Le Journal de Montreal - Weekend
UNE ANNÉE PROMETTEUSE POUR LE CINÉMA QUÉBÉCOIS
Malmené par la pandémie, notre cinéma a retrouvé son erre d’aller en 2023 grâce à une performance qualifiée « d’exceptionnelle » au box-office. Or, en misant sur de nouveaux films aussi prometteurs que 1995, Nos bellessoeurs et Mlle Bottine, le milieu du cinéma québécois espère pouvoir continuer à surfer sur cette belle vague en 2024.
« C’est une année importante, parce qu’on va voir si on est capables de continuer avec le même élan et de profiter de cet engouement qu’on sent en ce moment de la part du public », analyse Patrick Roy, président de la boîte Immina Films, qui distribuera notamment 1995, le très attendu 4e film de la série autobiographique de Ricardo Trogi.
Fondé en 2022 par l’ancien dirigeant des Films Séville, Immina Films a distribué plusieurs des grands succès québécois de 2023 (Le temps d’un été, Les hommes de ma mère, Simple comme Sylvain, Ru). Outre 1995, attendu sur nos écrans à la fin juillet, Immina Films lancera en novembre le film familial Mlle Bottine, une relecture du célèbre Conte pour tous Bach et Bottine.
« On a de bonnes attentes pour ces films-là, avance Patrick Roy en rappelant que le volet précédent de la série de Trogi, 1991, avait récolté près de 3 M$ aux guichets à l’été 2018.
« La sortie de 1995 va nous permettre d’évaluer l’état du marché, à savoir si on est encore capable de faire du 2,5 M$ ou 3 M$ avec un film québécois. Je crois que ça va être un test intéressant pour notre cinématographie. »
UNE ANNÉE MILLIONNAIRE
Dans son bilan annuel publié plus tôt cette semaine, l’agence Cinéac a qualifié 2023 d’année « exceptionnelle » pour le cinéma québécois au box-office. Selon les chiffres compilés par l’agence, les films québécois ont récolté 16 625 828 $ au box-office en 2023, soit une augmentation de 87 % par rapport aux recettes de 2022 (8 911 769 $).
Aussi, pour la première fois depuis 2011, pas moins de six films québécois ont réussi à franchir le cap symbolique du million de dollars au box-office, soit Le temps d’un été, Testament, Les hommes de ma mère, Katak, le brave Béluga, Ru et Simple comme Sylvain.
Grâce à ces succès, la part de marché du cinéma québécois est passée de 7,3 % en 2022 à 10,2 % en 2023.
« Il y a différentes façons d’augmenter une part de marché, rappelle Patrick Roy. On aurait pu avoir un film qui fait 6 millions $ à lui seul. Mais c’est encore plus le fun quand plusieurs films québécois font des box-offices intéressants, comme ç’a été le cas en 2023. »
INCERTITUDE POUR 2025
Si le cinéma québécois devait bien se porter en 2024, une incertitude demeure pour les années à venir. Une centaine d’artisans ont tiré la sonnette d’alarme en décembre dernier en publiant une lettre ouverte dans laquelle ils demandaient au gouvernement libéral fédéral de respecter sa promesse de bonifier de façon permanente le budget de Téléfilm Canada de 50 millions $ annuellement.
« Si la ministre [Pascale St-Onge] n’annonce pas très rapidement que le budget de Téléfilm est maintenu, ça pourrait avoir des conséquences importantes [sur la production cinématographique québécoise] à partir de 2025, s’inquiète Patrick Roy.
« Il pourrait y avoir moins de films en production cette année et on risque de perdre tout cet élan qu’on a gagné en 2023. On ne demande pas d’augmenter le budget. On demande simplement de le maintenir, comme ce qui avait été promis. »