Le Journal de Montreal - Weekend
UNE CRISE DE NARCOLEPSIE EN VOYANT LE FILM
Dire que Kim Thúy est fébrile à deux semaines de la sortie du film est un euphémisme. L’autrice a déjà traversé des montagnes russes d’émotions depuis le début de l’aventure cinématographique de Ru, allant même jusqu’à faire une crise de narcolepsie en voyant pour la première fois la version finale du film.
« J’étais incapable de rester éveillée ! » relate-t-elle.
« Il m’arrive d’avoir ce genre de faiblesse à l’occasion. Quand c’est trop fort [émotivement], je m’endors. Pendant le visionnement, le producteur André Dupuy n’arrêtait pas de me toucher l’épaule pour me réveiller. Mais dès que je rouvrais les yeux, il y avait une autre scène qui me renvoyait dans mon sommeil. Normalement, les épisodes de narcolepsie durent seulement quelques minutes. Mais là, c’était comme ça pendant deux heures ! C’est un sommeil très étrange comme si on t’écrasait. Donc, finalement, j’ai juste vu des petits moments du film, avec une sensation de brouillard. »
Heureusement, l’autrice a eu la chance de revoir le film – qu’elle a adoré – à quelques reprises depuis, notamment à sa première mondiale, au Festival de Toronto, en septembre dernier.
« À Toronto, j’ai beaucoup écouté le public pour voir comment il réagissait à chaque scène, révèlet-elle. Je ne pensais pas que les gens allaient réagir aussi bien devant un film sous-titré en français. Et de voir les gens pleurer à la fin, c’était très émouvant. »
Kim Thúy a vécu un autre moment de grande émotion quand elle est allée visiter le plateau de tournage du film à l’hiver 2022. La reconstitution du décor de la maison de son enfance, à Saigon, l’a particulièrement remuée.
«Mêmesije savais que c’était un décor de film, mon corps cédait chaque fois que j’arrivais sur le plateau, se souvient-elle. J’avais l’impression de me retrouver dans la chaleur et l’humidité de Saigon même s’il faisait moins 20 à l’extérieur. Toutes les émotions de la petite fille que j’étais à l’époque revenaient instantanément. C’était comme dans le film Back to the Futur !»