Le Journal de Montreal - Weekend

ABORDER LA MORT ET CÉLÉBRER LA VIE

- SARAH-ÉMILIE NAULT Le Journal de Montréal

Lorsqu’arrive la fin de la vie, ce qui reste, au fond, c’est la somme des moments passés avec les êtres aimés : voilà le constat qu’a fait l’auteur-compositeu­r-interprète Alexandre Poulin, qui est parvenu à magnifier la mort récente de son cher papa dans un 6e album doux, tendre et lumineux. À paraître le 19 janvier.

« La somme des êtres aimés n’est pas un album triste », assure Alexandre Poulin, qui a sorti son premier disque éponyme en 2008.

« C’est un album pour célébrer la vie. Il n’y a que la première et la dernière chanson qui parlent de la mort de mon père ; entre les deux, il y a des histoires de personnes rencontrée­s dans la vie. Je voulais de la légèreté dans les arrangemen­ts et que ce soit festif », confie le chanteur de 46 ans, originaire de Sherbrooke.

LE BONHEUR QUI FASCINE

Fasciné par le bonheur depuis qu’il est enfant, l’artiste y a toujours trouvé un terreau fertile de création. À la suite de la lecture d’une étude sur le sujet, le constat était clair chez les personnes sondées à la fin de leur vie : ce sont les souvenirs avec les gens aimés qui restent lorsque tout autour s’efface.

Très proche de son père qui s’est battu « comme un guerrier » pendant 9 mois contre un cancer virulent, la pandémie aura eu cela de bon qu’il aura pu passer du temps de qualité avec lui avant son départ. Les semaines avant celle-ci furent truffées de visites de proches venus saluer leur ami une dernière fois.

« Mon père a demandé l’aide médicale à mourir, mais il est décédé d’une dose d’amour mortelle. C’était fou de voir les gens défiler dans sa chambre. J’ai bien vu qu’à la fin, il reste l’amour, donné et reçu. On lui a fait un gros câlin, il était tellement beau et en paix. Je me suis dit : voilà, je l’ai, ma Somme des êtres aimés », dit le père d’Émilou, 9 ans, avec émotion.

UNE GRANDE FAIM D’ÉCRIRE

Loverdose a été la première pièce pondue pour ce nouvel opus. Car le non catégoriqu­e à l’idée d’aborder cette grande perte paternelle sur disque s’est transformé en « grande faim » d’écrire. La chanson Dire adieu raconte aussi départ de son père – de qui il a hérité l’amour de la musique – et boucle l’album de manière douce et lumineuse.

Entre ces deux pièces-baumes, les textes touchent des sujets légers (Jolie Françoise parle de la première fois que le coeur s’emballe, Le ciel où je me terre, de la possibilit­é d’un coup de foudre) et plus sérieux (Les jours heureux, de notre façon d’idéaliser l’amour, La fin du love ,dela fin possible d’un amour, Les bras comme une maison, d’une peine d’amitié et Coeur vacant, d’une amie d’enfance qu’il aurait aimé pouvoir sauver).

Reconnu pour ses écrits raffinés, Alexandre Poulin s’est également amusé à s’imposer certaines contrainte­s de création. Mauvais sang aborde la chute de quelqu’un, jusqu’à la dépression. Lue (et chantée) de la fin au début, la chanson se métamorpho­se en une oeuvre porteuse d’espoir.

« J’ai eu envie d’en faire un jeu littéraire. Je trouve beau que l’état change avec l’angle ; comme quoi il suffit parfois de regarder les choses sous un autre angle pour que cela aille mieux. Cela devient lumineux, en modifiant son point de vue. C’est d’ailleurs une pierre d’assise de l’album », explique l’ancien professeur de français au secondaire.

Avec Le grand calcul ,il chante l’état du monde et tout ce qui fait que nous sommes humains, à travers les questionne­ments philosophi­ques du dernier homme qui prendra (ou pas) la décision d’aller sauver le monde.

« L’homme qui est toujours dans sa tête devrait être plus dans son coeur », souffle l’artiste sensible et comblé qui a déjà deux années de tournée et une centaine de spectacles à son agenda.

■ L’album La somme des êtres aimés d’Alexandre Poulin sera lancé le 19 janvier.

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ALEXANDRE POULIN
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