Le Journal de Montreal - Weekend
Dénoncer la déportation des enfants ukrainiens
Marc Levy, auteur de 25 romans, a toujours placé des valeurs fortes, comme la liberté, au coeur de ses livres. Écrivain très bien informé et engagé, il n’hésite pas à prendre position sur des sujets qui lui tiennent à coeur. Dans son nouveau roman, La Symphonie des monstres, il raconte, par le biais d’une histoire qu’on lit d’une traite, la quête de liberté d’un enfant ukrainien déporté par le pouvoir russe. Sa mère et sa grande soeur mettent tout en oeuvre pour le retrouver tandis que lui fait l’impossible pour se sauver de « l’orphelinat » où on l’a interné.
Veronika, une infirmière ukrainienne vivant à Rykove, un village du sud de l’Ukraine, découvre en rentrant chez elle que son fils de 9 ans, Valentyn, a disparu. Veronika et sa fille Lilya tentent de trouver où il a été emmené. Elles vont remuer ciel et terre pour retrouver la trace du petit garçon, dans un monde en guerre où l’ennemi est partout.
La Symphonie des monstres s’inspire de faits horribles et bien réels : le kidnapping et la déportation de dizaines de milliers d’enfants ukrainiens par le pouvoir russe.
« Pour moi, c’est la preuve que Poutine avait dès le départ une volonté génocidaire à l’égard du peuple ukrainien. C’est une situation qui méritait d’être racontée », déclare Marc Levy en entrevue.
RACONTER LA VÉRITÉ
« On vit à une époque où les gens se forgent une opinion en lisant des commentaires plus ou moins avisés sur les réseaux sociaux. C’est en racontant des histoires qu’on raconte la vérité des faits. S’il y avait eu plus de romanciers, dans les années 30, qui avaient écrit sur les intentions et sur les agissements des nazis, et que ces romans avaient été publiés par exemple en Allemagne, il y aurait peut-être eu beaucoup d’Allemands modérés qui se seraient réveillés plus tôt contre le nazisme, avant qu’il soit trop tard. »
Marc Levy, dans le roman, décrit toute l’idéologie tordue derrière un pouvoir totalitaire. Les personnages de Veronika et Lilya découvrent en plus les secrets cachés par l’armée russe.
Le personnage de Veronika, la mère de Valentyn, est particulièrement émouvant : une infirmière éprouvée, courageuse, qui se dévoue totalement pour les autres.
« Des Veronika, il y en a plein, en ce moment, à travers le monde, et il y en a énormément en Ukraine », dit Marc Levy.
EN UKRAINE
« Quand je me suis rendu en Ukraine, il y a trois semaines, ça a été une leçon d’humilité et de courage de la part des Ukrainiens. Il y a cette détermination à vivre – et pas seulement à survivre –, cet optimisme, cette détermination à être libre. Ce sont des gens très impressionnants parce qu’ils n’ont pas attendu deux ou trois ans pour résister : ils ont résisté au premier jour. Des femmes, des mères de famille, des soeurs sont devenues des soldats du jour au lendemain pour défendre leur terre et leur liberté. »
Marc Levy précise qu’il s’est rendu en Ukraine pour participer à un forum pour l’avenir de l’Ukraine et faire une conférence sur le sujet de la déportation des enfants.
« On faisait une conférence devant des journalistes de la presse internationale. C’est vraiment important qu’on parle de ça. »
C’était la première fois qu’il participait à un forum dans une ville en guerre et bombardée. Mais ce n’était pas la première fois qu’il s’exprimait en public sur les thèmes de la liberté et des démocraties.
« Ce sont des thèmes qui sont au coeur de mon travail depuis Les enfants de la liberté. Le sort des enfants m’a toujours préoccupé parce que je pense que la façon dont une société traite les enfants est extrêmement révélatrice de la façon dont elle se comporte en général parce que l’enfant, c’est encore ce qui devrait être le plus sacré dans l’humanité. »
La Cour pénale internationale (CPI) a lancé un mandat d’arrêt international contre le président russe, Vladimir Poutine, et Maria Lvova-Belova, sa commissaire aux droits de l’enfant, pour le crime de guerre de « déportation illégale » d’enfants ukrainiens.