Le Journal de Montreal - Weekend

ARRIVE AVEC UN MESSAGE ENGAGÉ ET SANS FILTRE

- SARAH-ÉMILIE NAULT Le Journal de Montréal sarah-emilie.nault @quebecorme­dia.com

Il y a deux ans que Tiken Jah Fakoly n’est pas monté sur une scène au Québec. Le populaire et revendicat­eur chanteur reggae ivoirien s’amène avec un tout nouveau spectacle – tiré de son 11e et plus récent album Braquage de pouvoir – qu’il livrera à Montréal, Sherbrooke, Saint-Casimir et Québec du 8 au 11 novembre.

« Cet album parle de politique, de faits de société. Il n’y a pas de chansons d’amour, on est au combat. Depuis sa sortie, on a fait plus de 70 concerts en Europe et l’album se comporte très bien », explique l’artiste de 55 ans originaire de Côte d’Ivoire qui a fait paraître Mangercrat­ie ,son premier opus, en 1997.

L’artiste – qui foule la scène vêtu de tenues fabriquées au Mali – parle d’une grande fête pour décrire ce nouveau spectacle qui rassembler­a neuf musiciens sur scène jouant de divers instrument­s traditionn­els de manière à apporter « une couleur différente à notre reggae qui est unique et original ».

MESSAGE D’ESPOIR À L’AFRIQUE

Braquage de pouvoir comporte 12 titres dont de belles pièces collaborat­ives comme I Can Hear avec l’artiste jamaïcain Winston McAnuff, Beau continent avec le groupe de reggae français Dub Inc et Enfant de la rue, livrée en compagnie du slameur français Grand Corps Malade. Ensemble, ils abordent le difficile sujet des enfants abandonnés par leurs parents.

« Les collaborat­eurs sont choisis pour renforcer le message que je passe dans le morceau. Amandou et Mariam, par exemple, est un duo malien qu’on entend sur Don’t Worry, une chanson qui parle d’espoir pour l’Afrique. On dit aux Africains : “continuez le combat, ne vous inquiétez pas, l’Afrique sera un jour comme on le souhaite” », explique l’auteurcomp­ositeur-interprète riche d’une carrière de plus d’un quart de siècle.

Pour le reggaeman – qui chantait en anglais sur l’album de reprises de classiques reggae Racines –, il est important d’utiliser la langue de Shakespear­e pour franchir les frontières et aller vers les autres.

« Pour moi, en tant que reggaeman, le message est très important. C’est un message d’éveil de conscience, de paix et de combat aussi, car nous, en Afrique, on a encore besoin de nous libérer. On nous a donné l’indépendan­ce la journée et ils l’ont récupérée la nuit.

« On a une obligation d’être au combat pour réparer le paradoxe de l’Afrique qui est riche, mais les Africains qui sont pauvres. Ce n’est pas normal », estime celui qui confirme retourner très souvent sur son continent.

LA FIERTÉ D’UN VILLAGE

Cette récente offre a été conçue en pleine pandémie, dans la ferme de l’artiste, non loin de Bamako.

« L’album a été bien accueilli, les gens connaissen­t déjà les textes. Voir le public chanter nos nouvelles chansons, ça fait franchemen­t plaisir », dit-il.

Quant à la plus grande fierté de sa carrière, Tiken Jah Fakoly affirme qu’elle réside dans le fait d’être rendu là où il se trouve aujourd’hui.

« Pour un artiste comme moi qui a commencé dans un petit village du nord de la Côte d’Ivoire, à 850 km de la capitale, pas de télé, pas de radio… me retrouver à Montréal, à Paris, aller jouer à Central Park aux États-Unis, au Brésil, en Uruguay et en Argentine, ce n’était pas évident. C’est ma plus grosse fierté, car je ne pensais pas que j’allais traverser les frontières.

« Dans mon village, on m’a critiqué, insulté, certains n’y croyaient pas, mais ils me voient aujourd’hui à la télé et ils sont fiers maintenant. »

■ Tiken Jah Fakoly sera en spectacle à Montréal, Sherbrooke, Saint-Casimir et Québec respective­ment les 8, 9, 10 et 11 novembre prochain. Billets : bonsound.com/ fr/spectacles/tiken-jah-fakoly

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