Le Journal de Montreal - Weekend

AMOUR ET CHOLÉRA À SAINT-CÉSAIRE EN 1832

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Intrigué par un moulin qui se dresse toujours sur le terrain d’un citoyen de Saint-Césaire, son village, l’écrivain Richard Gougeon s’est intéressé de près à l’histoire de ce bâtiment et ses alentours. Découvrant beaucoup d’informatio­ns intéressan­tes sur l’histoire régionale, il les a ensuite brillammen­t distillées pour créer un nouveau roman se déroulant au début des années 1800 : Les amants du moulin fleuri. Histoire, grave épidémie de peste bleue, amours contrariée­s, recherche scientifiq­ue et grands bouleverse­ments sociaux sont au menu.

À Saint-Césaire en 1832, Antoine, étudiant en médecine, n’a d’yeux que pour Angélique, la fille du meunier. Tandis que le choléra, surnommé « la peste bleue », se propage dans les alentours et sème la panique, le jeune homme se dévoue pour soigner les victimes.

Dans le laboratoir­e de son oncle, Antoine cherche un moyen d’éradiquer la maladie. Pendant ce temps, la belle Angélique se sent délaissée au moulin. Elle repousse sans cesse les avances d’Ignace, réputé pour être un voleur de moutons, mais ne dit pas non à celles d’un bel Irlandais, Patrick Dunnagan.

AU DÉBUT DU 19e SIÈCLE

Richard Gougeon, passionné d’histoire et de belles histoires, s’est laissé porter par l’ambiance du 19e siècle à Saint-Césaire et par toutes les informatio­ns étonnantes trouvées pendant sa recherche documentai­re pour imaginer l’histoire d’Angélique et Antoine.

« C’est relié aux recherches que j’avais faites pour L’auberge des Quatre Lieux, mon précédent roman, qui parle aussi de Saint-Césaire. On était en 1837. Là, on recule de cinq ans : on est en 1832 », explique-t-il, en entrevue.

« Je me suis documenté sur les Patriotes et je suis tombé sur un épisode de choléra, où il y avait eu des décès. Beaucoup de gens avaient été touchés à Saint-Césaire, sans nécessaire­ment mourir de la maladie. J’avais vu qu’un étudiant en médecine avait été touché. J’avais gardé ça en mémoire pour y revenir à un moment donné. Je ne sais pas si c’est sous l’impulsion de la pandémie de COVID, mais ça a ressuscité cette idée. Je suis plongé complèteme­nt dans cette histoire. »

UNE HISTOIRE D’AMOUR

Il voulait aussi créer une belle histoire d’amour.

« Je ne voulais pas juste parler de choléra et de maladie, de décès et de funéraille­s. J’ai imaginé une histoire d’amour un peu particuliè­re », ajoutet-il.

À Saint-Césaire, dans le rang de la Barbue, se trouve le moulin des Quatre Lieux, qui a appartenu jusqu’à récemment à un comédien bien connu qui a fait carrière aux États-Unis dans les années 80-90, Jean Leclerc. D’autres personnes en sont aujourd’hui propriétai­res.

« Je voulais situer mon action à cet endroit, d’autant que c’est le rang où ma conjointe Martine a vécu dans son enfance. Dans sa jeunesse, son père allait faire moudre du grain au moulin. »

LA FILLE DU MEUNIER

Richard Gougeon a donc imaginé que la fille du meunier, fréquentée par l’étudiant en médecine, était convoitée par deux autres hommes : un voleur de moutons notoire et un Irlandais qu’on soupçonne d’être porteur de la peste bleue.

« Il y a aussi d’autres personnage­s réels, dont le curé, auquel j’accorde pas mal d’importance. Dans les documents de la Société d’histoire, il est mentionné que ce curé se plaignait à l’évêque que certains de ses paroissien­s ne payaient pas leur dîme et il n’avait pas suffisamme­nt d’argent pour voir à ses affaires », explique-t-il.

« Quand il a réalisé que le choléra était arrivé dans sa paroisse, et que c’était sérieux, il s’est mis à faire des soirées de prière, des neuvaines et à distribuer des images de saint Roch, qui était le patron des pestiférés. »

■ Richard Gougeon est l’auteur des séries à succès L’épicerie Sansoucy et Le bonheur des autres.

■ Il habite à Saint-Césaire.

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