Le Journal de Montreal - Weekend
Louis Jolliet, premier colon à connaître une réputation internationale
Il était explorateur, homme de science, commerçant et organiste ; il y a 350 ans, Louis Jolliet se rendait célèbre en cartographiant le Mississippi.
Louis Jolliet a 27 ans quand il convainc quelques intrépides, dont le père Jacques Marquette, de partir explorer les terres du sud de la Nouvelle-France à partir de la mission SaintIgnace à Michilimackinac.
« Je m’embarquay avec le sieur Joliet, qui avait esté choisi pour conduire cette entreprise, le treize may 1673, avec cinq autres Français, sur deux canots d’écorce, avec un peu de bled d’Inde et quelques chairs boucanées pour toute provision », relate le jésuite dans son journal.
L’expédition culmine, 800 kilomètres plus loin, dans une rivière mythique qui les portera aux portes de la Louisiane : le fleuve Mississippi.
Les voyageurs seront les premiers Blancs à naviguer aussi profondément au coeur de l’Amérique. Jolliet passera l’hiver à préparer ses cartes et son récit de voyage au poste de traite de Sault-Sainte-Marie. Il entreprend son retour vers Québec, en mai 1674.
JOURNAL À L’EAU
« Malheureusement, leur embarcation fait naufrage dans les rapides de Lachine et l’équipage perd tout, y compris le précieux journal de voyage », se désole Gaston Cadrin, qui se passionne pour le personnage de Jolliet.
C’est parce qu’il est passionné d’histoire que cet ancien enseignant des Cégeps de Lévis et de Garneau, géographe de formation, s’est lancé à la recherche du passé de son coin de pays, Beaumont et Lauzon, en face de Québec. C’est là que se trouvait jadis la seigneurie de Vincennes, où Louis Jolliet concédera des terres.
« Quand j’ai commencé à m’intéresser à ce personnage, je me suis rendu compte qu’on n’en avait presque rien gardé dans nos livres d’histoire, et encore moins dans la mémoire collective », déplore-t-il.
NATIF DE LA NOUVELLE-FRANCE
Né le 21 septembre 1645 dans les environs de Québec, Jolliet devient orphelin de père à cinq ans. On le place au Collège des Jésuites, où il se distingue notamment dans l’apprentissage de la musique. À 25 ans, il est organiste de la cathédrale de Québec tout en poursuivant des études de philosophie. Il défend sa thèse devant Monseigneur de Laval et l’intendant Jean Talon.
Mais tout ça l’ennuie. Il prend les voiles et, après un an de voyage en France, où il perfectionne ses techniques de navigation et de cartographie, il rentre au pays et se lance dans de folles aventures. Le bassin du Mississippi ne sera pas le seul endroit qu’il explorera. Il se rendra jusqu’à la baie d’Hudson et au Labrador.
« C’était en son temps un homme de science, capable de cartographier le territoire tout en décrivant les populations animales et végétales qu’il observait », reprend Gaston Cadrin.
C’est en remerciement de ses loyaux services que le roi lui concédera l’île d’Anticosti en 1680. Il s’y installe avec sa femme, Claire-Françoise Bissot, et leurs enfants. Ceux-ci furent bien près d’y laisser leur vie quand un navire de la flotte britannique vaincue de l’amiral William Phips les enlève et brûle leurs bâtiments.
Jolliet meurt en 1700, probablement lors d’un naufrage dans le golfe SaintLaurent. Une statue trône devant le parlement de Québec depuis 1928 en hommage à cet explorateur canadien de réputation internationale à l’époque. Contrairement à ce qu’on puisse penser, le nom de la capitale de Lanaudière provient de l’industriel Barthélemy Joliette, un descendant d’Adrien, le frère de Louis, qui a établi des moulins sur la rivière L’Assomption à partir de 1823.