Le Journal de Montreal - Weekend
SE PERMETTRE DE RÉÉCRIRE L’HISTOIRE
Un film de Ridley Scott
Avec Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby et Tahar Rahim
Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby et Tahar Rahim revisitent l’histoire de Napoléon devant les caméras de Ridley Scott.
On trouvera, dès la scène d’ouverture de l’exécution de Marie-Antoinette, des similitudes avec son remarquable Le dernier duel, le traitement réservé aux femmes et la déconstruction du patriarcat étant des sujets de prédilection, parfois en filigrane, du génial cinéaste de 85 ans.
Comme Ridley Scott n’a pas peur de s’attirer les foudres des Français, le Britannique ose les nombreuses réécritures historiques, de l’exécution de Marie-Antoinette à laquelle Bonaparte (Joaquin Phoenix) n’a jamais assisté jusqu’à l’âge de Joséphine (Vanessa Kirby), qui, pourtant, était plus âgée que son illustre époux, en passant par les pyramides, contre lesquelles le futur empereur n’a jamais fait tonner ses canons ou l’âge de Joaquin Phoenix, presque le double de celui de Napoléon au moment où s’ouvre le long métrage.
Mais ce n’est pas grave. Ridley Scott n’est pas connu pour son respect de la vérité historique et l’on comprend les libertés artistiques prises par le cinéaste. Car la partie biographique de
Napoléon n’est qu’un prétexte. Celui de raconter en 157 minutes une histoire d’amour qui, au début du XIXe siècle, défiait les conventions. Celui, aussi, de filmer le général puis l’empereur sur les champs de bataille qui ont fait sa gloire – incluant les défaites –, de la prise de Toulon à la conquête de l’Égypte à celle de la Russie, l’une des scènes les plus mémorables étant celle des cavaliers anglais pris au piège des eaux glacées d’un étang.
DES BATAILLES ÉPIQUES
Car, on le sait, les combats sont la marque de commerce du réalisateur. Il suffit de se souvenir de Gladiateur, La chute du faucon noir, Le royaume des cieux, Robin des bois et tant d’autres.
Pour Ridley Scott, Napoléon s’explique par sa volonté de conquête démesurée et donc par ses batailles. De son enfance, de ses réformes de la société française ou de ses manoeuvres politiques, on ne saura donc rien, le scénario de David Scarpa (Tout l’argent du monde de Ridley Scott, mais aussi le fort mauvais Le jour où la Terre s’arrêta de 2008) ne s’attardant pas à ces détails pourtant indispensables pour comprendre celui qui se sacra lui-même empereur en 1804. Des rumeurs circulent voulant que le director’s cut (montage du réalisateur), qui, paraît-il, dure une heure de plus, pourrait être présenté sur AppleTV+ l’année prochaine. Cette heure supplémentaire ajoutera-t-elle ce qui fait si cruellement défaut ? Pas sûr. Pour cela, il nous faut retourner au Napoléon d’Abel Gance, qui, avec ses cinq heures et demie, propose une épopée sans pareille... en noir et blanc et en muet, le film datant de 1927.