Le Journal de Montreal - Weekend

COMÉDIE DE SITUATION ANIMÉE

Cinq questions à Didier Loubat, réalisateu­r de Bébéatrice

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante@quebecorme­dia.com

À 14 ans, Didier était caricaturi­ste dans le Vieux-Montréal. À 19 ans, toujours passionné par le dessin, il s’est inscrit au Collège Sheridan en Ontario, reconnu pour sa faculté en animation, art et design. Depuis, il est devenu un touche-à-tout de l’animation travaillan­t autant en design, conception de personnage­s, que sur les scénarimag­es ou la réalisatio­n. Il a travaillé sur plusieurs séries et films animés, dont Kaput et Zösky, Walter, Station X et Bob Morane. Depuis 6 ans, il donne vie aux personnage­s de Bébéatrice ,une charmante série donnant la parole à une petite fille qui a beaucoup de caractère, fortement inspirée de la dynamique familiale de Guy A. Lepage.

Est-ce que la technologi­e facilite le travail d’animation ?

On n’est plus dans le 24 images par seconde de l’époque. C’est un programme qui calcule le mouvement entre un point A et un point B. Les personnage­s sont en quelque sorte des pantins. Si PapaGuy a une main sur la hanche puis qu’il prend une tasse dans sa main, le logiciel comble le mouvement entre les deux poses. Puis on modifie le timing pour que ce ne soit pas mécanique, mais naturel. C’est un travail qui nécessite beaucoup de temps et de minutie. Entre le moment où je reçois le texte d’un sketch et le mix final, ça peut prendre 7-8 mois. Évidemment, on travaille sur plusieurs sketches en même temps à différents niveaux. Ce n’est pas parce que ça a l’air simple que c’est simple à faire !

Être réalisateu­r en animation, en quoi ça consiste exactement ?

Tout dépend du projet, mais dans mon cas, avec Bébéatrice, j’aime avoir la main à la pâte à plusieurs étapes. Quand Guy me soumet ses textes, j’en fais une première lecture puis je fais le dépouillem­ent des scripts. Si on est dans une scène de cuisine, qu’il y a un bol de céréales, une cuillère, que Mamanie arrive du gym avec une serviette sur les épaules, je dois voir tous les éléments dont j’ai besoin. C’est comme du live action. Je fais un repérage en dessinant.

Je peux avoir entre 12 et 40 éléments à dessiner pour un sketch. Je viens aussi meubler les scènes. Si on est au zoo, on doit voir des cages, des animaux en arrière de l’action. Ce n’est pas écrit, mais j’ajoute tout ce qui peut donner de la vie. S’il y a des effets, si Bébéatrice vomit, je dois designer le vomi. Tout doit être dessiné. Je travaille à l’ordinateur sur un programme et une autre personne vient nettoyer les dessins. Ensuite, je passe au découpage des scènes, à la mise en scène des gags. Je fais le scénarimag­e avec les plans larges, les gros plans, les plans moyens pour donner du rythme, pour bien amener le punch sans le voler. C’est comme pour la réalisatio­n avec des comédiens.

À quel moment viennent les voix ?

J’ai déjà les enregistre­ments quand je dessine. Ça me permet de décider de la durée des plans, d’avoir l’intonation. Mais il arrive qu’on doive reprendre des répliques pour les puncher davantage. À ce moment-là, je dois recommence­r les dessins parce que si Bébéatrice dit une ligne de façon plus agressive, les traits de son visage vont l’illustrer et si l’expression de la voix change pour être plus drôle, ça change aussi l’expression du dessin.

Comment décrirais-tu l’écriture de Guy (et de ses collaborat­eurs) ?

J’aime que Guy soit collé à l’actualité ou au mood du moment. On a un personnage transgenre par exemple. J’aime aussi qu’il y ait deux niveaux. Ça parle aux enfants, mais ça parle aux parents aussi. Mon boulot c’est d’assurer un bon équilibre. C’est réaliste et vécu. C’est du co-viewing parfait.

En six saisons, de quel sketch es-tu particuliè­rement fier ?

Bébéatrice c’est un peu comme un sitcom. On est dans le réalisme. Mais pour les chansons, je peux déborder et me permettre d’aller dans la science-fiction, l’horreur. Ce sont comme des petits vidéoclips. La chanson Pommes Pommes Pommes est un bel exemple de direction artistique, d’éléments qui n’étaient pas là au début et que j’ai eu le plaisir de développer.

√ Bébéatrice (en version 30 minutes) √ Dimanche 19 h 30 sur ICI télé √ Capsules disponible­s sur ICI Tou.tv

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