Le Journal de Montreal - Weekend

RENCONTRES AVEC DES EXPERTS DE L’ACTION

Cinq questions à Éli Laliberté, concepteur, scénariste et coréalisat­eur de Cascadeurs

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

De sa Gaspésie où il vit, Éli Laliberté planche depuis 30 ans sur des documentai­res qui trouvent une résonnance dans les valeurs qui nous définissen­t. En 2017, il remportait un Gémeaux pour 100 jours pour

la planète. Dans Le coureur des bois et le Nutshimiu-innu (disponible sur tv5unis.ca), il suit le parcours d’un coureur des bois moderne de Sept-Îles et d’un Innu de retour sur son territoire familial ancestral.

Le 18 novembre, son film le plus personnel, Lucas, une espèce humaine

en voie de disparitio­n, sera présenté dans le cadre de Doc humanité (22 h 30 sur ICI Télé). Car Éli est papa d’un garçon atteint de trisomie 21, condition qui fait l’objet d’un dépistage menant à des interrupti­ons de grossesse. Des Lucas mettent du bonheur dans la vie, mais sont menacés de ne plus avoir le droit d’exister. Une question sensible et éthique.

En attendant, Éli a mené une série intrigante et spectacula­ire, Cascadeurs, qui nous amène dans les coulisses du métier pas banal de coordonnat­eur de cascades dont il parle avec admiration et respect.

Quel est le point de départ de cette série ?

Ma cousine, Héléna Laliberté est coordonnat­rice de cascades. Elle pratique un métier extraordin­aire qui frappe l’imaginaire. Notre famille est très fière d’elle. Elle travaille sur des gros films américains. Si la première idée qu’on se fait d’un cascadeur est un casse-cou, c’est complèteme­nt le contraire. Ce sont des profession­nels. On s’est dit pourquoi ne pas proposer une série. Jean Frenette et Jean-François Lachapelle se sont joints au projet. Ce sont des gens humbles qui ont du guts .J’aipasséuna­netdemià les suivre.

Qu’est-ce qui t’a surpris en documentan­t leur milieu ?

S’ils travaillen­t sur des grosses production­s américaine­s, les coordonnat­eurs de cascades sont aussi appelés à intervenir dès qu’il y a un peu de bousculade dans une scène. C’est nécessaire pour que personne ne se blesse et que le rendu soit crédible. Héléna fait aussi beaucoup de pubs. Une de ses expertises est la conduite, donc elle fait des pubs d’autos. C’est un métier qui demande constammen­t des mises à jour. Héléna revient d’une formation de car crash.

Il y a vraiment une transmissi­on qui se fait dans ce milieu-là. Le fait de mettre sa vie en danger rapproche les gens.

Il y a beaucoup d’archives dans la série. En quoi le métier a-t-il évolué ?

Tous les moyens techniques et technologi­ques ont fait évoluer le métier et permettent d’assurer plus de sécurité aux cascadeurs. On peut voir dans la série la famille Fournier utiliser de vieux bancs de bébé pour les protéger alors qu’à l’époque on débattait sur la pertinence du port de la ceinture de sécurité en auto. Pour la torche humaine, on n’utilise plus les mêmes combustibl­es. C’est hallucinan­t de voir le cascadeur avec son masque de silicone jouer une scène sans voir ni entendre. On a augmenté la sécurité, mais on a augmenté le réalisme aussi. Je remarque qu’ils ont tous beaucoup de reconnaiss­ance envers leurs prédécesse­urs. Jean me racontait être encore influencé par Buster Keaton.

On voit dans la série à quel point ils sont polyvalent­s.

Les coordonnat­eurs de cascades sont des gens très complets. Ce sont des experts de l’action. Ils savent où placer les caméras. Sur Dark Match, le réalisateu­r a cédé son plateau à Jean pour la scène de lutte. Ils font souvent partie du concept, peuvent même monter une cascade de 2-3 niveaux, proposer un découpage. Ils doivent aussi être capables de toujours lire leurs cascadeurs pour que l’adrénaline ne surpasse pas leurs capacités. Ce sont aussi des magiciens de l’adaptation.

As-tu eu les accès souhaités pour mener la série ?

Nous étions post-COVID, il fallait que des équipes acceptent de nous ajouter à la leur. Je suis reconnaiss­ant d’avoir eu accès à une si grande variété d’actions. Le défi était d’aller sur des production­s américaine­s. Ils étaient tous sur la nouvelle série de Schwarzene­gger (sur Netflix). Mais on a eu de beaux projets, des films, des séries, de la motion capture pour des jeux vidéo. On a pu raconter les histoires des histoires. Un simple coup de poing dans un bar raconte une histoire. Et je peux dire que dans tous les cas, le secret est dans la préparatio­n.

√ Cascadeurs

√ Mercredi 22 h sur Historia

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