoire est vraie – elle est connue sous le nom des Osage

Indian murders de 1910 à 1930 – et s’est d’ailleurs déroulée non loin de la ville de Tulsa, en Oklahoma, théâtre du massacre du même nom en 1921 auquel Scorsese fait allusion, comme pour souligner qu’un crime en appelle un autre, que les États-Unis se sont construits sur des bains de sang et des spoliation­s.

La performanc­e des trois acteurs est inoubliabl­e, Lily Gladstone donnant aux regards de Mollie une puissance que n’auraient pas eue des pages de dialogue et elle sera assurément amplement récompensé­e en cette saison des prix qui s’amorce. La réunion de Leonardo DiCaprio et de Robert De Niro (ils n’avaient pas joué ensemble depuis Tu seras

un homme... en 1993) fait des étincelles, l’ancien beau garçon a mûri et donne une épaisseur impression­nante à son personnage un peu simplet.

On pourrait se dire qu’avec une durée de 206 minutes, La

note américaine est trop long, comme ce fut le cas de The

Irishmen. Mais non. Tous les plans sont nécessaire­s et pas un dialogue n’est superflu. La direction photo de Rodrigo Prieto, fréquent collaborat­eur du réalisateu­r et d’Alejandro Iñárritu, est également d’une richesse visuelle incroyable.

Tout est là, tout est parfait. Oui, La note américaine est du grand Scorsese.

La note américaine (Killers of

the Flower Moon )aprisl’affiche dans les cinémas hier. Le film sera disponible un peu plus tard sur Apple TV+.

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Lily Gladstone et Martin Scorsese dans La note américaine.
LA NOTE AMÉRICAINE Lily Gladstone et Martin Scorsese dans La note américaine.

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