Le Journal de Montreal - Weekend
La maison des Couillard, la première résidence privée de nos ancêtres
14 juin 1617. Louis Hébert et sa famille débarquent enfin à Québec au terme d’une éprouvante traversée de plus de deux mois. Rapidement, il entreprend de se construire une maison.
À la suite du décès accidentel de Louis, en 1627, c’est à sa fille Guillemette et à son mari, Guillaume Couillard, que reviendra la responsabilité de faire fructifier le fief. Celui-ci ne cessera de se développer et les Couillard feront même doubler la superficie de leur maison en 1650.
En 1991, les vestiges de la maison Couillard ont été mis au jour au cours de fouilles archéologiques menées par la Ville de Québec dans la cour des Petits du Petit Séminaire de Québec. Les fondations formaient deux carrés distincts et adjacents d’environ 5,80 m de côté chacun.
L’un d’eux était cependant beaucoup plus ancien que l’autre. La maçonnerie en était très sommaire et l’on notait la présence d’un plancher de bois simplement posé sur le sol. Les murs, à colombages fixés par des chevilles de bois, étaient comblés de mortier mélangé à une concentration de graminées. À l’intérieur, ce blocage était couvert d’un crépi enduit d’un lait de chaux.
Dans l’ensemble, ces caractéristiques témoignent de la transposition directe d’un modèle rural européen, tout à fait inadapté à notre climat, comme on en construisait dans les premiers temps de la colonie.
L’autre carré, plus récent et mieux adapté, fut associé à l’agrandissement de 1650. Ses fondations étaient de bien meilleure facture, son plancher était surélevé pour créer un vide sanitaire et sa superstructure était construite en plein, à pièces contre pièces, c’est-à-dire des pièces de bois posées à la verticale.
DÉCOUVERTES INTRIGANTES
Au vu de la qualité des artefacts et autres restes trouvés dans la maison, la famille bénéficiait d’un niveau de vie confortable.
Parmi ces objets se trouvaient toutefois un petit poids d’apothicaire en laiton marqué de la fleur de lys ainsi qu’une graine de jusquiame noire, une plante très toxique, mais d’usage courant dans la pharmacologie de l’époque.
Intrigantes, ces découvertes ramenaient directement à l’apothicaire Louis Hébert. Si l’on ajoute à cela les caractéristiques architecturales très anciennes de la vieille portion de la maison Couillard et le fait que nous savons que Louis donna, en 1621, la moitié de son fief à sa fille, juste après s’être construit une nouvelle demeure, il pourrait s’agir là de la première maison d’Hébert.
Si tel est le cas, une partie de ces vestiges découverts dans la cour du Séminaire, déjà si anciens, seraient de surcroît les témoins de la toute première résidence privée au Canada.