Le Journal de Montreal - Weekend
LA SÉRIE SE POURSUIT !
Grâce à l’écrivaine suédoise Karin Smirnoff, on peut maintenant dévorer le 7e volet de la série Millénium. Bon appétit !
Depuis quelques jours, on peut tous mettre la main sur La fille dans les serres de l’aigle, le septième volet de la célébrissime série Millénium.
Stieg Larsson, qui l’a créée au début du troisième millénaire, en a écrit les trois premiers volets. Et s’il comptait en écrire sept de plus, le destin en a hélas décidé autrement : en novembre 2004, soit juste avant que ses trois livres ne soient publiés et ne remportent un succès monstre, il a été emporté par une crise cardiaque. Oui, la vie peut parfois être incroyablement injuste.
Bref, c’est le journaliste et romancier suédois David Lagercrantz qui a pris la relève et trois romans plus tard, il a préféré s’arrêter là pour passer à autre chose. Mais comme à peu près tous les fans de thrillers souhaitaient pouvoir prolonger le plaisir en retrouvant Mikaël Blomkvist et la fascinante Lisbeth Salander, les deux grands héros de la série, la romancière suédoise Karin Smirnoff a accepté de reprendre le flambeau.
« D’une certaine façon, ça a été assez énorme pour moi, relate Karin Smirnoff, qui habite au nord du pays, dans un village comptant une douzaine d’habitants et au moins vingt chiens ! Mais en même temps, c’était un livre et je l’ai plus ou moins écrit comme mes autres livres. On m’a donné beaucoup de liberté pour prendre mes propres décisions concernant l’intrigue et les personnages. On n’a pas essayé de me forcer à faire quoi que ce soit de spécifique. Par exemple, je n’ai pas eu à écrire comme Stieg Larsson. J’ai pu utiliser mon propre style, mon propre langage. »
DES PRÉOCCUPATIONS
Karin Smirnoff marchait dans les bois près de chez elle quand elle a entendu le cri d’un aigle de mer. Pour elle, c’est comme ça que tout a commencé. En suédois, son livre s’intitule d’ailleurs Le cri de l’aigle de mer (Havsörnens skrik).
« On a des chasseurs dans le village et parfois, ils laissent de la viande dans les champs pour attirer ces oiseaux, explique la romancière. Ils sont énormes et poussent ce cri quand ils fondent sur la nourriture. Ils m’ont donné l’idée de créer le Nettoyeur, un personnage qui n’a pas beaucoup de respect pour les êtres humains et qui nourrit les aigles de mer avec leur chair !
« Je tenais aussi à ce que l’histoire se déroule dans le nord de la Suède parce que c’est un endroit intéressant où il y a beaucoup de changements, poursuit-elle. De nombreux projets industriels gigantesques sont en cours, mais ça a un prix, car pour chaque projet, une partie de la nature qui nous entoure est détruite, transformée en quelque chose d’autre. Mais on nous explique que ces projets sont importants parce qu’ils nous donnent du travail. L’ironie, c’est que la maind’oeuvre est souvent importée. »
Pour les besoins de la cause, Karin Smirnoff a imaginé de toutes pièces la ville de Gasskas, où il pourrait très bientôt y avoir le plus grand parc éolien au monde… à condition que certains propriétaires acceptent enfin de céder leurs terres. Henry Salo, le gérant municipal et futur gendre de Mikaël Blomkvist, est déterminé à les convaincre coûte que coûte et pour y arriver, il estime que tous les moyens sont bons. Même les mauvais.
TOUS À GASSKAS
Comme Mikaël n’a pas vraiment le choix d’assister au mariage de sa fille, il sera donc à Gasskas au même moment que Lisbeth Salander.
Et ce, de façon tout à fait fortuite, puisque Lisbeth a une nièce de 13 ans quelque part au nord de la ville. Une nièce dont elle ne sait à peu près rien et dont elle va devoir s’occuper parce que sa mère a disparu sans laisser d’adresse.
Mais attention. Svala n’est pas une gamine ordinaire. Elle ne ressent pas la douleur, elle n’a pas sa pareille pour trouver la combinaison des coffresforts et elle est aussi brillante que débrouillarde. Ah, dernier détail : son ex-beau-père, qui fait partie d’un dangereux gang de motards, ne lui veut que du mal.
« J’ai beaucoup réfléchi aux personnages et j’ai voulu que Lisbeth devienne un peu plus mature, précise Karin Smirnoff. Pour ça, je me suis demandé si elle devait avoir ou non un enfant et ç’a été non parce que les bébés ont tellement de besoins que ça aurait été trop compliqué. C’est pourquoi j’ai créé Svala. Pour que Lisbeth se sente moins seule et se développe davantage en tant que personne. Avec Mikaël Blomkvist, je pense que je vais avoir besoin de deux autres livres pour m’attacher à lui parce que c’est le personnage avec lequel j’ai le plus de mal. Je ne sais pas quoi faire de lui. Je vais sûrement lui donner une vie différente de celle qu’il avait avant. »
Car oui, Karin Smirnoff nous promet deux autres Millénium. Qu’on a déjà très hâte de lire !
« Toutefois, il ne faut pas oublier qu’avec les Millénium, c’est bien plus que de l’écriture, dit-elle. C’est voyager tout le temps et être disponible pour les entrevues partout dans le monde. C’est amusant, mais vous savez, j’ai une vieille mère et des petits-enfants que je néglige maintenant un peu. Alors je pense qu’après le troisième, je vais peut-être moi aussi passer à autre chose… »