Le Journal de Montreal - Weekend
L’IMPORTANCE DE BOUGER POUR LE PLAISIR
Fondatrice de l’entreprise montréalaise Le Mouvement HappyFitness et coanimatrice du balado L’état du jeu,
Chloé Rochette souhaite contribuer à bâtir une société mobile et vivante en faisant évoluer tout le discours entourant le bien-être. Dans son nouveau livre, Tout le monde aime
danser, elle plaide pour l’importance de bouger... à condition que cela se fasse en toute liberté, et dans le plaisir plutôt que dans la contrainte.
Chloé Rochette invite les gens à prendre soin d’eux... dans le bonheur. Pour elle, mieux vaut utiliser l’entraînement pour jouer, se rassembler, mettre des instants de joie dans ses journées. Bouger devrait être un geste libérateur et bienveillant plutôt qu’une contrainte de plus à ajouter dans un agenda. Adieu, la positivité toxique ou le self-care tyrannique !
Dans cet essai, qui compte aussi des témoignages qui font réfléchir, elle pointe du doigt l’industrie du fitness qui met l’accent sur la performance et la rigueur et propose des idéaux difficilement atteignables. Pour elle, l’entraînement ressemble davantage à un jeu où le processus est plus important que le résultat.
« J’ai eu une enfance très privilégiée. J’ai eu la chance d’essayer plein d’activités sportives, donc de développer une confiance en moi, d’essayer plein de sports. Pour moi, bouger, c’est quelque chose de simple. C’est quelque chose que j’ai envie de faire, au quotidien. Finalement, j’en ai fait ma carrière », explique Chloé Rochette en entrevue.
« Plus tard, dans ma vie, j’ai réalisé que c’était vraiment un privilège que j’avais eu et que ce n’était vraiment pas le cas de tout le monde. Beaucoup de femmes et de filles avaient eu des expériences plutôt traumatisantes avec le mouvement, ou avaient une relation un peu compliquée. »
LA PRESSION
Elle a constaté que la pression apparaissait vite.
« Ça commence tôt, le moment où on intègre le message que pour être une bonne personne, il faut s’entraîner, il faut contrôler son poids. En ce sens, le mouvement devient plutôt un outil de contrôle auquel il faut se soumettre pour être une bonne personne. »
S’entraîner devient donc quelque chose qu’on fait pour obtenir une acceptation sociale, plutôt qu’une activité qu’on fait pour le fun.
PRENDRE EXEMPLE SUR LES ENFANTS
« Quand je regarde des enfants qui jouent dans une cour de récré, je trouve ça fou de les voir : ils sautent partout, ils courent, ils grimpent », dit Chloé. « Quand on leur dit que c’est fini, ils ne veulent pas rentrer : ils veulent continuer à bouger. C’est tellement sain. C’est naturel. C’est juste dans le plaisir. »
Elle s’est demandé ce qui pouvait bien se passer entre l’enfance et l’âge adulte.
« Chaque année, il faut reprendre la résolution de se remettre à bouger. C’est compliqué. Pis on ne sait pas où aller. Pis on ne sait pas quoi faire. Pis on ne sait pas quand est-ce qu’on va faire ça. Pis on n’a pas le temps. Pourtant, bouger, c’est aussi essentiel et inné à l’être humain que s’alimenter. »
DANS LA SIMPLICITÉ
Comment peut-on retrouver une certaine simplicité dans cette action fondamentale – bouger notre corps – tous les jours ? C’était sa grande question.
« C’est important que les gens comprennent qu’il n’y a rien de bien ou de mal. Je ne veux pas tomber dans l’absolutisme. Si vous aimez ça vous entraîner avec une montre, il n’y a pas de problème ! » dit-elle.
La première étape, c’est de se questionner sur notre relation au mouvement, suggère Chloé.
« Est-ce que dans ma vie, le mouvement, c’est quelque chose qui me fait du bien, pour me défouler, pour m’amuser, pour passer du temps avec mes amis ? Tout mouvement se vaut. Chacun peut trouver sa façon de bouger. Tout est valable. Si on intègre ça, ça va nous faire du bien ! »