Le Journal de Montreal - Weekend

UN POÈME EST À L’ORIGINE DU COQUELICOT

- MARTIN LAVALLÉE Collaborat­ion spéciale

À l’heure actuelle, alors que des conflits militaires se déploient dans certains endroits du monde et menacent d’embraser le globe, le jour du Souvenir est l’occasion de se rappeler les atrocités de la guerre, de se questionne­r sur ses causes profondes et d’honorer la mémoire de ceux qui sont morts au combat. C’est aussi l’occasion d’arborer le coquelicot rouge, l’emblème officiel du jour du Souvenir.

Même s’il est difficile de commémorer ce genre d’événement meurtrier qu’est une guerre et surtout d’y trouver un sens, le jour du Souvenir est souligné dans plusieurs pays.

Pour l’occasion, nombreux sont ceux qui portent un coquelicot en boutonnièr­e. Voici l’histoire de ce symbole important du 11 novembre.

L’INFLUENCE D’UN POÈME

Au champ d’honneur, les coquelicot­s,

Sont parsemés de lot en lot Auprès des croix; et dans l’espace Les alouettes devenues lasses Mêlent leurs chants au sifflement Des obusiers

(...)

C’est ce poème du soldat canadien John McCrae (1872-1918) qui est à l’origine du coquelicot comme symbole du jour du Souvenir. Il a été écrit originalem­ent en anglais, en 1915, sous le titre In Flanders Fields. McCrae le rédige alors qu’il participe à la deuxième bataille d’Ypres, dans les Flandres, à titre de chirurgien.

Selon la version rapportée par l’historien Jonathan F. Vance, dans son ouvrage Mourir en héros. Mémoire et mythe de la Première Guerre mondiale, McCrae a composé ce poème en méditant sur la mort d’un ami, qui a été tué la veille par un obus. Sorti de ses songes et devant retourner à ses fonctions, McCrae a chiffonné le papier et l’a jeté par terre. Un homme l’a trouvé, ramassé puis, ému de sa lecture, l’a envoyé à des journaux anglais pour publicatio­n. C’est ce qui a donné sa popularité au poème et à son auteur.

À travers les vers de McCrae est dépeinte la dualité du monde : la beauté de la nature, incarnée notamment par le coquelicot et les alouettes, qui côtoient la mort et les horreurs de la guerre.

Une professeur­e américaine et membre du YMCA de New York, Moina Michael, serait la première personne, en novembre 1918, à porter le coquelicot pour se souvenir des soldats morts au front. Inspirée par les vers de McCrae, elle amorce un mouvement parmi ses collègues

et elle lance des campagnes de financemen­t pour les vétérans de la guerre.

Le mouvement fait peu à peu boule de neige au cours des années pour devenir le symbole officiel du premier conflit mondial dans de nombreux pays. C’est en 1921 que la petite fleur rouge est devenue officielle­ment le symbole du jour du Souvenir en Grande-Bretagne et au Canada.

COMMENT LE PORTER ?

La Légion royale canadienne, qui encadre le protocole du port du coquelicot, stipule qu’il doit être porté à gauche, au niveau du coeur, à partir du dernier vendredi d’octobre jusqu’au jour du Souvenir. Tous les 11 novembre, à Ottawa, la Tombe du Soldat inconnu est recouverte de milliers de coquelicot­s, moment solennel empreint de respect envers ceux qui ont perdu la vie au cours de ce conflit sanglant.

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 ?? ?? John McCrae, auteur du poème In Flanders Fields alors qu’il participe à la Première Guerre mondiale, est celui qui a inspiré l’utilisatio­n du coquelicot pour se souvenir des morts et des horreurs de la guerre.
John McCrae, auteur du poème In Flanders Fields alors qu’il participe à la Première Guerre mondiale, est celui qui a inspiré l’utilisatio­n du coquelicot pour se souvenir des morts et des horreurs de la guerre.

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