Le Journal de Montreal - Weekend

« C’EST UNE ÉMISSION QUI FAIT DU BIEN »

Cinq questions à Sébastien Gagné, réalisateu­r de L’aréna

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

C’est comme monteur que Sébastien Gagné a fait son baptême dans l’humour, à l’époque de Lib.tv, une plateforme qui lui a permis de plonger rapidement dans la réalisatio­n de plusieurs séries web. Des projets qui l’ont mené vers la télé, puis au cinéma, sur des plateaux où le plaisir est de mise. On lui doit la réalisatio­n du conte pour tous Coco ferme ,de Nuit blanche, de Lâcher prise et de La candidate. L’aréna nous entraîne dans ce lieu où se côtoient des personnage­s colorés auxquels on peut facilement s’identifier.

Est-ce que faire une émission à sketches représente les mêmes défis qu’une fiction linéaire ?

Pour moi, c’est un retour aux sources. J’ai fait beaucoup de web. J’ai été monteur pour Taxi-22 et ça a été mon école pour faire de la comédie. Pour le jeu aussi. J’ai dû faire 300-400 sketches dans ce contexte-là. Faire une émission à sketches permet une liberté créatrice. Quand je travaille sur une fiction, les journées sont plus lourdes. Entre les tournages, je révise la continuité. Il y a beaucoup de choses à penser. En sketch, la continuité n’a pas de répercussi­ons. On peut bonifier l’humour, permettre un peu d’improvisat­ion.

Est-ce que le fait d’avoir été monteur t’aide dans la rythmique de la comédie ?

La comédie, c’est moins noble que le drame, mais c’est beaucoup plus dur à faire. L’humour repose sur le rythme. Faut que l’autre te réponde. Ça ne s’enseigne pas. Pour moi, Lâcher prise reste une mise en scène dramatique. Ensuite, je fais bouger la caméra, je rajoute une couche de cinéma. Et je garde toujours en tête le montage. Avec L’aréna ,onest dans des sketches plus classiques. On travaille avec des acteurs qui sont vraiment des « formule 1 ». Ils ont tous le bon ton pour l’humour. Certains d’entre eux sont humoristes. Avec eux, le défi est de moins projeter, de jouer plus petit, pour avoir un ton uniforme.

Tu sembles fidèle à tes acteurs. Les textes ont-ils été écrits en les ayant en tête ?

L’écriture et le casting se sont faits en parallèle. Presque tout le monde a passé une audition. C’est vraiment un travail d’équipe avec le producteur et le diffuseur. Catherine (Chabot) et Valérie (Tellos), je venais de faire La candidate avec elles. Dans L’aréna, elles forment un couple. La première fois qu’elles se sont embrassées, ça aurait pu être weird (Valérie joue l’employée de Catherine dans La candidate), mais ça passe super bien. Marc Beaupré, c’est notre Al Pacino. Je rêvais de travailler avec lui. Phil Roy est arrivé très préparé à l’audition. Il veut jouer. Il nous a tous surpris. Benoît Brière, j’ai fait Coco ferme avec lui. C’est notre Robin Williams. Il est très habile sur une large palette. Avec Sophie (Cadieux) et Éric (Paulhus), j’ai fait Lâcher prise .Ilsonteudu­funà proposer des affaires pour leurs personnage­s. Ça devenait absurde. Ce sont deux olympiens du jeu. Tout est écrit. On a une équipe solide aux textes. Mais ça arrive très souvent que les acteurs improvisen­t en fin de prise, et qu’on en garde au montage.

Tout se passe dans un aréna, mais on ne voit à peu près pas de patins. C’était voulu ?

Si on est chanceux et qu’on a une deuxième saison, j’espère qu’il y en aura plus. Phil et Marc sont bons. Éric est pourri en patin (rires). Va falloir quelques cours. Mais ça prend du temps de tourner sur la glace. Il faut chorégraph­ier des scènes. On a eu la chance de tourner dans de vrais lieux, au Colisée de Laval, qui est un lieu plein d’histoire. Il y a une richesse visuelle, de l’ambiance. C’est tout un casse-tête de tourner dans un aréna l’automne. On faisait les sketches dans l’estrade pendant que le junior 3A pratiquait. C’est tough de jouer, et au son, il faut bien travailler parce qu’on n’a pas de prise intacte.

Pourquoi allons-nous nous attacher à L’aréna ?

C’est une émission qui fait du bien. Suivre une série demande de l’oreille, de l’attention, un engagement. Je suis personnell­ement à l’ère « taxi » de ma vie avec 4 enfants de 8 à 16 ans. C’est plus facile de regarder un film que 12 épisodes d’une série lourde. L’aréna, c’est pas grave si tu plies du linge en même temps. C’est aussi une bonne émission de co-viewing. C’est difficile de trouver une émission qui rallie les deux extrémités du spectre familial. Il y a différents niveaux et types d’humour. Et parce que ce sont des lieux communs. Les gens vont s’y retrouver. C’était important pour nous que ça résonne vrai.

L’aréna, mercredi 19 h 30 à Noovo

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Sophie Cadieux et Éric Paulhus dans une scène de L’aréna.
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