Une plongée dans l’enfer conjugal

Pour son nouveau film, l’actrice et réalisatrice française Valérie Donzelli a choisi de porter à l’écran le roman L’amour et les forêts d’Éric Reinhardt qui relate la descente aux enfers d’une femme sous l’emprise d’un mari possessif et violent.

Le Journal l’a rencontrée lors de son récent passage au Festival Cinemania, à Montréal.

Comment avez-vous découvert le roman d’Éric Reinhardt ?

« J’ai lu le roman quand il est sorti [en 2014] parce que j’avais rencontré Éric quelques années plus tôt dans un festival où on était tous les deux membres du jury. À l’époque, j’étais en train de réaliser mon film Marguerite et Julien et c’était ma lecture du soir quand je rentrais dans mon petit appartement. J’ai adoré ce livre parce qu’il était très haletant, comme un thriller. Ça faisait même peur parfois. Quand j’ai fini de le lire, j’ai vu qu’il y avait vraiment un bon potentiel pour en faire un thriller psychologique. Je me suis dit que j’aimerais bien l’adapter un jour. »

Vous avez quand même changé plusieurs éléments du récit dans votre adaptation que vous avez cosignée avec Audrey Diwan ?

« Je voulais faire un film qui était raconté du point de vue de la victime alors que dans le livre c’était le point de vue de l’écrivain. On a donc remplacé le rôle de l’écrivain par le personnage de l’avocate à qui notre héroïne raconte son histoire. L’autre élément important qu’on a changé pour le film, c’est que le personnage de l’héroïne ne meurt pas. Alors que dans le livre, elle meurt. Mais moi, je voulais qu’elle s’en sorte et qu’elle réussisse à s’en sortir par elle-même. Je voulais que ça soit une fin difficile, mais positive, et qu’il y ait de la lumière à la fin. »

Aviez-vous l’actrice Virginie Efira en tête pour le rôle principal du film quand vous avez écrit le scénario ?

« Oui, j’ai vraiment écrit le film pour elle. Avant de commencer à écrire le scénario, je lui ai offert le livre pour savoir si ça l’intéressait. C’est seulement quand elle m’a confirmé que ça l’intéressait que je me suis lancée dans l’écriture. Je pense que si elle n’avait pas dit oui, je n’aurais même pas fait le film. Je l’ai tellement écrit en pensant à elle. »

Vous lui avez même donné deux rôles dans le film : celui de l’héroïne, mais aussi celui de sa soeur jumelle…

« J’avoue que c’était cassegueule de faire cela. J’avais très peur que ça ne fonctionne pas. Mais je lui ai fait confiance en me disant qu’elle ferait quelque chose de super et elle a réussi. Quand je regarde le film, j’ai vraiment l’impression de voir deux personnages différents. »

Le film L’amour et les forêts ,a pris à l’affiche dans les salles obscures, hier.

Melvil Poupaud et Virginie Efira dans L’amour et les forêts.