Le Journal de Montreal - Weekend
« ON ÉTAIT VRAIMENT DES SEX- SYMBOLS »
Ils étaient des idoles qui semaient l’hystérie partout où ils allaient. Au début des années 1990, le Québec vivait la BBmania. Le coeur des femmes ne battait que pour Patrick Bourgeois, François Jean et Alain Lapointe. Les BB, c’était gros.
Gros comment ?
« Ils étaient comme les Beatles », affirme Nick Carbone, le directeur de la maison de disques Isba, qui endisquait les chansons des BB.
« C’était la folie », relate le réalisateur de plusieurs de leurs vidéoclips, Alain DesRochers.
« Quand ils sortaient d’une place, les gardes du corps étaient en mission. Peu importe ce qui arrive, on fonce dans le tas, un peu comme c’est arrivé avec les Backstreet Boys ou Duran Duran », donne en exemple Mike Gauthier, qui les a connus comme animateur de radio et VJ à Musique Plus.
« LE CHEVALIER IMAGINAIRE »
En entrevue avec Le Journal, Alain Lapointe, seul survivant du célèbre trio, raconte des histoires ahurissantes sur la popularité des BB. Attachez votre tuque, ça décoiffe. « Nous faisions des apparitions dans des centres d’achats pour signer des albums, se souvient le multi-instrumentiste du groupe. Il y avait tellement de monde. Les filles voulaient nous couper les cheveux avec des ciseaux. C’était rendu qu’il y avait les pompiers, la police et des gens de sécurité qui nous protégeaient. Des petites filles tombaient sans connaissance. Quand on partait, nous avions toujours un circuit de sécurité qui évitait les gens. »
« À Saint-Damase, poursuit-il, environ 2000 personnes vivaient là. Quand nous sommes allés donner un spectacle, il y avait 15 000 personnes. »
Avec leurs cheveux longs typiques de l’époque et leurs sourires ravageurs, les trois BB faisaient rêver les Québécoises.
« Pat avait un charisme de fou. Il était le chevalier imaginaire de toutes les femmes », image Alain Lapointe.
« Les trois ensemble, on avait une estie de chimie », poursuit-il, le ton nostalgique. « On était vraiment des
sex-symbols .»
PROPOSITIONS INDÉCENTES
Du fantasme à la réalité, il y a un pas que plusieurs admiratrices ont tout fait pour franchir. Dans les poches et les poches de lettres que le groupe recevait chaque semaine (rappel pour les moins de 30 ans, il n’y avait pas d’internet ni de réseaux sociaux pour communiquer avec ses idoles dans le temps), les propositions étaient parfois indécentes et le contenu… explicite.
Alain Lapointe, encore ébahi trois décennies plus tard : « Écoute… il y avait des photos. Les filles étaient toutes nues. Avec des invitations, des numéros de téléphone et tout ce que tu voudras. Elles étaient déchaînées. C’était fou. »
Après les concerts, lors des séances d’autographes, elles étaient tout aussi insistantes. « Elles nous donnaient une lettre, avec aussi une photo nue, et ça disait : “Ce ne sera que pour une fois, pour un soir” », raconte-t-il, en se souvenant de fêtes rock and roll dans les hôtels, « comme dans les films ».