Le Journal de Montreal - Weekend

Redécouvre­z la tradition de la Sainte-Catherine

- MARTIN LAVALLÉE Collaborat­ion spéciale

À une certaine époque, au Québec comme ailleurs en Occident, on soulignait la fête de la Sainte-Catherine tous les 25 novembre. Une coutume toute québécoise est d’y confection­ner et de manger la célèbre tire Sainte-Catherine. Retour sur cette fête qui précède l’avent et qu’on a un peu oubliée de nos jours...

La fête de Sainte-Catherine, le 25 novembre, renvoie à une sainte des premiers siècles de la chrétienté : Catherine d’Alexandrie, qui serait morte en martyre au début du 4e siècle. Selon la légende, elle aurait accompli de nombreuses études et possédait un savoir érudit qui l’a amenée à se tourner vers Dieu et le christiani­sme. Elle aurait réfuté les arguments de nombreux philosophe­s païens et aurait été tuée par l’empereur Maxence pour son refus de l’épouser. Pour cette raison, elle est considérée par l’Église comme la patronne des jeunes filles et des philosophe­s.

LES CATHERINET­TES

Son culte est célébré en Europe depuis au moins le Moyen Âge, où sainte Catherine est devenue peu à peu la patronne des femmes en âge d’être mariées, mais qui sont toujours célibatair­es.

En France, nous rapporte un article du Réseau de diffusion des archives du Québec, les filles célibatair­es, qu’on appelait des Catherinet­tes, devaient d’abord se coiffer de statues de la sainte patronne à chaque 25 novembre. Peu à peu, la statue a été remplacée par des chapeaux aux teintes de vert et de jaune, une pratique qui a depuis été récupérée par le milieu de la mode parisien.

Au Québec, les femmes âgées de 25 ans et plus portaient des chapeaux particulie­rs pour montrer à d’éventuels prétendant­s qu’elles étaient disponible­s. Des fêtes familiales, communauta­ires et paroissial­es étaient organisées où celles qui étaient appelées des « vieilles filles » pouvaient peutêtre trouver un mari...

LA TRADITION DE LA TIRE SAINTE-CATHERINE

Pendant longtemps, au Québec, et ce, depuis l’époque de la Nouvelle-France, la Sainte-Catherine était à la tire ce que la fête des Rois était à la galette ! On confection­nait des bonbons à base de mélasse, de cassonade et de beurre qu’on étirait, d’où le nom de « tire », pour ensuite les faire durcir et les déguster. Cette friandise était appréciée par de nombreuses familles, les communauté­s religieuse­s féminines et dans plusieurs écoles du Québec avant les années 1960. La Sainte-Catherine était alors l’occasion de se sucrer le bec !

Cette tradition de la tire Sainte-Catherine est spécifique au Québec et aurait été introduite en Nouvelle-France par Marguerite Bourgeoys. Aucune trace écrite ne permet de corroborer ce fait. Toutefois, selon Stéphan Martel, directeur adjoint et responsabl­e de la recherche au Site historique Marguerite-Bourgeoys, la tradition orale au sein de la congrégati­on de Notre-Dame soutient que « Marguerite aurait “inventé” la tire afin d’attirer les enfants à l’école, tant les jeunes françaises que celles des Premières Nations. »

La fondatrice de la première école montréalai­se, dans une ancienne étable concédée par Paul de Chomedey de Maisonneuv­e, en 1658, aurait donc eu l’idée de cette friandise toute simple pour favoriser l’instructio­n des enfants. Selon M. Martel, cette version est fidèle à ce que nous connaisson­s de celle qui a fondé la

congrégati­on de Notre-Dame. Marguerite était une « femme ingénieuse, à l’esprit pratique, débrouilla­rde, sensible aux besoins de tous, qui savait s’adapter au contexte colonial, où la vie est difficile. »

Dans tous les cas, poursuit-il, « les soeurs de la congrégati­on de NotreDame ont introduit rapidement cette tradition de fabriquer la tire dans leurs écoles pour fêter sainte Catherine d’Alexandrie. » Une tradition qui s’est ensuite répandue dans tout le Québec.

 ?? PHOTO FOURNIE PAR BFMTV ?? Lors de la Sainte-Catherine, les femmes célibatair­es de 25 ans et plus se coiffaient d’un chapeau, pour montrer leur disponibil­ité à d’éventuels prétendant­s. En France, cette tradition du chapeau a été reprise par le milieu de la mode, qui fabrique des coiffes originales aux couleurs vertes et jaunes pour celles qu’on appelle des Catherinet­tes.
PHOTO FOURNIE PAR BFMTV Lors de la Sainte-Catherine, les femmes célibatair­es de 25 ans et plus se coiffaient d’un chapeau, pour montrer leur disponibil­ité à d’éventuels prétendant­s. En France, cette tradition du chapeau a été reprise par le milieu de la mode, qui fabrique des coiffes originales aux couleurs vertes et jaunes pour celles qu’on appelle des Catherinet­tes.
 ?? PHOTO AFP ?? Fêter la Sainte-Catherine a longtemps fait partie des traditions québécoise­s, où des fêtes étaient organisées pour marier les « vieilles filles » et se sucrer le bec avec de la tire Sainte-Catherine. OEuvre intitulée La Sainte-Catherine, d’Edmond-Joseph Massicotte.
PHOTO AFP Fêter la Sainte-Catherine a longtemps fait partie des traditions québécoise­s, où des fêtes étaient organisées pour marier les « vieilles filles » et se sucrer le bec avec de la tire Sainte-Catherine. OEuvre intitulée La Sainte-Catherine, d’Edmond-Joseph Massicotte.
 ?? PHOTOFOURN­IEPARSITEH­ISTORIQUEM­ARGUERITE-BOURGEOYS ?? La tradition de la tire Sainte-Catherine est spécifique­ment québécoise et aurait été implantée en Nouvelle-France par Marguerite Bourgeoys, qui aurait voulu attirer les jeunes écoliers à l’étable-école pour les instruire.
PHOTOFOURN­IEPARSITEH­ISTORIQUEM­ARGUERITE-BOURGEOYS La tradition de la tire Sainte-Catherine est spécifique­ment québécoise et aurait été implantée en Nouvelle-France par Marguerite Bourgeoys, qui aurait voulu attirer les jeunes écoliers à l’étable-école pour les instruire.
 ?? PHOTO DOMAINE PUBLIC ??
PHOTO DOMAINE PUBLIC

Newspapers in French

Newspapers from Canada