Le Journal de Montreal - Weekend
Astérix à l’ère de la pensée positive
VANVES, France | (AFP) Il ressemble à un penseur à la mode et il parle comme Paulo Coelho : le nouvel ennemi d’Astérix, Vicévertus, dans L’Iris blanc à paraître le 26 octobre, est un philosophe romain adepte de « pensée positive ».
Ce « méchant », créé à l’occasion de ce 40e album, est sorti de l’imagination d’un nouveau scénariste connu pour son sens de l’absurde, Fabcaro. Être aux commandes d’une bande dessinée d’Astérix, c’est l’assurance de ventes sans égal. L’Iris blanc paraît simultanément en 20 langues, avec plus de cinq millions d’exemplaires dans le monde.
Cet Iris blanc, « c’est une école. [Tulius Vicévertus] s’est inspiré d’un philosophe grec pour créer sa méthode », a dit Fabcaro lors d’une conférence de presse au siège d’Hachette Livre à Vanves, près de Paris, cette semaine.
Et celle-ci va marcher, dans un premier temps. Chargé par l’empereur Jules César, dont il est médecin, de remonter le moral des troupes romaines autour du village des « irréductibles Gaulois », Vicévertus est bien accueilli par les soldats.
APHORISMES DIVERSEMENT SENSÉS
Mieux : il va instiller la division au sein du village. Son école de pensée et de « développement personnel », qui prône bienveillance, régime végétarien et méditation, va trouver ses partisans, comme la femme du chef du village, Bonemine, et ses détracteurs, comme le sceptique Astérix.
Fabcaro dit s’être inspiré d’un adepte des aphorismes, l’écrivain brésilien Paulo Coelho. Ceux de Vicévertus sont diversement sensés : « Celui qui sait profiter du moment, c’est lui l’homme avisé », « Une porte fermée est une invitation à en ouvrir d’autres », ou encore « Chaque chemin est le bon puisqu’il mène quelque part ».
Restait à le dessiner pour Didier Conrad, qui a repris le crayon à la suite d’Uderzo en 2013.
Lui se représentait d’abord un séducteur plutôt jeune. Mais, avec le scénariste et l’éditeur, le choix s’est tourné vers un homme mûr aux cheveux blancs, mi-longs. « On était parti de gens un peu flamboyants : Dominique de Villepin, Bernard-Henri Lévy... », a révélé le dessinateur.
Interrogé pour savoir si ce Vicévertus était une caricature des « wokistes », Fabcaro s’en est défendu : « L’idée, c’est d’être intemporel. Moi, j’essaie de prendre de la distance avec l’actualité parce que, par définition, elle est périssable. »
Chaque nouvel album d’Astérix, malgré la disparition de ses deux créateurs (le scénariste René Goscinny en 1977 et le dessinateur Albert Uderzo en 2020), est un immense événement en librairie, tous les deux ans.