Le Journal de Montreal - Weekend
UNE COMPÉTITION CULINAIRE À UN RYTHME EFFRÉNÉ
Cinq questions à Marie-Ève Gariépy, productrice de MasterChef Québec
Marie-Ève Gariépy aime la variété que lui procure son métier. Plus jeune, elle voulait tout faire. Et elle est bien servie. Elle a travaillé sur des séries criminelles, dont L’appartement 5 et C’est arrivé près de chez vous, sur des documentaires sensibles comme Père 100 enfants ou plus poignants comme Face aux monstres.
Récemment, elle a produit Paul dans tous ses états. Et la voici dans un projet haletant qui relève du divertissement et qui connaît un rayonnement international, MasterChef, dont l’édition québécoise est très alléchante si on se fie aux premières images.
MasterChef est un format connu internationalement. Vous le présentez dans un rendez-vous quotidien. Que deviez-vous respecter du format et où aviez-vous de la latitude ?
Nous devions respecter les éléments de la bible surtout au niveau visuel pour bien représenter la marque : infographie, musique, rythme de montage, dimensions du studio et du décor. Et l’enchaînement des étapes, la boîte mystère, l’élimination. Les défis relevaient de notre équipe de création au contenu et notre équipe artistique pour correspondre à notre identité. Il existe plusieurs formules à travers le monde : en hebdo une heure, en quotidienne une heure, en émission spéciale deux heures. Le format quotidien de 22 minutes (30 minutes en ondes) n’a jamais inquiété Banijay (détenteur du format). D’autres l’ont fait. On a beaucoup plus de matériel que ce qu’on peut montrer à l’écran.
En quoi allons-nous nous retrouver dans le contenu ?
C’est important que notre version de MasterChef représente notre identité. Il y a une représentativité du territoire chez les candidats qui viennent de partout au Québec. Dans certains défis, on va reconnaître des aliments exotiques, mais nous sommes dans des terrains connus. On a un défi avec des produits boréaux. Il y a quelques années, certains se souviendront que c’était difficile de trouver des avocats alors qu’aujourd’hui, tout est accessible. Les gens expérimentent et partagent les saveurs et les cultures. On va voir des inspirations marocaines, africaines… Nos cuisiniers sont dans l’ouverture d’esprit.
Avec des concours comme La voix, on sait que nous sommes un terreau fertile pour les bons chanteurs. Qu’en est-il des bons cuisiniers ?
C’est une belle surprise. Il y a eu un intérêt monstre pour les inscriptions. Des gens passionnés, de talent. Plus de 4000 personnes se sont inscrites. On voyait qu’elles voulaient nous impressionner avec ce qu’on devait goûter. On a de vrais fans de l’émission qui ont travaillé fort pour être là.
Martin [Picard] et Stefano [Faita] se connaissent bien. Ont-ils été coachés pour avoir ce ton à la fois sévère et pédagogue, ajouter de l’humour et mettre de la pression ?
Ils connaissaient déjà bien MasterChef et ils ont fait leurs devoirs. La sauce a pogné ! Ils sont là pour agir à titre de mentors. Ils donnent des commentaires justes et s’assurent que les erreurs soient corrigées. Tout ça dans le respect et le souci de l’amélioration. On veut que les candidats évoluent. Ce n’est pas rien, être couronné du grand prix de MasterChef pour un cuisinier amateur.
À quoi ressemble une journée de tournage afin de réaliser un show aussi rythmé ?
On travaille à peu près 12 heures. Il yades meetings par départements : l’équipe cuisine, la direction artistique, la réalisation et la technique. On tourne avec chacun des candidats. Tous ceux qui sont toujours dans la course sont présents dans tous les épisodes de la semaine et doivent se soumettre aux défis à moins d’avoir remporté un privilège. On a trois ou quatre défis par semaine et c’est important de suivre leur évolution. En cuisine, on ne contrôle pas toujours tout ! On tourne les défis, les entrevues avec les candidats, les commentaires des juges. On a des invités aussi. Les shows sont toujours très rythmés au montage. On veut sentir l’intensité, l’émotion que les juges vont vivre avec les candidats. Les éliminations sont de plus en plus déchirantes. Le rythme est soutenu pour montrer l’effervescence en cuisine. On ne s’ennuie pas. Et on s’attache aux gens. On les voit déçus, rire, en pleurs. Ce n’est pas facile de faire juger son plat.
MasterChef Québec
√ Lundi au jeudi 19 h 30 à TVA