Le Journal de Montreal - Weekend
SE TROUVE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE À QUÉBEC UN TRÉSOR LIÉ À NAPOLÉON BONAPARTE
LES TRÉSORS DE NOTRE PASSÉ Napoléon Bonaparte est sans contredit un des personnages historiques les plus célèbres.
Et à cet égard, le plus récent film qui lui est consacré soulève bien des passions chez les amoureux de ce général et empereur de France ! Mais saviez-vous que la bibliothèque de l’Assemblée nationale, à Québec, possède un exemplaire original d’un de ses plus grands legs à l’histoire ?
Avant d’arriver à être l’un des hommes les plus puissants d’Europe,
Napoléon Bonaparte a été avant tout un général.
L’EXPÉDITION D’ÉGYPTE
Au début de sa carrière militaire, il a entre autres combattu des révoltes à Paris après la Révolution et commandé l’armée française en Italie, où il a notamment affronté les forces autrichiennes.
À cette époque, une de ses expéditions marquantes reste toutefois celle d’Égypte en 1798-1801. Napoléon cherche alors à s’opposer à l’expansion de l’Empire britannique en Orient et tente ainsi de lui bloquer l’accès aux voies commerciales avec l’Inde.
Mais l’arrivée de ses troupes en Égypte est aussi le départ d’une redécouverte de la riche histoire de l’Égypte des pharaons, qui se dévoile au gré des vestiges que Napoléon et ses troupes voient sur leur passage et qui sont gravés de hiéroglyphes que personne ne peut encore comprendre.
C’est néanmoins pendant cette expédition que la célèbre pierre de Rosette est découverte. Elle permettra plus tard à Jean-François Champollion de déchiffrer le secret des hiéroglyphes.
Napoléon met en effet en parallèle un autre type d’expédition dans ce pays, scientifique cette fois. Dessinateurs, botanistes, ingénieurs et savants de diverses disciplines accompagnent les armées afin de documenter le voyage et cette contrée encore relativement peu connue en Europe.
NAISSANCE DE L’ÉGYPTOLOGIE
Napoléon fonde aussi, le 22 août 1798, l’Institut d’Égypte, qui existe toujours. Son objectif est de rassembler toute la documentation accumulée par les scientifiques qui accompagnent l’expédition et de publier les découvertes et les recherches dans des journaux gérés par l’institut. Ces publications fascinent rapidement le public européen, qui est émerveillé par la décoration et la magnificence de certains monuments de l’Égypte ancienne.
Alors que les scientifiques étudient l’histoire antique du pays et commencent à en faire une science, l’égyptologie, la fascination populaire pour l’art égyptien donne, quant à elle, naissance à une véritable... égyptomanie !
On veut des objets de décoration qui ressemblent à ceux des publications de l’Institut et aux objets rapportés au Musée du Louvre après l’expédition. Même des bâtiments en France ou en Belgique vont se doter de demi-colonnes ou de rebords de fenêtres avec des styles qui rappellent l’Égypte pharaonique.
LA DESCRIPTION DE L’ÉGYPTE
L’Institut d’Égypte est surtout chargé de publier les planches de dessins des temples, des tombeaux, des inscriptions, des plantes et des insectes observés et étudiés sur le territoire de l’Égypte.
Le résultat s’intitule La Description de l’Égypte et demeure une source documentaire importante encore de nos jours, puisqu’elle est rédigée sous une forme d’encyclopédie. Qui dit encyclopédie dit par ailleurs plusieurs volumes et La Description de l’Égypte a été publiée de 1809 à 1821, en 9 tomes de textes et de 12 tomes de planches de dessins et de gravures. C’est ce qu’on appelle l’édition impériale, et la bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec la possède au complet!
La collection a commencé à être acquise à partir de 1823, alors que la bibliothèque était celle du Bas-Canada.
Les tomes sont dans un remarquable état de conservation et il y en a généralement un en vitrine dans la bibliothèque pour que les visiteurs puissent y jeter un coup d’oeil.
Un petit mystère plane d’ailleurs autour de la conservation intégrale de cette collection... comment a-t-elle pu survivre aux déménagements et aux trois incendies subis par la collection de cette bibliothèque ? Une des hypothèses est que la valeur de ces ouvrages a peut-être fait en sorte qu’ils n’ont pas toujours été conservés dans les bâtiments mêmes de la bibliothèque... question de bien les protéger.