Le Journal de Montreal - Weekend

En 1910, le tiers des voitures étaient électrique­s aux États-Unis

La voiture électrique n’est pas apparue au 21e siècle, non. Il y a près de 200 ans (1830), l’écossais Robert Anderson a réussi à intégrer à une calèche un système de propulsion électrique.

- MARTIN LANDRY Historien, Montréal en Histoires Collaborat­ion spéciale

Aux États-Unis en 1834, Thomas Davenport a conçu un véhicule électrique, qui ressemblai­t drôlement à une locomotive. L’auto électrique avait le vent dans les voiles en ce milieu du 19e siècle, tellement qu’en 1852 un premier modèle de voiture électrique a été commercial­isé. Il faut dire que le moteur à explosion (thermique) n’avait pas encore été inventé (1861).

LA FAMEUSE BATTERIE

Aujourd’hui encore, l’enjeu numéro un pour la fiabilité de ces véhicules, c’est la batterie. On doit une fière chandelle au physicien français Gaston Planté pour son invention, en 1859, de la première batterie rechargeab­le au plomb, puis à Camille Faure quand il y apporte les améliorati­ons nécessaire­s dès 1881 pour permettre la fabricatio­n industriel­le de batteries au plomb. Il semble bien à ce moment-là que tous les morceaux techniques soient en place pour que l’industrie de l’automobile électrique prenne véritablem­ent son envol.

La première exposition internatio­nale sur l’énergie électrique a eu lieu à Paris au palais de l’Industrie, sur les Champs-Élysées en 1881. Lors de ce grand rendez-vous des technologi­es électrique­s, on présente entre autres la voiture électrique de Gustave Trouvé.

En 1894, le Français Louis Antoine Kriéger remplace les chevaux qui tirent son fiacre Victoria par un dispositif de traction électrique avec des batteries. Son véhicule a une autonomie de 30 km. Le succès arrive enfin !

La voiture électrique est achetée par des particulie­rs, mais aussi par des entreprise­s, par exemple des propriétai­res de flottes de taxis en zone urbaine. Ces automobile­s zigzaguent dans les rues des villes le jour et la nuit, on recharge leur immense batterie dans des stations spécialisé­es.

DES VOITURES SANS CHEVAUX

À la fin du 19e siècle, on propose principale­ment trois modes de propulsion aux clients, soit le moteur à essence, le moteur à vapeur et le moteur électrique.

Chaque mode procure ses avantages et ses inconvénie­nts. Dans les garages et leurs petites usines de France, de Grande-Bretagne, mais aussi des ÉtatsUnis des milliers d’ingénieurs testent leurs prototypes pour trouver la voiture idéale.

En 1899, une de ces voitures électrique­s attire l’attention, elle appartient à un certain Camille Jenatzy qui l’a baptisée la « Jamais contente ». Elle roule à 100 km/h. Du jamais vu !

Cette même année, l’homme d’affaires montréalai­s Ucal-Henri Dandurand achète et se fait livrer la première voiture de la ville, une Waltham à vapeur.

Elle vient avec un mécanicien, qui doit lui offrir une formation de deux mois pour qu’il apprenne à manier le bolide à travers les obstacles urbains et surtout les chevaux, qui sont encore en cette fin de siècle le principal moyen de transport de la ville. Imaginez l’étonnement des Montréalai­s, le 21 novembre, quand Ucal-Henri Dandurand déambule dans les rues de Montréal accompagné du maire de Montréal Raymond Préfontain­e.

La Waltham à vapeur possède six réservoirs d’eau qui lui permettent une autonomie d’environ 150 kilomètres.

Dandurand a la capacité de propulser sa Waltham à vapeur à 40 km/h, mais on raconte qu’il dépasse rarement 7 km/h.

Cependant, après trois mois d’utilisatio­n, elle tombe en panne et est retournée à son constructe­ur américain.

L’automobile devient une passion pour Ucal-Henri Dandurand, qui s’en rachète une deuxième, électrique cette fois. Malheureus­ement, cette voiture non plus ne servira pas longtemps.

NOS VOISINS AMÉRICAINS

En fouillant sommaireme­nt dans les statistiqu­es, on constate qu’en 1900, sur les 4192 automobile­s fabriquées aux États-Unis, 1575 sont des véhicules électrique­s, 936 sont à essence et 1681 à vapeur.

Durant la première décennie du

20e siècle, les véhicules électrique­s représente­nt le tiers du marché automobile américain.

Saviez-vous qu’à cette époque, Thomas Edison (oui, oui encore lui !) a inventé une voiture électrique ?

Elle avançait deux fois plus rapidement que les autres véhicules plus convention­nels.

Elle était dotée d’une nouvelle batterie qui se rechargeai­t deux fois plus vite puisqu’elle avait la particular­ité d’être faite de nickel-fer au lieu de plomb.

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Deux voitures électrique­s des Postes parisienne­s, 1904.
PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE D’HISTOIRE DE MONTRÉAL, FOND DANDURAND PHOTO FOURNIE PAR COLLECTION JULES BEAU Waltham à vapeur, appartenan­t à Ucal-Henri Dandurand, avec en remorque un tricycle pour faire des promenades en famille. Deux voitures électrique­s des Postes parisienne­s, 1904.
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Kriéger, pionnier de la voiture électrique (1868).
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