Le Journal de Montreal - Weekend

VINCENT VALLIÈRES IMPRESSION­S DE TOURNÉE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Auteur-compositeu­r-interprète de talent, Vincent Vallières trimbale ses guitares d’un bout à l’autre du pays pour faire vivre ses chansons sur scène. Dans son premier livre, Du bitume et du vent, il partage ses impression­s en cours de tournée, de Magog à Natashquan, en passant par la Gaspésie, jusqu’à Yellowknif­e. Comme des instantané­s, il livre ses états d’âme, parle de ses rencontres, de sa vie de père, d’amoureux, de musicien, de citoyen. Il raconte la route, la musique, la vie. Et c’est excellent.

Vincent Vallières, un auteur à la plume authentiqu­e, évocatrice, sincère, musicale, raconte un souvenir d’enfance étonnant dès le début du recueil. Enfant, il a eu beaucoup de difficulté à apprendre à lire et écrire. Petit, il s’est même sauvé de l’école.

Sa mère, patiemment, l’a guidé et encouragé. Ensuite, les bandes dessinées de Tintin ont suffisamme­nt piqué sa curiosité pour qu’il persiste dans son apprentiss­age.

« C’est ce moment-là de ma vie, cet amour-là de ma mère, cette présence m’a amené à écrire des chansons. Et écrire un livre. Je ne m’y serais jamais rendu tout seul. C’est une chance de pouvoir dire merci à quelqu’un qui m’a tellement donné », dit-il en entrevue.

DES LIEUX, DES GENS

Au fil des pages, Vincent Vallières parle de ses rencontres, de ses conversati­ons avec des amis ou des gens rencontrés par hasard, des coulisses.

Il décrit aussi les villes et villages où les gens se sont retroussé les manches pour transforme­r une usine désaffecté­e, une chapelle, un bâtiment abandonné en lieu de rencontre culturel, en scène.

Ce projet singulier est né alors qu’il entamait une tournée solo après la sortie de son album Toute beauté n’est pas perdue.

« Je me rappelle la run de char entre Magog et New Richmond… c’est 814 kilomètres. Je suis tout seul dans le char. J’arrive à New Richmond. Je vais faire un tour de course, je prends quelques photos, je me rends à l’hôtel. Et je mets ça sur les réseaux sociaux. Mon compte-rendu de la journée, de façon un peu spontanée. Puis je me prends au jeu. »

Le lendemain, il a recommencé.

« Il y a eu un dialogue qui s’est engagé avec les gens qui me suivent sur les réseaux sociaux, qui partagent les textes, qui réagissent. La tournée qui devait être relativeme­nt courte – 40, 50, 60 shows – est devenue une tournée de 100, 120, 160 shows. Ce qui devait être une tournée québécoise est devenu une tournée canadienne. »

Les gens lui ont demandé de rassembler ses textes pour en faire un livre.

« Les textes n’étaient pas tous pertinents. Il y avait trop de redite. Ça méritait d’être retravaill­é donc je me suis mis à écrire des nouveaux textes, à retravaill­er les anciens textes, pour en faire vraiment des récits. Je me suis demandé comment pérenniser ces textes, comment trouver le fil conducteur. »

SUR LA ROUTE

Dans son recueil, on voit la route, du point de vue d’un artiste qui se produit en spectacle. On voit les coulisses, comment il se sent avant de monter sur scène, ce qui se passe pendant qu’il est en tournée, à quoi il pense lorsqu’il roule en voiture, au coeur des paysages. À quoi il pense lorsque les gens lui racontent avoir été touchés par telle ou telle chanson, alors qu’ils traversaie­nt un passage difficile de leur vie.

« J’étais majoritair­ement seul dans le véhicule. J’étais plus prompt à aller m’ouvrir à l’autre, à aller m’asseoir dans un café, à prendre une marche et rencontrer quelqu’un, ou à décrire les lieux. Il y en a que j’avais vu souvent, d’autres que je découvrais pour la première fois. Le volet du show solo a amené une intériorit­é. »

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