Le Journal de Montreal - Weekend
LE PARCOURS D’UNE FEMME QUI RÉINVENTE SA VIE
Après avoir subi un grave traumatisme à New York dans les années 1970, lors d’un acte terroriste, une petite fille de six ans déménage et change de nom. À l’âge adulte, elle vit une deuxième tragédie qui la pousse à fuir de nouveau. Cette fois, elle trouve refuge dans un hôtel délabré d’un petit pays d’Amérique centrale. Envers et contre tout, au coeur d’une nature généreuse et de gens accueillants, elle se reconstruit petit à petit. Peutêtre aura-t-elle droit à une troisième chance. Joyce Maynard raconte cette histoire fascinante dans son nouveau roman, L’hôtel des Oiseaux.
Écrivaine virtuose, Joyce Maynard partage avec passion cette histoire remplie de surprises. Elle présente une femme qui ne se laisse pas démolir par les aléas du destin et qui, malgré les embûches, décide de survivre.
L’histoire de la petite Joan débute en 1970 lorsqu’une bombe artisanale explose dans un sous-sol, à New York.
Parmi les apprentis terroristes qui n’ont pas survécu se trouve la mère de Joan. Sa grand-mère, qui souhaite à tout prix lui offrir une vie paisible, déménage avec elle loin du drame et lui fait même changer de prénom. Joan s’appellera désormais Amelia.
UNE DEUXIÈME TRAGÉDIE
Des années plus tard, Amelia devient épouse, mère, et artiste de talent. Une deuxième tragédie la frappe et, n’y tenant plus, elle décide de déménager encore une fois pour refaire sa vie.
Elle aboutit dans un petit village d’Amérique centrale, loin des villes, loin de la cohue. La propriétaire de l’hôtel où elle habite, Leila, l’apaise par sa gentillesse et sa joie de vivre. Amelia s’investit dans la rénovation de l’établissement.
Au fil des jours, elle croise des hommes et des femmes qui, comme elle, cherchent la rédemption après avoir vécu des épreuves terribles.
Sa nouvelle vie effacera-t-elle les traumatismes du passé ?
PENDANT LA PANDÉMIE
Joyce Maynard s’est en partie inspirée de sa propre expérience au coeur des forêts luxuriantes du Guatemala pour écrire son nouveau roman.
« L’histoire de ce roman est très particulière, et bien différente de celle de mes autres romans, explique-t-elle. Pendant plus de 20 ans, j’ai accueilli les participantes d’une retraite littéraire annuelle dans ma résidence du Guatemala, au cours de laquelle les femmes écrivaient leurs mémoires. Même si la plupart de mes livres sont des fictions, j’ai vraiment à coeur d’aider les femmes à écrire leur histoire. »
Sa maison se trouve sur les rives du lac Atitlán.
« J’y suis allée en mars 2020. Vous savez ce que cela veut dire… et à ma grande surprise, huit participantes ont
été capables de se rendre. Nous avons eu un atelier très inhabituel alors que le monde entier était en train de se désorganiser. L’aéroport était fermé. Le gouvernement américain a fini par envoyer un avion pour rapatrier ses ressortissants, mais j’ai décidé de rester. »
« J’ai invité les deux plus jeunes femmes du groupe, qui avaient toutes les deux 32 ans, à rester elles aussi. L’une venait du Royaume-Uni et l’autre était une Canadienne née en Chine. Nous avions chacune un projet sur lequel travailler. Nous travaillions toute la journée et ensuite, nous nous retrouvions autour d’un bon souper. Je leur lisais un chapitre de mon manuscrit. »
DÉDIÉ À DEUX JEUNES FEMMES
« C’était merveilleux. Nous étions heureuses. Puis, un jour, mon manuscrit a été terminé. J’en ai donc commencé un nouveau : L’hôtel des Oiseaux. Je l’ai vraiment écrit pour elles, pour qu’elles aient un chapitre chaque soir. Il y a une centaine de chapitres parce que nous sommes restées là pendant six mois. Par choix. »
Joyce Maynard ajoute que le livre est dédié à ces jeunes femmes et reflète l’endroit extraordinaire où elle se trouvait.
« C’est un livre qui a été écrit au Guatemala. Je ne le nomme pas dans le livre. C’est un pays inventé. Mais j’étais entourée de fleurs, d’oiseaux, d’un volcan. Un endroit réellement magique. Je pense d’ailleurs écrire une suite, qui se passera aussi au Guatemala. »
■ Joyce Maynard est collaboratrice de multiples journaux, magazines et émissions de radio.
■ Elle est l’autrice de plusieurs romans : Long week-end, Les Filles de l’ouragan, L’homme de la montagne, Où vivaient les gens heureux (Grand Prix de la littérature américaine 2021).
■ Elle a aussi publié l’autobiographie Et devant moi, le monde.
■ Elle est mère de trois enfants et partage sa vie entre la Californie et le Guatemala.
■ Elle a appris le français spécialement pour être capable de communiquer avec ses lecteurs francophones.