Le Journal de Montreal - Weekend
L’HISTOIRE D’UN VECTEUR ÉCONOMIQUE QUI AUTREFOIS N’ÉTAIT QU’UNE SIMPLE ROUTE DE CAMPAGNE
En 1758, la rue SainteCatherine était une petite route de campagne dans le faubourg Saint-Laurent, alors le plus peuplé de Montréal. Ce faubourg comptait 1100 habitants en 1781, et il y en avait déjà 7500 en 1825 – c’est-à-dire un tiers de la ville au complet.
Au fil des années, cette route deviendra une vraie rue, constituée de plusieurs tronçons qui furent successivement reliés. Traversant des terres agricoles, chaque rallongement devait se faire en accord avec les propriétaires de ces terres.
Initialement appelée SainteGeneviève, le nom Sainte-Catherine est officiellement choisi au début des années 1800. Le nom ferait référence à Catherine Élizabeth, l’une des belles-filles de Jacques Viger, premier maire de Montréal.
En 1820, des propriétaires terriens demandent que la rue Sainte-Catherine soit ouverte à l’est de la rue Saint-Denis, car ce secteur de la ville commençait à se développer de manière considérable.
Les francophones y étaient déjà plus nombreux que les anglophones, qui s’installaient à l’ouest de Saint-Laurent.
LE DÉCLIN
L’âge d’or de la rue SainteCatherine s’achève dès la fin des années 1960. C’est alors le début d’une période de déclin, qui se traduira par des fermetures de magasins, de bureaux et de manufactures, victimes de la désindustrialisation au profit des pays en voie de développement. L’apparition de centres commerciaux porte aussi un dur coup aux magasins du centre-ville.
La population chute. De grandes entreprises déménagent leurs sièges sociaux, ce qui entraîne des pertes d’emplois. S’ensuit une période de chômage élevé, aggravé par les récessions de 1981-1982 et 1990-1992. Toutes ces crises dévastent la rue Sainte-Catherine.
UNE VOCATION COMMERCIALE
Au fil du temps, les commerces de la rue Sainte-Catherine sont de plus en plus prisés par la nouvelle bourgeoisie francophone qui délaisse le Vieux-Montréal pour s’installer dans les rues Saint-Hubert et Saint-Denis, entre les squares Viger et Saint-Louis.
Pendant la première moitié du XXe siècle, c’est le centreville de Montréal au complet qui migre du Vieux-Montréal vers son emplacement actuel. Des cabinets d’avocats, des notaires, des ingénieurs, des architectes, des comptables, entre autres, s’installent sur Sainte-Catherine ou les rues avoisinantes, dans des immeubles de bureaux tout neufs.
LE RÈGNE DES BOÎTES DE NUIT
La vie nocturne sur la rue Sainte-Catherine a connu un véritable âge d’or de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1960. Lors de cette période, qui coïncide avec une ère faste pour Montréal, les habitants de la métropole y accourent pour souper dans ses restaurants, assister à des vaudevilles, des concerts, sans oublier les effeuilleuses.
La réputation de ville de fête dont jouit Montréal ne date donc pas d’hier. La ville a bénéficié de la prohibition américaine des années 1920.
UN NOUVEAU DÉPART
Au début du XXIe siècle, une nouvelle dynamique cherche à contrer cette décadence. La situation économique se redresse. Des emplois se développent dans les technologies de pointe et Montréal se taille une réputation internationale de ville ingénieuse et créative, autant dans l’informatique, les jeux vidéo, que le design.
La rue SainteCatherine profite de cette résurgence. De nouveaux magasins ouvrent leurs portes, parfois même sous terre. Le centre-ville recommence à vibrer, nourri par la montée du tourisme et encouragé par les nombreux festivals et la vie culturelle.