Le Journal de Montreal - Weekend
Une belle amitié qui dure depuis 20 ans
Il y a une vingtaine d’années, Karine Vanasse avait offert à Kim Thúy un petit carnet de notes dans lequel l’autrice allait éventuellement coucher sur le papier les premières phrases de son roman à succès Ru. Il allait donc de soi que l’actrice soit impliquée d’une manière ou d’une autre dans le film adapté du récit autobiographique de Kim Thúy.
C’est le producteur du film, André Dupuy, qui l’a appelée un jour pour lui dire qu’il avait pensé à elle pour un rôle dans l’adaptation cinématographique de Ru.
« Au départ, je n’avais pas pensé à la possibilité de jouer dans le film parce que je ne voyais pas de rôle pour moi, confie Karine Vanasse, en entrevue au Journal.
« Les personnages qu’on joue, Patrice Robitaille et moi [un couple de Québécois qui parraine la famille de la jeune héroïne vietnamienne], n’étaient pas si présents dans le livre.
« Mais j’ai connu André à l’époque où on était tous les deux des clients réguliers de Ru de Nam, le restaurant dont Kim était propriétaire il y a une vingtaine d’années. C’était mon resto de quartier préféré. J’ai probablement même déjà servi aux tables certains jours où Kim avait besoin de serveuses supplémentaires. Je trouve ça beau qu’on se soit connus tous les trois à cette époque-là et qu’on travaille sur le film ensemble aujourd’hui. »
Kim Thúy se réjouit aussi de voir ces deux amis de longue date être impliqués dans l’adaptation cinématographique de son roman.
« Karine a été un des éléments déclencheurs du début de l’écriture du roman. C’est quand même dans un carnet qu’elle m’a offert que j’ai écrit les premières pages de Ru. Tout est dans tout ! », lance l’autrice en riant.
Dans Ru, Karine Vanasse et Patrice Robitaille se glissent dans la peau de Lisette et Normand Girard, un couple de Québécois qui se propose de parrainer la famille de la jeune Tinh (Chloé Djandji), arrivée au Québec pendant la vague des boat people ,àla fin des années 1970.
« UNE LETTRE D’AMOUR »
Lisette et Normand tenteront du mieux qu’ils peuvent d’accompagner les nouveaux arrivants vietnamiens dans leur nouvelle vie, sans se douter du long et difficile périple qui les a menés jusque dans la Belle Province.
« En voyant le film, je me suis dit que ça pouvait être vu comme une lettre d’amour au Québec et à la façon dont on accueille les nouveaux arrivants », observe Karine Vanasse.
« Les Québécois, dans le film, sont parfois maladroits dans leur façon d’accueillir la famille de Tinh. Mais c’est correct. Ils veulent aller à la rencontre de l’autre. On parle beaucoup de chiffres quand il est question d’immigration, mais je trouve que cette histoire nous ramène au côté humain de tout cela. »
Karine Vanasse estime que le film Ru permettra au grand public d’aller à la rencontre de l’histoire de Kim Thúy.
« Pour avoir vu Kim dans cette aventure-là depuis le début, je sais à quel point c’est parti du coeur pour elle, souligne Karine Vanasse.
« C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les gens ont autant accroché à elle et à sa personnalité. Il y a bien des gens qui aiment la personne qu’elle est à l’écran, mais qui ne connaissent pas nécessairement son histoire parce qu’ils n’ont pas lu Ru .Je trouve ça intéressant de revenir, à ce moment-ci, sur comment son histoire a commencé au Québec. »
Le film Ru, à l’affiche depuis hier.