Le Journal de Montreal - Weekend
Une tradition culturelle
Chaque année, depuis 1964, un rituel du temps des Fêtes pour de nombreux Québécois est d’assister au ballet Casse-Noisette des Grands Ballets Canadiens sur les planches de la salle Wilfrid-Pelletier, à la Place des Arts.
Ce conte fantastique, où les costumes colorés habillent des danseurs majestueux qui défilent sur une musique envoûtante, fait désormais partie de notre imaginaire et de la féérie de Noël. Voici comment ce ballet mythique est devenu un incontournable au Québec…
LES RACINES DU CONTE CASSE-NOISETTE
Issu d’un conte allemand d’Ernst T. A. Hoffmann intitulé Casse-Noisette et le roi des souris et adapté ensuite par Alexandre Dumas père, le ballet Casse-Noisette a été présenté pour la première fois en Russie, en 1892, dans un théâtre de Saint-Pétersbourg. Depuis cette date, il a fait le tour du monde et est devenu un classique de Noël dans de nombreux pays. La célèbre musique a été composée par Tchaïkovski, et plusieurs chorégraphes de renoms, tels que George Balanchine ou Maurice Béjart, se sont approprié l’oeuvre au fil des années pour livrer leur propre version.
Ce ballet raconte en gros l’histoire de la petite Clara (Marie dans la version d’Hoffmann) qui, le soir de Noël, reçoit en cadeau un petit soldat de bois (un casse-noisette). Pendant la nuit, alors que tout le monde dort, Clara va retrouver son casse-noisette dans le salon et s’endort à ses côtés, sans savoir encore que sa nuit sera tout sauf ordinaire ! Pendant son sommeil, son soldat de bois s’anime et devient un prince charmant combattant le roi des souris. Après sa victoire, il amène Clara avec lui dans un royaume enchanté où des personnages fantastiques et des danseurs se succèdent.
Cette histoire répond au besoin de merveilleux des humains en même temps d’incarner le combat séculaire du bien contre le mal – le tout dans une ambiance chaleureuse et hivernale de Noël. C’est sans doute ce qui explique le succès de ce ballet année après année.
FERNAND NAULT ET « MADAME » CHIRIAEFF
Au Québec, Casse-Noisette aété présenté pour la première fois grâce au concours de deux personnes qui ont profondément marqué les débuts de la danse classique chez nous : Ludmilla Chiriaeff (1924-1996) et Fernand Nault (1920-2006).
D’origine lettonne, Ludmilla Chiriaeff est la fondatrice des Ballets Chiriaeff, qui deviendront en 1957 les Grands Ballets Canadiens. Au début des années 1960, celle qu’on appelait respectueusement « Madame » dans le milieu de la danse était à la recherche d’un chorégraphe local pour monter des ballets, populariser et contribuer à faire vivre sa jeune compagnie de danseurs professionnels.
Elle trouva son candidat idéal en la personne de Fernand Nault, un personnage d’ailleurs dont la vie mériterait d’être retracée dans une biographie ! Ce dernier, né à Montréal dans le Faubourg à m’lasse, était un grand danseur et chorégraphe qui oeuvrait au début des années 1960 pour l’American Ballet Theatre, à New York.
À la demande de Chiriaeff, il revint à Montréal pour chorégraphier le ballet Casse-Noisette, en 1964. Ce fut le début d’une grande aventure entre Fernand Nault et les Grands Ballets Canadiens. Nault a chorégraphié par la suite plusieurs ballets pour la compagnie et a contribué à l’institutionnalisation de la danse au Québec.
Depuis ce moment fondateur, Casse-Noisette est présenté chaque année à la Place des Arts, et participe à nourrir l’imaginaire et à égayer le temps des Fêtes de milliers de jeunes et moins jeunes…