Le Journal de Montreal - Weekend
LES LETTRES DE DAVID GOUDREAULT
Invité régulier à la populaire émission Bonsoir bonsoir !, l’écrivain et poète engagé David Goudreault a réuni les textes qui ont tant touché le public et les commente de façon percutante dans un nouveau recueil, Les
lettres attachées. L’ouvrage, magnifiquement illustré et publié chez Libre Expression, rassemble les 15 lettres écrites pour l’émission, dont la populaire Lettre aux petits gars, qui a été vue plus de 344 000 fois sur les réseaux sociaux.
En commentant ces fameuses lettres, David Goudreault propose une incursion privilégiée dans son univers de créateur. Il raconte des faits, des souvenirs poignants de proches décédés, des moments forts et des anecdotes qui permettent de comprendre ses motivations profondes et ses prises de position. Un passage entre la scène et l’intime, en quelque sorte.
La lecture du recueil prend aux tripes : David Goudreault nous montre en gros plan la société dans laquelle on vit, avec ce qu’elle a de beau, et avec ce qu’elle a de moins beau. Il expose la montée de la violence et de l’intolérance. L’absence de filtres, de valeurs, de sens commun. Les problèmes dans le secteur de l’éducation, de la santé. Il dénonce la violence, la haine, et révèle ce que lui-même a vécu.
Il reste optimiste malgré tout.
« J’ai l’impression qu’il y a une prise de conscience, observe-t-il. Il y a certains discours qui étaient pleins de vertu, mais absolument creux, qui ne résonnent plus parce que le réel rattrape ceux qui ont bien voulu y croire. J’ai l’impression qu’il y a des gens qui ont envie de changement pour vrai. »
Au cours des dernières années, David Goudreault a défoncé bien des portes, pris position, révélé beaucoup de facettes de lui-même. « Je ne fais pas juste participer : je m’implique », appuie-t-il.
TROIS SAISONS DE TÉLÉ
L’écrivain précise que ce livre représente trois saisons de télé, au cours desquelles il a vécu beaucoup de choses de son côté, mais pendant lesquelles il y a eu de grands mouvements sociaux.
Même s’il y avait une grande demande pour qu’il publie ses fameuses lettres, David Goudreault avait une grande résistance à le faire.
■ David Goudreault est travailleur social, romancier, poète et parolier.
■ Son écriture caustique lui a valu plusieurs distinctions, dont la médaille de l’Assemblée nationale, la Coupe du monde de poésie, le Grand Prix littéraire Archambault et le Prix des nouvelles voix de la littérature.
■ Son premier spectacle de stand-up, Au bout de ta langue, a connu un grand succès et remporté plusieurs prix.
■ Il a publié cinq romans chez Stanké, dont la trilogie à succès La Bête, Ta mort à moi et Maple.
■ Il montera à nouveau sur scène en 2024 avec un nouveau spectacle.
■ Il est très suivi sur les réseaux sociaux.
« Moi, quand j’écris pour dire, c’est pas du tout la même chose qu’une démarche littéraire pour publier des écrits. Ça n’avait pas de sens pour moi de publier des textes écrits pour être déclamés. »
RÉACTIONS FORTES
Lorsque l’occasion de revenir sur certains textes qui ont fait beaucoup réagir « parfois de façon merveilleuse, parfois de façon pénible » s’est présentée, il s’est demandé s’il avait quelque chose à dire là-dessus, un an, deux ans plus tard. Réponse : oui.
L’idée d’agrémenter le texte d’illustrations lui a plu. « Ajouter des visages à certains textes permettait peut-être d’aller un peu dans l’intimité, sans tomber dans le format populaire ou tabloïd. Pouvoir mettre le visage de mon ami Steven, ça me parlait. Au moment où j’ai écrit le texte, il était encore vivant et espérait survivre. Entretemps, il est décédé. »
« Ce projet me permet de nommer à ma façon à moi ce que j’ai vécu, de faire prendre conscience aussi de la violence dont j’ai été la cible et surtout d’ajouter de la beauté et du sens à ces textes avec des illustrations d’Irina Pusztai. »
BIENTÔT SUR SCÈNE
Après avoir pris une pause et s’être retiré de la vie publique pendant un bout de temps, David Goudreault remontera sur les planches dès cet hiver.
Dans son nouveau spectacle intitulé En marge du texte, il s’accompagnera lui-même au piano, instrument qu’il a appris au cours de la dernière année. Geneviève Rioux assurera la première partie.