Le Journal de Montreal - Weekend
La nostalgie du temps des Fêtes
1 Les fêtes de Noël évoquent les réunions de famille, les mets que l’on cuisine pour recevoir la parenté, les cadeaux que l’on emballe ou déballe et la maison que l’on décore. Année après année, en ouvrant les boîtes d’ornements, les souvenirs de notre enfance remontent à la surface, faisant jaillir de puissantes émotions et une douce nostalgie. Ravivons cette magie en redécouvrant quelques décorations favorites des Noëls d’autrefois !
MON BEAU SAPIN
2 L’information est maintenant bien connue : l’idée de décorer un arbre pour les Fêtes provient d’Allemagne et s’est popularisée à l’ensemble des pays occidentaux à partir des années 1850. Il s’agit le plus souvent d’un sapin ou d’un autre conifère, du moment qu’il arbore un feuillage persistant sous forme de belles aiguilles vertes ! Initialement, on a recours à des arbres naturels, soigneusement choisis en forêt. En fonction de l’espace qu’il est destiné à occuper, on sélectionne un sujet plus compact ou, au contraire, aux branches majestueuses. Abattu en décembre, l’arbre est habituellement conservé jusqu’à la fête des Rois, le 6 janvier. 3 C’est après la Seconde Guerre mondiale que les arbres artificiels se répandent dans les foyers. Leur côté pratique – moins d’épines à ramasser au sol, notamment ! – assure un grand succès à ces sapins, épinettes ou pins de plastique. On en trouve aussi d’allure métallisée : l’Aluminum Specialty Company, basée dans le Wisconsin, a fabriqué plus d’un million d’arbres en aluminium entre 1959 et 1969, dont certains étaient vendus par correspondance jusqu’au Québec ! Les arbres artificiels monochromes feront ensuite leur apparition dans les années 1970.
ORNEMENTS À SUSPENDRE
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Le choix des ornements de Noël a beaucoup évolué au fil du temps. Si les premiers sapins arboraient des décorations faites à la main, comme des friandises, des biscuits et des guirlandes de papier, l’arrivée des ornements manufacturés au début du 20e siècle va marquer un tournant dans « l’art » de décorer la maison pour les Fêtes. L’offre décuple dans les décennies suivantes, comme en témoignent les catalogues de vente par correspondance des années 1940 et 1950 ! 5et6 Dans les années 1960, les cloches, figurines et ornements de plastique commencent à se diffuser, tandis que les années 1970, friandes d’artisanat, voient naître l’intérêt pour les petites décorations en bois faites à la main. Et la décennie suivante ? Eh bien, on mélange allègrement plusieurs générations d’ornements dans le même arbre de Noël, créant un style éclectique qui n’est pas dépourvu de charme ! Il faudra attendre la fin du 20e siècle pour que le sapin de Noël devienne un objet de design. C’est la période des arbres à thèmes, aux ornements d’une ou deux couleurs seulement, visant à s’harmoniser à la décoration intérieure.
QUE LA LUMIÈRE SOIT !
7 On le sait, au mois de décembre, les heures d’ensoleillement diminuent de manière drastique jusqu’au solstice, affectant l’humeur de bien des gens. Pour combattre la noirceur et illuminer les foyers à l’approche de Noël, recourir aux chandelles et aux petites lumières s’avère donc à la fois une stratégie concrète et un beau symbole ! Mais l’usage de chandelles, lampions et bougies n’est pas sans danger. Tout le monde a entendu parler de certaines histoires tragiques d’arbres de Noël ayant pris feu au contact d’une flamme… Ce qui n’empêchait pas certaines familles d’installer des belles chandelles colorées dans des bougeoirs et même directement sur les branches des sapins. 8 Avec l’avènement de l’électricité, les guirlandes lumineuses artificielles se sont rapidement popularisées dans les foyers, tant au Québec qu’ailleurs en Occident. Les couleurs sont très recherchées : les camaïeux de rouge, bleu, orange, jaune et vert auront la cote pendant une grande partie des années 1970 et 1980. Ces jeux de lumières génèrent toutefois beaucoup de chaleur. L’arrivée des DEL au tournant du millénaire (et, avec cette technologie, de la possibilité de changer les couleurs à volonté) a renouvelé le plaisir d’installer des lumières partout, dedans comme dehors !
DES GLAÇONS ARGENTÉS
9et10 Pour bien des gens nés avant les années 1980, un sapin traditionnel comporte nécessairement des glaçons métallisés. Apparus au 19e siècle, ceux-ci sont d’abord confectionnés en argent. Or, puisque l’argent tend à ternir, on se met à les fabriquer à partir de plomb, une substance qui conserve son éclat… mais qui présente le « léger inconvénient » d’être toxique. Qui plus est, puisqu’il faut placer les glaçons sur l’arbre quelques brins à la fois pour obtenir un joli résultat, leur installation représente une longue manipulation. Heureusement qu’on ne les sort qu’une fois par année ! Ces glaçons seront en usage dans les foyers québécois pendant près d’un demi-siècle. Depuis les années 1990, les glaçons sont confectionnés à partir de PVC ou de polychlorure de vinyle, inoffensifs pour la santé. Mais il faut admettre qu’ils n’ont pas l’éclat de leurs dangereux prédécesseurs faits de plomb !
VOUS AVEZ DIT « CHEVEUX D’ANGE » ?
11 Tant qu’à aborder les ornements dangereux… Vous souvenez-vous des cheveux d’ange, cette fine matière blanche et soyeuse qui créait un joli effet, surtout avec les lumières de Noël ? En l’étirant délicatement, on obtenait une masse vaporeuse produisant un effet quasi éthéré.
12 Or, jusqu’aux années 1980, les cheveux d’ange blancs qu’on trouve dans le commerce sont faits en fibre de verre et même, dans certains cas, d’amiante… On ignorait alors les dangers liés à la manipulation de cette matière à mains nues, tant pour la peau que pour la respiration ! L’auteure de ces lignes se souvient encore très bien des démangeaisons dues à l’irritation et aux microcoupures qui suivaient immanquablement l’installation de cette décoration dans le sapin et autour de la crèche !
13 Heureusement, de nos jours, les cheveux d’ange sont faits fibre de plastique ignifuge et sont inoffensifs pour la santé humaine.
IL EST NÉ, LE DIVIN ENFANT
14 Pour bien des chrétiens, la crèche est un incontournable du décor associé à Noël. Rappelant la nativité, le petit bâtiment et tous ses personnages emblématiques trônent sous le sapin. Et si on veut être parfaitement conséquent, la figurine du petit Jésus n’y est placée que le 25 décembre !
15 Mais la cohérence n’est pas toujours de mise. Après tout, la crèche est souvent flanquée d’un village où – adaptation québécoise oblige – des moutons et bergers vêtus pour le chaud climat de la Palestine et le chameau des Rois mages se retrouvent au travers des maisonnettes enneigées !
16 Un article préparé par Catherine Ferland, historienne, pour les Rendez-vous d’histoire de Québec. Découvrez ou redécouvrez gratuitement la centaine de conférences en histoire, en patrimoine et en archéologie sur la chaîne YouTube des Rendez-vous d’histoire de Québec.
Pour plus d’informations, visitez le site rvhqc.com.