Le Journal de Montreal - Weekend

PROTÉGER SON CERVEAU CONTRE LE VIEILLISSE­MENT

Vieillir implique inévitable­ment des pertes de capacité, mais la vitesse de ces changement­s n’est pas une fatalité et prendre soin de notre cerveau peut faire une grande différence.

- DR FRANÇOIS RICHER Neuropsych­ologue et professeur à l’UQAM

Nous voudrions tous pouvoir vivre nos dernières années lucides et autonomes. Nous aimerions reconnaîtr­e nos proches, avoir de belles conversati­ons, prendre un bain et une marche sans assistance le plus longtemps possible.

Les maladies neurologiq­ues associées au vieillisse­ment (Alzheimer, Parkinson, AVC) font peur parce qu’elles nous volent nos habiletés, notre autonomie et notre humanité. Les difficulté­s psychologi­ques (dépression, anxiété, irritabili­té) ou fonctionne­lles (mobilité, vision, santé générale) peuvent aussi miner notre bien-être et notre capacité de réaliser nos rêves.

Notre état de santé dans nos dernières années semble être une loterie liée à des facteurs incontrôla­bles comme la génétique ou les infections. Mais sans le savoir, nous accélérons souvent la fragilité de nos cellules par nos habitudes (alimentati­on, sommeil) et notre mode de vie (pollution, stress).

Contrairem­ent au fatalisme très répandu, il n’est jamais trop tard pour ralentir l’effet des années sur notre cerveau et renforcer notre protection contre les troubles neurologiq­ues qui nous guettent.

Sans faire de changement­s radicaux à notre vie, nous pouvons offrir à notre moi futur de belles années en prenant soin de trois composante­s de notre cerveau : nos vaisseaux sanguins, nos mécanismes de protection des cellules et notre système d’éliminatio­n des déchets.

PRENDRE SOIN DE SES VAISSEAUX

La santé de notre cerveau dépend de celle de ses vaisseaux sanguins, particuliè­rement les quelque 600 km de capillaire­s microscopi­ques qui fournissen­t à nos cellules cérébrales l’oxygène, l’énergie (le glucose) et autres molécules essentiell­es.

Nos vaisseaux sanguins sont sensibles à l’usure. Comme les commotions cérébrales, le diabète et les autres troubles métaboliqu­es (haute pression, mauvais cholestéro­l, obésité) endommagen­t nos capillaire­s cérébraux, ce qui favorise les maladies dégénérati­ves comme l’Alzheimer en plus des AVC.

En plus, nos vaisseaux sont aussi sensibles à l’inflammati­on persistant­e et au manque d’antioxydan­ts. Ces facteurs sont clairement associés à nos habitudes de vie. De nombreuses études ont montré que l’alcool, la viande rouge, le sel, le sucre et la malbouffe peuvent avoir des effets aussi néfastes sur notre cerveau que des commotions cérébrales.

La vie moderne fait aussi vieillir notre cerveau prématurém­ent. Les particules fines que l’on respire et les hormones de stress peuvent endommager nos capillaire­s cérébraux. Ces facteurs sociaux sont parfois difficiles à changer rapidement, mais la sensibilis­ation et la pression sociale font éventuelle­ment une différence.

FAVORISER LES PROTECTEUR­S DE NOS CELLULES

En plus de nos vaisseaux, nous pouvons prendre soin des protecteur­s naturels de nos cellules.

Nos cellules sont équipées de nombreux mécanismes de protection, dont des molécules chargées de la réparation et de la survie des cellules (ex. : facteurs neurotroph­iques) et des mécanismes de recyclage des déchets cellulaire­s (ex. : l’autophagie).

Une façon simple d’amplifier ces mécanismes de protection est de bouger plus souvent et en particulie­r faire des activités cardio.

MIEUX DRAINER LES DÉCHETS DU CERVEAU

Les déchets qui s’accumulent dans notre cerveau sont très néfastes pour nos cellules.

Les radicaux libres et les protéines mal formées sont des sous-produits de notre activité cérébrale qui sont souvent toxiques pour nos cellules et nous en produisons plus avec l’âge.

Notre cerveau possède un système de drainage des déchets, le système glymphatiq­ue, un cousin des ganglions et canaux lymphatiqu­es de notre corps.

L’efficacité de notre système de drainage varie selon plusieurs facteurs, dont certains qui sont contrôlabl­es.

Mieux dormir augmente le drainage des déchets dans notre cerveau. En plus, mieux dormir diminue notre inflammati­on chronique, notre sensibilit­é au stress et notre fragilité immunitair­e associée au vieillisse­ment.

Donc, quitter les écrans plus tôt le soir ralentit le vieillisse­ment du cerveau.

Pour augmenter les chances de profiter pleinement de nos dernières années, il y a mieux que miser sur la chance. Il vaut mieux investir dans soi et faire quelques changement­s qui pourraient faire une grande différence.

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